Au Mali aucune loi n’interdit les alliances électorales entre les partis politiques, quels que soient leurs bords. C’est pourquoi, à l’approche de chaque élection communale ou législative, les Maliens assistent à des alliances politiques des plus étonnantes. Les élections législatives du 29 mars prochain ne feront pas exception à cette pratique décriée par les électeurs.
Ces élections auront lieu juste trois mois après l’organisation du Dialogue national inclusif qui n’a pas pu rassembler tous les partis politiques autour de la table pour réfléchir sur les solutions de sortie de crise. Paradoxalement, avec la convocation du collège électoral les partis politiques qui ont refusé de parler ensemble de l’intérêt du Mali ont fait des alliances dans plusieurs circonscriptions. Ces alliances sont-elles faites pour l’intérêt du pays ou pour des intérêts personnels ?
Alliance entre feu et coton, alliance entre le feu et l’eau ou encore alliance contre-nature, les expressions ne manquent pas pour commenter les alliances en cours en vue des élections législatives du 29 mars prochain. Cette année, les alliances dites contre-nature suscitent beaucoup de commentaires et d’interrogations même si cette pratique n’est pas nouvelle dans la vie politique de notre pays. Pour cause, malgré les médiations en tout genre, certains partis politiques de l’opposition ont refusé catégoriquement de prendre part au Dialogue national inclusif qui était l’occasion de passer au peigne fin toutes les préoccupations de la nation.
D’ailleurs, ces élections législatives pour lesquelles des partis politiques sont prêts à s’allier avec le diable pour avoir des représentants à l’Assemblée nationale sont une recommandation du DNI auquel ils ont refusé de prendre part. Un dialogue qui a été convoqué pour faire un diagnostic rigoureux des problèmes auxquels notre pays est confronté et leurs causes en vue de proposer des solutions avec un chronogramme et un plan d’action de mise en œuvre.
$Malgré la pertinence de cette rencontre nationale réclamée par la classe politique dans son ensemble depuis l’éclatement de la crise en 2012, certains opposants ont préféré rester en marge.
Malgré qu’ils n’aient pas la même vision pour le pays, ces partis sont capables de s’associer pour leurs intérêts personnels. Le plus souvent, ces alliances éphémères ne sont basées sur aucune conviction ou sur aucun projet politique. Elles visent simplement à satisfaire des intérêts personnels en utilisant les électeurs.
Sinon, avant d’être député pour contribuer au développement du pays, la logique recommande de participer d’abord à fonder un Etat solide. Ce travail devrait être fait en amont avec des propositions de solutions concrètes aux différentes crises lors du DNI. Malheureusement, cette rencontre a été boycottée par plusieurs acteurs politiques.
Aujourd’hui, face à ces alliances électorales entre des partis politiques qui se sont toujours combattus les électeurs restent abasourdis. Avec ces jeux d’intérêt qui priment sur l’intérêt supérieur du pays les électeurs ne peuvent que se méfier des hommes politiques. Il serait difficile que les électeurs aient confiance en ces hommes politiques qui ne cessent de montrer des facettes antinomiques. C’est pourquoi, au sortir de chaque élection, le désintérêt de la population malienne pour la politique se fait sentir avec des taux de participations très bas.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN