A la crise sécuritaire qui sévit au Nord et au Centre de notre pays, s’est greffée une crise sociopolitique qui plonge davantage le pays dans le gouffre. Après plusieurs négociations à l’interne, sans grand succès, la CEDEAO se mobilise pour apporter sa contribution. Mais qu’on ne se leurre pas, une solution venant de la CEDEAO ne sera pas une panacée. La solution durable viendra des acteurs maliens qui doivent faire des concessions pour une sortie de crise définitive.
Dans la logique de mettre de l’avant le dialogue pour aboutir à une sortie de crise, des rencontres ont été organisées à l’interne pour rapprocher les positions des différents protagonistes. Toutes les sensibilités se sont mobilisées pour apporter leurs contributions pour une rapide sortie de crise. Mais hélas, le bout du tunnel n’est pas encore atteint.
La CEDEAO n’est pas restée en marge. Une mission conduite par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, a séjourné dans notre pays la semaine dernière. Les propositions de solutions qui ont sanctionné les différentes rencontres ont été rejetées par le M5-RFP.
Toujours dans la logique de privilégier le dialogue, cinq chefs d’Etat des pays de la CEDEAO se sont déplacés à Bamako, hier jeudi 23 juillet. L’objectif recherché est d’amener le régime IBK et les contestataires à regarder dans la même direction. Il faut saluer les efforts de la CEDEAO sont à saluer. Mais il faut reconnaître que les solutions proposées par l’organisation sous régionale ne sont que des pistes à explorer. La CEDEAO peut faire bouger les lignes en aboutissant à des concessions de part et d’autre.
Mais, les solutions de la CEDEAO ne pourront guère être une panacée à la résolution de cette crise. Il appartiendra alors aux Maliens de trouver la solution durable à travers un dialogue franc.
Mais au lieu de converger vers une solution malienne, les protagonistes se livrent en spectacle.
Au moment où les chefs d’État de la CEDEAO étaient dans nos murs, les pros et les anti-IBK ont mobilisé leurs militants à travers la ville de Bamako. Les Bamakois et les hôtes du jour ont assisté à des scènes de désolation et d’humiliation qui ne reflètent pas l’image d’un pays frappé par une crise socio politique.
Au lieu d’observer une trêve dans leurs divergences, les soutiens du régime et les jeunes du M5-RFP ont encore semé la pagaille dans la ville. La présence de ces médiateurs de haut niveau de la CEDEAO au Mali ne devrait pas être saisie comme le moment privilégié d’exprimer son soutien ou son désaccord avec régime.
En tout cas, au moment où le pays brûle avec l’incapacité des forces vives de trouver une solution à l’interne, il est déplorable que l’on applaudisse le régime. Comme pour dire aux hôtes du jour que la crise sociologique actuelle est loin d’être le souci de certains Maliens.
Le comble de la désolation a été l’affrontement entre les deux camps. Selon des sources, des coups de feu ont été tirés et soldés par des blessures. Quelle honte pour notre pays qui était cité comme exemple dans la sous-région.
Le Mali a assez tergiversé dans la résolution de cette crise. Il est temps que les protagonistes songent à la souffrance des populations et faire des concessions pour une sortie définitive et rapide de la crise.
PAR MODIBO KONE
Source : INFO-MATIN