Le Rwanda a expulsé, depuis vendredi 13 mai, plus de 1 500 Burundais qui étaient pourtant installés, pour la plupart, depuis des années dans le pays. Les autorités officielles rwandaises les considérant comme des immigrés illégaux ont précisé que ces expulsions ne visaient « pas particulièrement les Burundais ». Cela fait des mois que les relations diplomatiques entre le Rwanda et le Burundi sont exécrables, Bujumbura accusant Kigali de chercher à renverser le président Pierre Nkurunziza.
En froid avec le Burundi qui est plongé dans une grave crise née de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat il y a plus d’une année, le Rwanda avait menacé, à la mi-février, de relocaliser, dans un pays tiers, les quelque 70.000 Burundais qui ont trouvé refuge dans ce pays. Le Rwanda assure toutefois que ces réfugiés ne sont pas concernés.
Après la confirmation, par un rapport d’experts de l’ONU, des accusations de soutien aux rebelles burundais par le Rwanda, cette affaire d’expulsion de ressortissants burundais risque de mettre encore de l’huile sur le feu, même si Kigali parle de simple opération de contrôle.
Quatre-vingt-treize Burundais ont été accueillis au poste d’entrée de Nyamurenza, selon le gouverneur de Ngozi, dans le nord du Burundi, et aucun Burundais au poste de Ntega, dans la province voisine de Kirundi. Le flot des Burundais expulsés du Rwanda a fortement diminué ce lundi.
Selon la ministre en charge des réfugiés au Rwanda, ces expulsés sont plutôt « des Burundais irréguliers » qui étaient disséminés sur tout le territoire rwandais, « des expulsions qui ne visent pas particulièrement les Burundais », a assuré Séraphine Mukantabana contactée par RFI, avant d’ajouter qu’ils sont repartis chercher les papiers nécessaires à leur séjour au Rwanda « sans forcing ».
Ce n’est pas le point de vue des autorités burundaises qui accusent, à longueur de journée, le Rwanda d’armer et d’entraîner des rebelles burundais en vue de déstabiliser leur pays.
Selon le gouverneur de Ngozi, Albert Nduwimana, « certains vivaient au Rwanda depuis plus de dix ans et ils ont été obligés de tout laisser derrière eux », alors que l’administrateur de Ntega, lui, assure que ceux qui avaient des conjoints rwandais en ont été séparés.
La ministre rwandaise réfute ces accusations jurant que s’ils sont partis ainsi, c’est parce qu’ils comptent, « une fois en ordre », revenir au Rwanda.
Un officiel rwandais, parlant sous couvert d’anonymat, nie toute notion de réciprocité, tout en rappelant qu’il y a quelques mois, des Rwandais victimes de mauvais traitements au Burundi, ont fui par milliers ce pays.
Source: RFI