Après la cérémonie de signature de l’accord par les groupes armés de la Coordination, les participants sont montés à Koulouba sur invitation du président de la République pour une rupture collective du jeun. Leaders de groupes armés (CMA et plateforme), médiateurs, religieux, société civile ou encore la quasi totalité des membres du gouvernement ont prié ensemble le créateur, afin que la mise en oeuvre de l’accord soit inspirée par la sagesse divine.
Le chef de l’Etat était visiblement heureux de partager son repas et se retrouver en communion avec les « frères » du Septentrion, après près trois ans de belligérance et pratiquement un an de pourparlers sous l’égide de la communauté internationale.

A la rupture du jeun hier, tous les esprits étaient favorables au pardon. Dans la salle de banquet superbement aménagée, les religieux ont béni la signature de l’accord et ont prié pour la réussite de sa mise en oeuvre. « Que Dieu le Tout-Puissant et le Tout Miséricordieux fasse que cette paix retrouvée soit consolidée », a prié le célèbre prêcheur Ousmane Madani Haïdara. Le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko a dit toute sa satisfaction de voir en ce jour béni autant de bonheur pour notre pays.
Les représentants de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la CEDEAO ont successivement salué l’avènement d’une nouvelle ère pour un pays qui a trop longtemps souffert d’une déchirure sociale qui l’a fragilisé jusqu’à ses fondements. « Les efforts déployés depuis des mois ne sont pas vains », s’est félicité un diplomate européen qui a invité toutes les parties à donner le meilleur d’elles-mêmes à cette phase ultime de mise en oeuvre.
Les représentants de la CMA, eux non plus, ne cachaient pas leur joie de vivre cet instant merveilleux de réconciliation nationale. Visiblement las de guerroyer, ils disent avoir pris volontairement le temps de « mieux comprendre » et de mieux expliquer à leur « base » le contenu de l’accord. Les désormais ex-rebelles expliquent aussi être partis « lentement mais sûrement » pour aboutir à cette fin heureuse. Pour le moment, préconisent-ils, la mise en oeuvre de mesures de confiance et l’intensification des actions humanitaires au bénéfice des populations du Nord sont une nécessité absolue.
Selon eux, l’absence à la cérémonie de Bilal Ag Cherif, le leader du MNLA, qui a toujours conduit la délégation des rebelles à Alger, ne doit pas être interprétée comme un signe de défiance. « Bilal est malade, mais il est de coeur avec nous », ont assuré les représentants de la Coordination.
Même si les leaders de l’opposition n’ont pas participé à la rupture collective du jeun, beaucoup de politiques y étaient. Le député Oumar Mariko et sa collègue Mme Haïdara dite Chatto ont été des témoins oculaires de ce moment de communion qui est pour le président Keita, « à peine surréaliste ».
Le chef de l’Etat s’est dit très heureux de vivre un instant merveilleux qui sonne le retour de la paix et du vivre ensemble qui a toujours caractérisé le Mali. Il a rappelé que la grandeur de cette nation n’était pas l’oeuvre d’un seul homme ou d’une seule ethnie, mais un ensemble de communautés ayant vécu en parfaite harmonie. Il a remercie le Seigneur d’avoir apaisé les coeurs pour donner à notre pays une seconde chance. Pour lui, il y a des signes qui ne trompent pas. La 3è place décrochée par notre équipe nationale junior à la Coupe du monde de football et la signature de l’accord de paix par les groupes rebelles sont des signaux forts d’un peuple debout.
Même optimisme chez Harouna Toureh qui conduisait la délégation de la Plateforme. « Pour résumer, je dis que c’est une espérance », a-t-il laissé entendre.
Les griots venus nombreux ont salué la hauteur d’esprit dans lequel baigne désormais notre pays.
Avant de prendre congé de ses invités, Ibrahim Boubacar Keita a fait le tour de toutes les tables pour remercier de vive voix les convives qui ont tous contribué à ce résultat. Il s’est dit conscient que la mise en oeuvre de l’accord ne sera pas une tâche aisée. Mais, optimiste, il ne demande qu’une chose : lui faire « confiance ».
A. M. CISSÉ

source : L Essor