Avant d’atteindre la destination indiquée dans la lettre d’autorisation adressée à la mairie de la CIII du district de Bamako, les policiers ont obligé, ce mercredi 11 mars 2020, les enseignants à interrompre leur marche, au niveau du Monument de l’indépendance. Dès lors, une incompréhension s’installe entre forces de l’ordre et marcheurs qui dégénère rapidement en affrontement.
L’usage de la force disproportionnée par les forces de sécurité contre les enseignants a été dénoncée par des partis politiques et organisations de la société civile qualifiée d’abus de pouvoir de la part des premiers.
La journée du mercredi a été très agitée à Bamako suite à la dispersion de la marche des enseignants. L’incompréhension entre les marcheurs et les forces de l’ordre, selon nos investigations, tire sa source sur la destination finale de la marche. Les forces de l’ordre ont empêché les enseignants d’atteindre leur destination finale qui était le Monument de la Paix et non celui de l’indépendance. Elles ont utilisé des gaz lacrymogène et matraque contre les manifestants.
En tout cas, dans la lettre des syndicats enseignants adressée à Mme le maire de la commune III du district de Bamako, on ne peut plus claire.
« Madame, dans le cadre de l’exécution de notre programme d’activités visant à faire respecter l’article 39 de la loi N° 007 du 16 janvier 2018, nous organisons une marche pacifique, le mercredi 11 mars, à partir de 8 heures. C’est à ce titre que nous venons par la présente vous informer de l’itinéraire de la marche qui va de la Place de la liberté au Monument de la paix en passant par le rond-point Niuma Bellea et la Place de l’indépendance », précise la lettre dont nous sommes procurés une copie.
L’objet et l’itinéraire de la marche étaient précisés dans la lettre d’information, les autorités devraient soit exprimer leur désapprobation face à l’itinéraire choisi ou à défaut prendre des dispositions sécuritaires nécessaires pour éviter toute conséquence fâcheuse. Malheureusement, au lieu de prévenir un tel désastre, les forces de sécurité chargées d’encadrer la marche ont vite fait recours à la force pour créer le désordre.
Cette répression de la marche pacifique des enseignants devient à la fois un abus de pouvoir et un recul démocratique comme dénoncé par plusieurs paris politiques et organisations de la société civile de la place. Un abus de pouvoir qui éloignera certainement davantage les points de vue entre les autorités et les enseignants.
En tout cas, la répression violente de la manifestation pacifique est de nature à agrandir le fossé entre les autorités et les manifestants qui revendiquent un droit reconnu légitime par les plus hautes autorités.
Plusieurs communiqués et déclarations ont condamné cette stratégie adoptée par les autorités. Le parti Yèlèma, dans son communiqué, a déclaré que ‘’le droit de marcher fait partie des libertés reconnues par la Déclaration universelle des droits de l’homme et est garanti par notre Constitution. Sa répression constitue de ce fait une négation de droits acquis chèrement par les Maliens’’. Le parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara interpelle le gouvernement à garantir et de protéger les libertés individuelles et de prendre ses responsabilités pour résoudre durablement le conflit l’opposant aux enseignants afin d’éviter à notre pays des troubles sociaux aux conséquences imprévisibles.
Pour sa part, le parti du chef de file de l’opposition, l’URD, déplore ‘’le silence inexplicable du Président Ibrahim Boubacar Keïta face à la situation dramatique de l’école et l’invite à sortir de son mutisme pour trouver une solution définitive au problème des enseignants et éviter ainsi une autre année blanche’’.
Seront-ils entendus ? En tout cas, il y va de la quiétude sociale tant nécessaire pour un pays qui traverse une crise multidimensionnelle, depuis plusieurs années.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN