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Rituel électoral, imposture légitimatrice : Les oubliés du Ravec

Comme beaucoup de Maliens, j’ai bien fait le Ravec et ai encore mon reçu de recensement. Mais, comme des milliers, mon nom n’est pas sur la liste électorale. C’est donc dire que cette élection promet déjà en couleurs et en tripatouillages. Bienvenue au pays de l’urgentisme électoraliste sous la férule du grand donneur d’ordre.

 

 

ravecLe chef des gaulois a décidé que l’élection se fera, eh bien, elle se fera même au prix des oubliés. Dans son équipée sahélienne, Papa Hollande, Tonton François a voulu que le rituel électoral vînt faire la clôture du bal épique. Avec Serval, ce petit félin qui pisse pour marquer son territoire, le Néo-napoléon entend être intraitable avec ses orphelins sauvés du néant djihadiste puant la plénitude tragique. L’orgie électorale doit venir couver les secrets des alcôves françafricaines afin que soit reconnue réussie la Mission civilisatrice, pardon, salvatrice de Mère-France. Offrir le Nord au Mali mais aussi lui donner un beau président sorti des urnes légitimatrices.

 

 

Faire l’amour à la démocratie, c’est rêver d’enfants électoraux car tout pouvoir a besoin d’assises de légitimation en dépit de son arsenal répressif. En termes de philosophie politique, l’animal politique d’Aristote est aussi le Léviathan hobbesien. Soyez craints si vous ne pouvez pas être aimés, les rivages de la Politique ont croisé le génie de Machiavel mais la Science politique doit à Foucault un concept fécond, celui de biopolitique, contrôle subtil des corps et des… âmes, des esprits. Les Princes d’hier se voulaient robustes et courageux, craints, ceux d’aujourd’hui se conçoivent malins, charmants et séduisants. À l’épreuve de l’épée de jadis, le médiatisme séducteur d’aujourd’hui, l’esthétisation de l’arène politicienne, obéit en réalité aux logiques de reconfiguration symbolique des imaginaires tout en respectant la loi de la demande et de l’offre co-ajustées. Les Marketeurs de génie entendent sonder l’âme de la multitude et même sous les Tropiques, l’évangile démocratique a conquis ses lettres de noblesse sans tenir ses promesses progressistes.

 

 

Il faut voter, voter et surtout voter, car le vote écrit la renaissance et promet les possibles, c’est ce qu’on a dit. Et si le rituel électoral n’était qu’un masque de nouvelles techniques du vol ? La conquête des voix commence par la mise sous tutelle de l’économie techno-structurelle des fichiers biopolitiques. Qui a la maîtrise et le contrôle du fichier se paie le luxe d’une avance chiffrée. À la bourse des élections, le gagnant n’est pas forcément le meilleur. Parce qu’avant Papa Hollande, le cousin ATT avait son fichier comme Alpha et l’Adéma d’hier leur joujou pour l’emporter haut l’urne ! Rien de nouveau sous le soleil donc, la démocratie de la misère est une démocratie sans Avenir. Les coups d’État sont des moments cycliques pour avertir de la fragilité structurelle. Chaque élection ses élus, ses abstentionnistes, ses non inscrits et ses inscrits exclus du vote. Attends ton tour, si tu ne fus pas de la foire des exclus d’hier, on te fera une place aujourd’hui sinon ta patience te conseillera d’attendre demain. Rien n’est parfait, dira-t-on, parce que l’Actuel urge et que le Grand Commandant Hollande veut son rituel électoral, faire l’amour à la démocratie pour enfanter un nouveau bébé électoral qui ira vagir à Koulouba pour annoncer l’évangile du Mali nouveau. Il paraît que je ne serai pas de ce rituel, cette sorcellerie du choix, les bambaras l’appellent « kalata » ou « kalafili ». Alors, que celui des candidats dont le bâton de pouvoir sera choisi- Sanogo a déjà le sien- n’oublie pas nous les exclus du vote Ravecisé, les absents du beau dimanche, c’est le jour de l’élection à Bamako.

 

 

Nos noms non sur la liste électorale, la liste qui permet de faire rang pour mettre la chose dans le trou au nom de la République comme fille de tous. Continuons l’Histoire ! On ferme la maison du vote, on n’arrêtera jamais la Puissance de la Pensée. Elle a bâti ce que ce bas-monde a de digne car c’est la pensée qui a précédé les grandes œuvres, les grandes Nations et les grands Destins. Le jour du vote, nous irons danser le cicaara à Sikasso pour encourager les bénis qui, cette fois-ci, ont eu l’Auguste honneur de choisir, à notre place, à nos places, celui qui devra commander bientôt la multitude malienne. À bakarika. À diyara dè.

Yaya TRAORE

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