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Salutations sous le Port de L’Uniforme de Deux Capitaines Peuple

Par leur action, ces deux jeunes officiers ont restauré l’image de l’Armée et réhabilité le métier des armes sur le Continent. Ils ont démontré que les armées africaines n’étaient pas composées uniquement de « soudards, de supplétifs incultes, sanguinaires sans foi ni loi, » à la solde de l’impérialisme et du néo-colonialisme. Durant la Guerre froide, les anciennes puissances coloniales avaient effectivement instrumentalisé les « truffions coloniaux » pour assassiner et/ou évincer du pouvoir les dirigeants nationalistes et progressistes comme LumumbaKwamé Nkrumah et Modibo Kéïta. Au cours des décennies 1960, 1970 et 1980, les changements de régime et de gouvernement téléguidés de l’extérieur meublaient le quotidien des pays africains. A peine indépendante, l’Afrique vécût le terrible drame de l’assassinat, le 17 janvier 1961, de Patrice Lumumba par des mercenaires étrangers téléguidés par la CIA et les services secrets belges. Lumumba reste à jamais l’une des figures les plus éminentes du mouvement de décolonisation du Continent africain. Sa mémoire demeure vivace dans le cœur et l’esprit de millions d’Africains car on peut tuer un homme mais on ne peut pas assassiner son Esprit, ni empêcher de brûler la flamme de la Liberté, de la Dignité, du Courage, du Don de Soi dont il était porteur.

Au cours de la décennie 1960, l’Afrique fût la risée du monde entier lorsque des soldats incultes tel le Sergent-chef Étienne Eyadéma, auteur du premier coup d’état militaire de l’Afrique postcoloniale, qui assassina froidement, le 13 janvier 1963, le président Sylvanus Olympio qui voulait émanciper le Togo de la tutelle étrangère en créant une monnaie nationale.

Cette époque-là, était le temps où les services secrets occultes, tel le réseau du sinistre Jacques Foccart, Secrétaire Général pour les Affaires Africaines et Malgaches, faisaient et défaisaient depuis le Palais de l’Élysée, les gouvernements africains dits francophones, alimentaient les guerres civiles (tel le Biafra), complotaient contre Sékou Touré en Guinée en sabotant la monnaie et l’économie guinéenne. Le 22 novembre 1970, les services secrets portugais (la PIDE) du sinistre dictateur Salazar recrutèrent et envoyèrent des mercenaires guinéens et étrangers qui tentèrent ouvertement de renverser le Président Sékou Touré en Guinée. Le 20 janvier 1973, la PIDE assassina à Conakry, Amilcar Cabral, le leader du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

Au cours de la décade 1960, lors de putschs téléguidés par les puissances extracontinentales, l’Afrique perdît, coup sur coup, les deux plus grands héros du Panafricanisme : au Ghana, Président Kwamé Nkrumah fût déposé le 24 février 1966 ; au Mali, le Président Modibo Kéïta fût renversé par des officiers subalternes, le 19 novembre 1968.

La décennie 1970 fût marquée par de multiples coups et contre-coups d’état. A la fin des années 1970 et au milieu de la décennie 1980, deux jeunes officiers vont surgir sur la scène politique africaine et marquer durablement l’esprit de la Jeunesse Africaine et susciter l’admiration des panafricanistes du monde entier.

Au Ghana, Jerry Rawlings exerça le pouvoir durant moins de quatre mois, du 4 juin au 24 septembre 1979. Ces quatre mois furent suffisants pour établir la réputation d’intégrité morale, de sens de l’Etat du jeune officier. Après l’échec de l’expérience du Président Hilla Limann (24 septembre 1979-31 décembre 1981), Jerry Rawlings reprît les commandes du pays en décembre 1981. Il restera à la tête du Ghana jusqu’en 2001. En 1992, il instaura le multipartisme, fonda la Quatrième République ghanéenne tout en menant une vigoureuse politique économique en rupture avec le marasme structurel dans lequel les différents régimes militaires (de 1966 à 1979) avaient plongé le Ghana. Jerry Rawlings renoua avec le panafricanisme de Kwamé Nkrumah en plaçant définitivement, le Ghana dans l’orbite des pays « progressistes » engagés à parfaire l’unité des Africains tout en luttant vigoureusement contre tous ceux qui veulent exploiter le Continent comme jadis.

Dans cette optique, il développa une relation particulière avec le Capitaine Thomas Sankara qui accéda au pouvoir le 04 août 1983. Thomas Sankara afficha sa volonté d’instaurer une Révolution démocratique populaire en rupture avec l’ordre néocolonial et impérialiste toujours en vigueur en Afrique occidentale, singulièrement, dans les anciennes possessions françaises. En moins de quatre années (04 août 1983-15 octobre 1987), il marqua profondément la politique Burkinabée. N’est-il pas à l’origine du changement de nom du pays en fondant le Burkina Faso qui signifie le « pays des hommes intègres », ce qui est très significatif de sa volonté radicale d’opérer des changements profonds dans les comportements, les mentalités et la vision du monde de ses concitoyens. Thomas Sankara fût, avant l’heure, un « Écologiste » amoureux de la Faune et la Flore, un « Féministe » prônant l’égalité-complémentarité entre hommes et femmes, un « Tiers-Mondiste » soucieux du devenir de tous les Peuples en lutte pour leur émancipation totale, un « Amoureux des Arts et des Lettres » agissant pour l’essor d’une créativité sans bornes de toutes les formes d’expression du génie humain.

Grâce à son œuvre, le Peuple ghanéen a surnommé Rawlings « Jésus Junior », car il a placé son pays sur l’orbite de la Renaissance et du développement et « déraciné » durablement la corruption et le favoritisme dans la sphère politique. Jerry Rawlings a redoré le blason de l’Armée ghanéenne en la débarrassant des officiers corrompus tout en promouvant l’idée d’une Armée au Service du Peuple. Quant à Thomas Sankara, il est considéré comme le « Ché » africain, car il a permis aux Burkinabés de « croire en eux-mêmes, d’avoir foi en leur Patrie » alors que ce pays était jadis considéré comme une excroissance de la Côte d’Ivoire qui venait y puiser la main-d’œuvre pour ses plantations de café et de cacao.

 

Rawlings et Sankara sont deux valeureux officiers qui ont suivi la trajectoire de leurs prestigieux prédécesseurs :

  • Le Colonel Gamal Abdel Nasser (1954-1970), le chantre du panarabisme, qui a joué un rôle inestimable dans la libération du Continent africain en appuyant vigoureusement tous les mouvements en lutte pour l’indépendance tout en œuvrant significativement pour l’application de la Charte de l’OUA lors du Sommet du Caire en 1964.
  • Le Colonel Mouammar Khadafi (1969-2011), malgré ses extravagances a apporté une contribution appréciable à l’Unité de l’Afrique.
  • Le Colonel Houari Boumediène (1965-1978) qui a donné un élan nouveau à l’Armée Populaire Nationale qui a libéré l’Algérie du joug du colonialisme français.
  • Le Commandant Marien Ngouabi (1969-1977) qui figure au nombre des patriotes ayant su galvanisé le peuple Congolais.
  • Dans le cas spécifique du Mali, il convient de mentionner le Capitaine Diby Silas Diarra, qui au sein de l’Armée populaire et révolutionnaire de l’Union Soudanaise-RDA, a accompli un travail immense d’édification nationale en préservant l’intégrité territoriale du Mali. Soldat Patriote, il avait coutume de dire : « un soldat sans formation patriotique est un criminel en puissance». Cette citation sera reprise ultérieurement par le Capitaine Thomas Sankara.

Aujourd’hui, un groupuscule « d’opportunistes », éternels alliés de tous les régimes, tente de pousser les putschistes du 18 août 2020 à conserver le pouvoir en dénigrant les acteurs politiques ayant renversé le régime dictatorial et obscurantiste du général Moussa Traoré. Dans leur rhétorique insipide, ils prônent un « changement générationnel », comme si les générations étaient indépendantes les unes des autres et qu’il était possible de créer ex-nihilo une génération de politiciens dédiés a la satisfaction des aspirations fondamentales du Peuple Malien. Or, l’experience de sept mois écoulés démontre clairement que les putschistes du 18 août 2020 ne sont que de pâle copie du régime d’IBK ! Leur principal souci demeure incontestablement l’accaparement des prébendes de l’Etat. Ils ne disposent ni de la compétence, ni de la volonté, ni d’un plan stratégique pour régler les problèmes fondamentaux du Peuple Malien.

Les putschistes du 18 août 2020 n’ont pas connu le même parcours « initiatique » que Jerry Rawlings et Thomas Sankara. Ils n’ont pas étudié la « théorie de la libération », ni cheminé avec des groupes idéologiques clandestins, ni bénéficié d’une formation politique qui leur permettrait d’appréhender les problèmes du pays. Contrairement à Thomas Sankara et Jerry Rawlings, ils sont arrivés au pouvoir « dans un état de virginité politique », ce qui explique les errements actuels de la politique malienne.

Leur malchance, c’est que le Peuple Malien est farouchement décidé à transformer radicalement la vie du pays et qu’il ne laissera pas quelques apprentis-sorciers s’amuser avec son Destin.

Moussa Sow  depuis Washington DC USA

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