Attendue dans les rues le vendredi13 prochain, les manifestants de la CMAS risquent d’en découdre avec les soutiens du pouvoir. En plus d’annoncer un rassemblement de soutien à l’armée sur le passage des tenants d’une transition civil, les activistes du régime haussent le ton sur les réseaux sociaux et promettent l’enfer à toute voix dissidente.
Depuis la sortie des partisans du principal tombeur d’IBK pour condamner la prolongation de fait de la transition, une autre tendance s’est aussitôt mise dans la logique d’une épreuve de force. Il s’agit du Collectif pour la Défense des Militaires, un mouvement intraitable depuis une année sur tout ce qui touche à l’intérêt des 5 colonels, lesquels s’identifient à l’armée nationale dans son ensemble. Dans son collimateur s’est ainsi retrouvé l’imam Mahmoud Dicko en rupture de ban avec le pouvoir, relativement désavoué dans l’opinion dans mais revenu en force dans la foulée de l’effervescence référendaire avec un NON courageux de ses partisans et une hostilité affichée à la laïcité. Ses mises en garde d’alors avaient déjà poussé le CDM à envisager une démonstration de force dans la rue, en même temps que leurs adversaires, avant que leurs projets respectifs de manifestations ne soient annulés à la suite de discrètes médiations.
Les hostilités reviennent visiblement avec plus de vigueur depuis que la CMAS et son parrain ont menacé de ne plus reconnaître l’émouvoir militaire au-delà de février prochain. De quoi irriter les soutiens de la Transition qui promettent de ne pas rester spectateurs. Ayant pris connaissance de l’itinéraire des opposants à une seconde prolongation de la transition, ils ont décidé à leur tour d’y programmer un meeting aux mêmes heures que la manif de la tendance adverse. De quoi rendre plausible un risque de collision et de débordements susceptibles d’entraîner l’interdiction de toutes les deux manifestations par les autorités compétentes.
L’épreuve de force pourrait ainsi avorter au nom de l’ordre public, mais le ton des menaces et joutes verbales sur les réseaux sociaux traduisent un malaise assez sérieux pour résister à une éventuelle mesure cosmétique. En plus des frustrations et rancœurs inhérentes, il met en exergue une dichotomie militaire – civil plus profond que l’épreuve de force imminente et dont le CDM est l’avatar le plus accompli. Le phénomène est ainsi entretenu par la caution d’un embrigadement partisan pour le compte d’une entité vouée à neutralité par vocation, mais également par des mesures tendant à la valoriser la fonction militaire par les positions administratives traditionnellement occupées par les civils : postes de préfet, sous-préfet et ambassadeur, etc., sans compter la direction de nombreux organismes indépendants. S’y ajoute que les initiatives sociales et humanitaires convergent toutes vers les casernes depuis le coup d’Etat ainsi que les budgets qui leur sont consacrés dans les départements respectifs. Ça n’est pas tout. La dichotomie prend même les proportions d’une revanche sur le civil avec la propension des médias publics à ne magnifier par la visibilité que les sacrifices de l’armée dans la tragédie d’une crise à laquelle les civils ne paient pas moins de tribut.
I KEÏTA
Le Témoin