Le Gouvernement de la République du Mali a fabriqué un monstre : l’article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécialisée qui stipule : ‘’toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale’’.
Ce monstre vorace, torturé par ses crampes d’estomac, affiche un aheurtement biscornu à dévorer le Gouvernement, pour non-respect de ses engagements érigé en ‘’clé de voûte de sa politique’’, et les élèves, victimes collatérales de l’incompétence et du cynisme de l’un et de l’âpreté au grain des autres. Les enfants sont piégés par l’indigence du pouvoir et les réticences radicales des éducateurs.
Désormais, une étape supplémentaire a été franchie avec le déclenchement d’une hostilité ouverte. La charge policière des enseignants, à Bamako, avec un affligeant spectacle d’un combat de la rue ; mais également le chantage ouvert et les violences physiques signalées çà et là, exercés les enseignants volontaires, prouvent que dans la gestion de la crise scolaire, les protagonistes, condamnés à des contorsions ridicules, s’enferment dans un cycle irrationnel. À ce stade, l’argumentation cède le pas à l’intimidation. Les intérêts sont privilégiés sur les valeurs. La course folle à la parfaite probité ? Basta ! L’on est tombé dans le registre ordurier. Jusqu’à quand cette tyrannie abusera-t-elle des Maliens ?
La tournure que prennent les événements n’est qu’à l’aune de la déchéance intellectuelle et morale dans laquelle les acteurs de la crise sombrent. L’expression d’une colère, elle est devenue celle d’une haine. Qu’on se le dise dans les yeux, cette spirale négative projette la facette la plus exécrable de ce Mali des grands empires, de ce Mali des lumières où affluait le monde entier à la recherche de connaissance. Qui n’a pas entendu parler de Djenné, de Tombouctou ?
Blague et mauvaise rime à part, ce grand Mali incapable de proposer des réponses socialement et politiquement ajustées au plus près des revendications des enseignants (même si elles coûtent 54 milliards), ce Mali des dérives syndicales aussi organisées qu’inquiétantes, est tombé très bas. En même temps que l’escalade atteint son point culminant, le génie malien se noie dans un catabolisme outrant.
PAR BERTIN DAKOUO
INFO-MATIN