Cet établissement d’enseignement du second degré, tient du tigre et du boa. Le tigre par les officiers valeureux qu’il forme, le boa par l’enseignement académique qu’il dispense aux élèves, dont certains font carrière dans la vie civile
Prestigieuse école d’enseignement du second degré, avec comme devise «S’instruire pour servir», le Prytanée militaire de Kati (PMK) est situé sur le flanc du Centre de regroupement pour l’instruction physique (CRIP), caporal Ambiance Dembélé dans le camp Soundjata Keïta de Kati. L’établissement qui se trouve à 15 km de Bamako, est «l’héritier» de l’école des Enfants de Troupe qui avait été créée par l’Armée coloniale en 1923. Créé par l’arrêté interministériel n°16/MDN/CM/MEN du 03 janvier 1980, le PMK a ouvert ses portes le 16 novembre 1981, avec 30 élèves (1ère promotion), qui étaient tous Maliens. L’établissement scolaire a pour missions de dispenser aux élèves de nationalité malienne et étrangère, un enseignement fondamental et secondaire, une formation académique et une instruction militaire physique et morale les prédisposant à la carrière militaire.
Ce lundi, il était environ 9 heures quand notre équipe de reportage franchissait le grand portail du PMK. Une sentinelle procède à la fouille de notre véhicule. à l’entrée de l’école, à gauche, se trouve le dispensaire et au beau milieu de la cour, le drapeau malien chaque au vent, porté par un mât. Les salles de classes, elles, sont noires d’élèves en uniforme. «Le PMK est un véritable creuset panafricain du donner et du recevoir incarnant et illustrant le dynamisme et la recherche des interférences culturelles à travers le brassage. C’est une école hors-pair et d’excellence, c’est ce qui nous a motivés à venir au PMK», nous confient Maourya Sy Traoré du Burkina Faso et sa camarade de classe Sophil Jennifer, du Tchad, toutes les deux en classe de terminale.
Comment accède-t-on à cette école d’élite ? Pour le commandant du PMK, le lieutenant-colonel Mama Sékou Lelenta, les élèves y sont admis par voie d’un concours national qui est organisé sur toute l’étendue du territoire. Les candidats doivent, selon lui, remplir les conditions suivantes : être âgé de 13 ans au plus au 31 décembre de l’année du concours ; avoir une moyenne annuelle de passage de 6è à la 7è année supérieure ou égale à 6/10 ; être apte physiquement. Les élèves de nationalités étrangères sont envoyés par leurs pays d’origine, précise le commandant de l’école.
Selon le haut gradé, le régime du PMK est celui de l’internat où se pratique le sport. Notre mission, ajoute-t-il, est de donner un enseignement académique basé sur un programme donné par le ministère de l’éducation nationale. En plus, nous avons un enseignement militaire et un enseignement sportif, précise-t-il. Cependant, continue le lieutenant-colonel Lelenta, le PMK est une école de tradition qui dispense aussi une instruction militaire, portant sur la connaissance des règlements militaires, ainsi que certaines notions de bases techniques et tactiques des armées.
LOGÉS ET NOURRIS PAR L’ÉTAT- Ces activités se repartissent tout au long de la scolarité avec un programme très allégé pour les classes d’examens. «Les élèves de 10è passent les examens du Brevet militaire de préparation élémentaire (BMPE) alors que ceux de la 11è font les examens du Brevet militaire de préparation supérieure (BPMS). Par ailleurs, ils passent respectivement le Brevet militaire (permis de conduire) et le Brevet militaire de parachutisme», ajoutera le commandant de l’école. Pour lui, l’impact est grandissant parce que les élèves sont formés ici pour servir le pays d’où la devise «S’instruire pour servir». La formation au Prytanée dure 6 ans. à l’issue de leur cycle au PMK, sont-ils obligés de servir sous le drapeau ? Pas forcement, répond le lieutenant-colonel Lelenta. «Ils sont prédisposés à une carrière militaire, donc cela veut dire qu’ils ne seront pas forcément tous des militaires. Après l’obtention du Bac, les sortants du PMK sont orientés vers la vie civile», explique-t-il. Avant d’ajouter que selon les besoins de l’armée un quota est défini pour être recruté. «Ils vont sur titre à l’école militaire interarmes (EMIA), pour leurs cours d’officiers. D’autres sont envoyés dans les pays de la sous-région».
Aussi, le commandant de l’école se réjouit-il des bourses d’études offertes par la France à des élèves du secondaire. «Au niveau du fondamental, deux de nos élèves doivent aller au lycée du Prytanée de la Flèche où ils ont beaucoup d’opportunités pour faire leurs études et venir servir le pays», indique notre interlocuteur.
Le PMK relève de la direction des écoles militaires et est commandé par un officier supérieur qui porte le titre de commandant. Celui-ci est assisté par un second commandant, un censeur, un directeur des études, du personnel d’encadrement, ainsi que de soutien militaire et civil. Les filles et garçons sont habillés, logés et nourris par l’état. Le cycle fondamental constitue la 1ère brigade, le cycle secondaire, la 2è. Les élèves des mêmes classes suivent les cours ensemble et partagent le même réfectoire (la salle à manger). Le PMK a reçu ses élèves étrangers en 1994 et quatre ans plus tard (1998), l’école a ouvert ses portes aux filles. De 1981 à nos jours, l’école a formé 39 promotions. Actuellement, en plus des Maliens, elle forme des élèves du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée-Conakry, du Niger, du Sénégal, du Tchad et du Togo. Le Prytanée militaire de Kati a formé beaucoup de cadres militaires, notamment, l’actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants, le général de division Ibrahima Dahirou Dembélé, issu de la 1ère promotion et le général de division Salif Traoré, son collègue de la Sécurité et de la Protection civile qui est de la 4è promotion.
Précisions de taille : l’établissement d’excellence n’a pas formé que des militaires. Nombre de cadres civils ont, en effet, été formés par la prestigieuse école, dont Mme Diagouraga Satana Ba qui est actuellement assistante gestion de stock et actif à ACTED Mali. Selon elle, le PMK est l’une des meilleures écoles du pays.
«Cette école m’a appris à compter sur moi-même avant de compter sur les autres, à être autonome, assidue dans le travail, à respecter la hiérarchie et à avoir un esprit de camaraderie», a-t-elle témoigné. Mme Diagouraga Satana Ba, renchérira que le PMK est l’unique école au Mali qui favorise l’intégration sous-régionale, «un établissement qui offre la chance à ses élèves d’avoir une famille élargie et des amis dans de nombreux pays africains».
Yacouba TRAORÉ
Source : L’ESSOR