Alliée de Bamako, la Russie, a opposé son veto le 30 août à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prolongeant les sanctions contre des Maliens menaçant la paix dans le pays selon la France et les Emirats arabes unis, instigateurs du texte. Le gouvernement de transition malien en réclamait la levée.
La résolution qui prévoyait de prolonger d’un an le régime de sanctions mises en place en 2017 contre des individus mettant en danger l’accord de paix de 2015, et le mandat du comité d’experts chargés de les surveiller, a recueilli 13 voix en faveur, une abstention (Chine) et une voix contre (Russie). La Russie accuse le comité d’expert de manquer d’objectivité La Russie aurait admis une dernière prolongation des sanctions, mais seulement une dernière fois. Elle conteste surtout, avec Bamako, l’objectivité du comité d’experts travaillant sur lesdites sanctions. Sa résolution en ce sens a été difficilement rejetée, avec une voix pour, une contre et 13 abstentions.
Le dernier rapport du comité d’experts publié la semaine dernière s’en prenait notamment aux forces armées maliennes, évoquant des violences contre les femmes perpétrées de façon « systématique et organisée » par celles-ci et leurs « partenaires de sécurité étrangers ». La SMP Wagner dispose d’éléments au Mali, invités comme instructeurs militaires par Bamako. Le régime de sanctions (gel des avoirs ou interdiction de voyage) avait été mis en place en 2017 et concernait huit individus, notamment des responsables de groupes signataires de l’accord de paix de 2015 accusés de le mettre en péril. Ces sanctions avaient été réclamées par le gouvernement malien de l’époque, mais les militaires aujourd’hui au pouvoir réclament leur levée.
« La raison à l’origine de la demande malienne de mettre en place ce mécanisme a cessé d’exister », assurait mi-août Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, déclarant que les «belligérances entre les mouvements signataires » avaient « pris fin ». Ledit comité d’experts avait de son côté estimé que l’application de l’accord de paix de 2015 était paralysé. Evoquant une « montée des tensions » parmi les groupes signataires de l’accord, il s’inquiétait aussi d’informations selon lesquelles certains de ces groupes s’armaient face à ce qu’ils perçoivent comme des menaces de la part des forces armées maliennes.
Ce débat intervient après le retrait engagé de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (Minusma), exigé par Bamako à la fin du mois de juin.
Source: perspectivesmed