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Dialogue avec les leaders terroristes: l’Etat va-t-il suspendre les mandats d’arrêt internationaux ?

Comme une rengaine, le dialogue avec les leaders terroristes maliens fait partie des recommandations formulées au cours du Dialogue inter-Maliens dont les travaux de la phase nationale ont pris fin le vendredi 10 mai dernier. Au bout de cinq jours de débats, d’échanges et de plénières au Centre international des conférences de Bamako, les participants ont recommandé les négociations avec tous les groupes armés, y compris les terroristes. Quels sont les préalables à la bonne marche de cette initiative que le gouvernement n’a jamais priorisée ?

Durant des années, le gouvernement malien n’a jamais privilégié l’idée d’un dialogue avec les insurgés terroristes en dépit des recommandations notamment de la Conférence d’Entente national. Malgré tout, les participants au Dialogue inter-Malien viennent de remettre l’idée sur la table lors de ses différentes phases alors même qu’il y a un mandat d’arrêt international émis par la justice malienne contre plusieurs chefs terroristes et séparatistes.
La question que l’on se pose est de savoir si le gouvernement sera obligé de suspendre les mandats d’arrêts internationaux lancés contre ces chefs terroristes ? En clair, faire de la reculade en privilégiant la voie édictée par le Dialogue inter-Maliens qui prévoit d’ailleurs la mise en place d’un Comité de sages et d’experts pluridisciplinaires chargé de la rédaction d’une « CHARTE NATIONALE POUR LA PAIX, LA SECURITE, LA COHESION SOCIALE ET LE VIVRE ENSEMBLE ».
Ce qui est évident, c’est que la matérialisation de cette demande maintes fois exprimée au Mali lors des différents fora sur la paix passe nécessairement par certains préalables en vue de renforcer la confiance entre les acteurs. Parmi lesquels, il y a évidemment la question des mandats d’arrêt internationaux lancés en février dernier contre les leaders terroristes et séparatistes du nord.
Si des négociations précédentes entre les chefs des communautés, insurgés et milices ont débouché sur plusieurs cessez-le-feu locaux, aucune avancée majeure n’a jusqu’ici permis d’amorcer à des négociations de haut niveau comme le demande le DIM.
D’ailleurs, à la veille du lancement du processus du dialogue inter-Maliens, la position des autorités était très tranchée sur la question.
« Tous ceux qui se légitiment être terroristes, séparatistes et qui revendiquent des actes terroristes doivent passer par la justice. Ceux-ci ne peuvent donc pas prendre part à ce dialogue entre les Maliens.», avait tranché le président Comité de pilotage, l’ancien Premier ministre Ousmane Issouffi MAIGA.
Ainsi, les groupes armés du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP) classés parmi les organisations terroristes par le gouvernement, n’ont pas été invités à prendre part aux différentes phases du DIM.


En fin 2021, l’idée de négociations avec les chefs terroristes maliens Amadoun KOUFFA et Iyad Ag GHALI pour ramener la paix au Mali avait émergé. L’information avait circulé et même été confirmée par des sources au niveau du ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes en son temps.
Les assises du Dialogue national inclusif, au niveau de la thématique « paix, sécurité et cohésion sociale », avaient-elles aussi recommandé l’engagement du dialogue avec Amadoun Kouffa et lyad Ag GHALI pour ramener la paix au Mali. Une option soutenue également par le Parena estimant qu’elle est l’alternative crédible à la paix. Malgré, le soutien populaire à cette solution, elle a été rejetée par la France, à travers Emmanuel MACRON, au motif qu’il ne voulait pas d’échange direct avec les chefs terroristes. L’une des divergences entre le Mali et la France dans la gestion des questions des terroristes.


Cette solution soit avalisée par le Dialogue Inter-Maliens doit pousser les autorités de la transition à envisager des mécanismes en vue de l’instauration de la confiance entre les parties. Parmi ces préalables, le gouvernement doit songer de lever son mandat d’arrêt international lancé contre des chefs terroristes et séparatistes du nord de notre pays. Il s’agit notamment de Iyad AG GHALI ; Amadou BARRY surnommé Amadou KOUFA ; Bilal AG ACHERIF ; Alghabass AG INTALLA ; Fahad AG ALMAHMOUD, Achafagui AG BOUHADA. En effet, vouloir le dialogue, c’est aussi accepter de faire des compromis en vue de l’atteinte de l’objectif ultime de parvenir à la paix et à la réconciliation nationale tant attendues par les communautés. En clair, notre pays doit, à l’image de l’expérience de l’Algérie et de la Mauritanie, engager un véritable dialogue avec les personnalités terroristes et séparatistes citées au nom de la stabilité. Enfin, c’est l’occasion pour notre pays de s’expérimenter ces négociations par la mise en œuvre des recommandations issues du DIM avant qu’elles ne soient rangées dans les bureaux comme cela a été le cas d’autres rencontres similaires.
Dans cette perspective, le gouvernement malien et les Chefs terroristes devraient œuvrer à surmonter les craintes que suscite le dialogue au sein de leurs rangs respectifs.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source: Info – Matin
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