Dans le discours du Président de la République, dans la nuit du 10 au 11 avril 2020, des mesures sociales ont été annoncées pour renforcer la résilience des chefs de famille face à la crise sanitaire imposée par le COVID-19. Parmi ces mesures préconisées, figure en bonne place la prise en charge pour les mois d’avril et de mai 2020, des factures d’électricité et d’eau des catégories relevant des tranches dites sociales, c’est-à-dire les plus démunies. Mais à la fin de ce mois d’avril déjà, les factures pleuvent. Que s’est-il passé ?
Plus deux semaines après cette annonce fracassante du Chef de l’État, nombreux sont les abonnés qui attendent encore les impacts sur le règlement de leurs factures d’eau et d’électricité. À quand l’application de la tranche sociale sur les factures des abonnés d’EDM-Sa ?
Cette question mérite son pesant d’or face au décalage, voire le retard, constaté par les abonnés d’EDM dans l’application des mesures sociales annoncées par le Chef de l’État dans le cadre de la lutte contre le COVID-19.
Officiellement, les mesures concernent les consommations des mois d’avril et de mai. L’objectif étant de soulager les chefs de famille de leurs charges pendant cette période de crise sanitaire où les Maliens sont appelés à respecter les mesures barrières contre la propagation du Coronavirus.
Si la mesure a été jugée salutaire, force est de constater que le timing de sa mise en œuvre risque de faire grincer des dents. Car dans la pratique, le consommateur paye la facture du mois précédent à la fin du mois en cours. D’ailleurs, tous ceux qui viennent d’avoir leurs factures ces derniers jours se rendront compte qu’il s’agit de la consommation du mois de mars et non d’avril.
De ce fait, la prise en charge annoncée pour le mois d’avril ne se fera sentir qu’au mois de mai. Pour le mois de mai prochain, les mesures seront appliquées sur les factures qui seront présentées aux abonnées au moi juin. Au demeurant, l’application de la mesure tombe sur une période qui n’a forcément pas de lien direct avec la période indiquée officiellement. Pourtant, la volonté du chef de l’État est de voler au secours des ménages dans le besoin pendant cette période d’applications des mesures.
À ce rythme, cette mesure risque d’être un leurre pour les ménages qui sont obligés de faire normalement face à leurs obligations contractuelles avec la société EDM pendant cette période de COVID-19.
Du coup, s’il arrive que la pandémie, comme nous le souhaitons, soit maitrisée au bout de deux mois, l’application de ces mesures sera complètement en décalage avec la réalité de la période de crise visée. Comme pour donner raison à l’autre qui disait ceci à la suite de l’annonce faite par le Chef de l’État : « Je sais tout de même qu’il est difficile, voire imaginable, qu’on puisse appliquer les mesures sociales annoncées dans un pays où la corruption est devenue un système de gouvernance et la médiocrité un critère de promotion ».
Par ailleurs, quid des autres mesures sociales annoncées ?
On se rappelle que dans la même adresse, IBK a annoncé l’exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée les factures d’électricité et d’eau, de tous les consommateurs, pour les mois d’avril, mai et juin 2020. De même, le Fonds de Garantie du Secteur Privé sera doté d’un montant de 20 milliards de FCFA destiné à garantir les besoins de financement des PME/PMI, des Systèmes Financiers Décentralisés, des industries et de certaines grandes entreprises affectées par la pandémie.
Le constat qui se dégage est que depuis les campagnes présidentielles de 2013, le peuple malien se contente toujours des slogans de guerrier et des promesses de paradis pour peu ou pas du tout d’actes.
Par Abdoulaye OUATTARA
INFO-MATIN