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Saïfoulaye Saïdou Sidibé, chef du projet JUGE : « Que chacun contribue à lutter contre la violence basée sur le Genre »

La rubrique ‘’L’invité de la semaine’’ de Ziré, votre hebdomadaire préféré d’analyses, d’enquêtes et d’informations générales, reçoit cette semaine Saïfoulaye Saïdou Sidibé, chef de projet Justice pour les Survivantes de la Violence basée sur le Genre et les Violences sexuelles liées aux Conflits (JUGE). Dans cet entretien réalisé le 14 mai 2022 en partenariat avec le site d’informations générales, ‘’www.afrikinfos-mali.com’’, Saïfoulaye Saïdou Sidibé nous parle des différentes formes de violences basées sur le genre et appelle à la cohésion sociale et au vivre ensemble. Lisez donc l’entretien ! 

Ziré: Bonjour monsieur, présentez-vous à nos chers lecteurs !

Saïfoulaye Saïdou Sidibé : je m’appelle Saïfoulaye Saïdou Sidibé, je suis le représentant d’Avocats Sans Frontière au Mali et je suis le chef de projet dénommé JUGE qui se définit comme Justice pour les Survivantes de la Violence basée sur le Genre. JUGE est un projet qui existe au Mali depuis 2020. Il est mis en œuvre par Avocats Sans Frontière à travers Wildaf et Avocats Sans Frontière Mali (ASF-Mali.) Ce projet vise à lutter contre les violences basées sur le genre et les violences sexuelles liées aux conflits ici au Mali, à travers la prise en charge judiciaire des cas de violences constatés ou enregistrés.

On entend beaucoup parler de violence basée sur le genre. Parlez-nous de ce fléau ! 

Il y a encore beaucoup de cas que nous constatons, dont les plus fréquents sont généralement des violences sexuelles, précisément les viols. Il y a aussi des agressions physiques ; des cas de violences verbales ; les intimidations ; le harcèlement qui varie d’une situation à une autre. Mais ce qui est sûr, ce phénomène existe encore.

Concernant la prise en charge au Mali, y a-t-il des chiffres pour l’année 2021 ?

Non, nous ne pouvons pas forcément donner de chiffres exacts aujourd’hui. Mais, ce que je peux dire, c’est que les cas sont très nombreux et c’est pourquoi l’objectif de ce projet est de pousser les gens à continuer la dénonciation et à rompre avec le silence concernant ce fléau.

Comment se fait l’identification des victimes ?

En fait, nous avons un partenaire qui s’appelle Wildaf et qui intervient sur le terrain à travers ses para-juristes. Wildaf intervient dans le cadre de la sensibilisation des populations en essayant de les pousser à abandonner les mauvaises pratiques, notamment des pratiques qui entrent dans le cadre de la violation des droits de l’Homme ou surtout les VBG. Au cours de cette intervention, les victimes de ces violences qui sont souvent d’ordre physique, psychologique ou même des violences sexuelles peuvent elles-mêmes se faire identifier d’une manière confidentielle.

Ainsi, Wildaf fait une analyse des cas et donne des conseils juridiques à ces victimes. Ensuite, si les victimes souhaitent poursuivre les auteurs devant la justice, Wildaf peut les référer à Avocats Sans Frontière Mali qui dispose d’avocats pour ça. Après l’étude des dossiers, des avocats sont engagés pour les assister et faire les prises en charge auprès des instances judiciaires.

Parmi les cas avérés, qui sont les plus touchés entre les hommes et les femmes ?

À travers les déclarations, nous constatons quand même qu’il y a beaucoup plus de femmes victimes que d’hommes. Cela ne veut pas dire que les hommes ne sont pas victimes de cas, bien au contraire. Cependant, dans la plupart des cas, ce sont des cas de viols et de violences basées sur le genre et donc les femmes sont beaucoup plus victimes que les hommes à ce niveau.

Monsieur Sidibé, vous avez initié deux sessions de formation à l’intention des journalistes du Mali. Dites-nous, quel est l’objectif visé ?

En fait, ce qui a motivé cette formation est qu’après avoir analysé la situation, nous avons constaté qu’il n’y a pas beaucoup de changement au niveau des comportements. Donc, cette formation entre dans le cadre des actions de sensibilisation. Qui dit journaliste, dit communication. Alors qu’il n’y pas de sensibilisation sans communication. Donc, à ce niveau, il a été jugé nécessaire d’impliquer les journalistes en leur donnant les techniques nécessaires pour qu’ils puissent contribuer aux changements de comportements au niveau social afin de lutter efficacement contre ces violences basées sur le genre. Ce qui contribuerait à une véritable cohésion sociale dont le Mali a besoin.

Parlant de sensibilisation, quel est votre cri de cœur aujourd’hui en tant que chef du projet JUGE ?

Mon cri de cœur est de dire aux gens que la violence n’est une solution à rien. La violence ne fait pas avancer une société à plus forte raison un pays. Ce qui est sûr et certain, c’est que ce n’est pas la violence qui peut résoudre un problème. Je pense qu’il y a plusieurs modes de gestion d’une situation qui ne sont pas la voie violente. Cette voie a toujours été bannie par nos sociétés traditionnelles qui ont toujours voulu aller vers la voie du dialogue et de la compréhension. Donc, l’abandon de la violence sur toutes les formes doit être le cheval de bataille de tous les Maliens. Le monde est fait pour vivre en harmonie et dans la cohésion. Et donc, il faut que chacun contribue à lutter contre la violence et surtout la violence basée sur le genre. Il y a des couches vulnérables, notamment les enfants ; les femmes et les personnes vivant avec handicap et leur protection doit être un devoir pour tous.

Entretien réalisé par Amadou Kodio

Source : Ziré

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