La Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Son Excellence Kamissa CAMARA, a fait le buzz ce vendredi sur les réseaux sociaux avec sa robe afro-chic (subtils mélanges de tissus africains et de textiles Occidentaux (soie, dentelle etc.) dans le but de créer des tenues contemporaines adaptées à toutes circonstances) dénommée ‘’Leydii’’ signée Raki Thiam, une jeune styliste malienne, de grand talent.
Présentée par la créatrice, qui habille la jet set de la culture malienne (Salif KEITA, Cheick SISSOKO…), comme le reflet de l’amour qu’elle porte à notre patrie dont la diversité est la plus grande des richesses, la ministre l’a fièrement arboré pour accueillir vendredi plusieurs diplomates dont certains de pays musulmans.
Jusqu’ici, aucun problème, le Mali étant un pays laïc en lequel encore les hommes et les femmes sont libres de leurs choix vestimentaires.
Autant la ‘’barbe ne fait pas le philosophe’’, ‘’l’habit, dit-on, ne fait pas le moine’’.
Toutefois, en faisant l’économie de l’origine de l’expression suivant laquelle pour réussir à s’emparer par la ruse de la forteresse bâtie sur le rocher monégasque, François Grimaldi et ses compagnons d’armes se sont déguisés en moines franciscains, ne faudrait-il pas simplement y voir une certaine ironie. Histoire de dire que l’habit fait bien le moine. Parce que l’habit dit un statut social comme, dans le cas du moine.
Le grand styliste français et créateur de mode, Yves Saint-Laurent le confirme : « s’ailler est un mode vie ». Parce que l’habillement se laissait croire le poète et peintre d’origine belge d’expression française naturalisé français, Henri Michaux « est une conception de soi que l’on donne de soi ». D’où la volée de bois vert de plusieurs internautes qui ont estimé, à juste raison, que notre Chef de la diplomatie en fait trop.
Au risque d’incommoder ses fans de la « légion étrangère », la coquetterie et la galanterie sont une chose, servir la nation avec efficacité, dévouement et don de soi en est une autre.
Comme le disait Balzac, ‘’le beau, c’est le vrai bien habillé’’ et Confucius ‘’une image vaut mille mots’’. Quelle image notre chef de la diplomatie donne-t-elle si ce n’est celle d’une ‘’Top-Model’’ qui pose pour un magazine ?
Mais sa robe n’a rien à voir avec son travail et sa compétence, tentera d’avancer la meute à la rescousse d’une chef de diplomatie qui ne fait pas dans la diplomatie vestimentaire, surtout un vendredi.
Pour notre sympathie confessée, rappelons simplement pour toutes fins utiles que nous ne sommes que l’image que nous donnons de nous-mêmes : alors mieux vaut y regarder par deux fois avant de choisir son image. Parce que l’image, c’est connu, a une force que la parole n’a pas forcément. N’est-ce pas pourquoi, l’image de Kamissa est abusivement utilisée, peut-être innocemment. Mais ce n’est pas sans conséquence.
Pour cette même sympathie confessée, disons aussi que l’image de la mascotte du Gouvernement, jeune et compétente, pourrait se solder à terme par retour de manivelle. Comme le conseille le proverbe : ‘’mange à ton goût et habille-toi au goût des autres’’. Alors un peu de retenue dans la tenue.
Effet, Kamissa est jeune, Kamissa est belle, Kamissa est brillante… Kamissa par-ci, Kamissa par-là, sont loin d’être le meilleur service qu’on rend à cette dame de laquelle la nation attend encore des résultats concrets et tangibles. Au cours de tous les défis et de toutes les attentes légitimes, elle a mieux à faire que s’habiller comme un mannequin.
Enfin ce n’est pas en acceptant qu’on la présente sous une image qui n’est pas loin de refléter la réalité, à savoir le symbole de la jeunesse malienne, que Mme Kamissa CAMARA se fera adouber par l’opinion malienne. Oui, elle est belle, oui, elle est brillante, oui elle est compétente (c’est pourquoi elle a été nommée ministre des Affaires étrangères). Mais, non, elle n’est pas et elle ne peut être le symbole de cette jeunesse malienne désœuvrée, démotivée et désespérée, dont l’ambition n’est sûrement pas de s’habiller chez les stylistes, mais simplement d’étudier et d’avoir un travail.
Non, elle ne peut incarner les aspirations de cette jeunesse malienne qui crie quotidiennement ses attentes. Au sein du Gouvernement certains de ses collègues peuvent prétendre à cette légitimité (Boubou CISSE, Arouna M. TOURE, Amadou KOITA, Yaya SANGARE, Thierno DIALLO…), mais pas elle.
Par Bertin DAKOUO
Info-matin