«Je pense que face à une crise sanitaire comme celle causée par le coronavirus toute aide, la plus minime soit-elle, est précieuse. Et celle apportée par la Chine à l’Afrique, notamment au Mali, a été capitale dans la maîtrise de la propagation du COVID-19», a reconnu El Hadj Djimé Kanté, porte-parole du comité syndical du CHU Gabriel Touré (l’hôpital le plus fréquenté du Mali), membre actif de la société civile malienne et membre fondateur du Collectif «Riposte 223 Covid-19».
Considéré à juste titre comme l’une des organisations de la société civile malienne les plus mobilisées pour empêcher la propagation du coronavirus, ce collectif s’illustre surtout par des dons composés de kits destinés au personnel des hôpitaux et des centres de santé de proximité. Grâce à son dynamisme et surtout à la transparence dans la gestion de ses fonds, elle a pu mobiliser «des dizaines de millions de francs Cfa» pour mener à bien ses activités.
«Les différentes contributions de la Chine ont été bien appréciées par le personnel socio-sanitaire», a indiqué M. Djimé Kanté. «C’est une aide précieuse et opportune que la Chine a apporté aux pays africains, notamment au Mali où les premiers dons sont arrivés deux jours après la découverte des deux premiers cas le 25 mars 2020», a confié à Xinhua Kalilou Diarra, chroniqueur indépendant et spécialiste des questions liées à l’environnement et à la santé.
«Cette aide est si capitale que le Mali est un pays à terre, à cause de la crise politique et sécuritaire qu’il traverse depuis 2012, avec un système sanitaire bancal. Sans le pragmatisme de Pékin, notre pays aurait eu beaucoup de mal à organiser la riposte à cette pandémie», a-t-il rappelé.
Pour de nombreux observateurs, le don reçu le 27 mars du gouvernement chinois et de la Fondation Jack Ma a «joué un rôle important» dans le renforcement des capacités de riposte du Mali. Il était composé de 20 000 tests, 100 000 masques et 1000 tenues. «Ce don permettra de renforcer notre stock et notre dispositif de riposte au COVID-19», a d’ailleurs relevé le ministre malien de la Santé et des Affaires sociales, Michel Sidibé. Et le 18 avril 2020, le Mali a encore reçu de la Chine «une grande quantité de matériels de protection» pour la lutte contre le Covid-19, d’une valeur de 115 millions de F CFA.
Sans oublier que «la solidarité agissante» de la Chine a permis aussi à ce pays de renforcer ses capacités d’accueil à travers l’équipement d’un hôpital de campagne à Bamako. «400 lits nous ont été offerts par des entreprises chinoises pour la mise à disposition, par anticipation, d’un hôpital de campagne au cas où nos centres de prise en charge des malades du Covid-19 venaient à être débordés. C’est le fruit d’une excellente coopération sino-malienne», a commenté le ministre Michel Sidibé.
Et, selon des sources proches du ministère malien de la Santé et des Affaires sociales, presque toutes les grandes sociétés chinoises présentes au Mali ont apporté «leur inestimable contribution» pour aider le pays à mieux gérer la crise sanitaire liée au coronavirus.
«Cette aide aurait néanmoins eu plus d’impact si elle avait été judicieusement répartie par les autorités compétentes du Mali. Au niveau du CHU Gabriel Touré, les agents impliqués dans la prise en charge des malades sont toujours dans le besoin car ils manquent fréquemment de masques, de produits désinfectants…», a néanmoins déploré M. Kanté.
«Selon les échos qui nous sont parvenus, la gestion des différentes aides matérielles et financières faites au Mali a suscité beaucoup de frustrations, surtout au niveau du personnel soignant toujours dans la précarité. Heureusement que des organisations de bénévoles comme Riposte 223 Covid-19, Solidaris223… sont très engagées dans la mobilisation des fonds et du matériel pour lui venir en aide», a souligné M. Diarra.
Passer par des organisations indépendantes pour efficacement atteindre les couches cibles
Par rapport au sommet sino-africain sur la pandémie du nouveau coronavirus, une visioconférence animée le 17 juin 2020, nos interlocuteurs n’avaient pas caché leur attente. «En tant que responsable humanitaire et agent socio-sanitaire, j’attends de ce sommet un appui conséquent pour appuyer les premiers dons faits par la Chine», a souligné El Hadj Djimé Kanté.
Toutefois, a-t-il souhaité, «la Chine doit privilégier des organisations humanitaires ou de la société civile qui continuent de faire leur preuve sur le front de la prévention et de la lutte contre le COVID-19. Le constat est que l’aide remise aux gouvernements a rarement un impact souhaité sur les bénéficiaires».
Un constat partagé par de nombreux autres interlocuteurs. «Sans la redevabilité et un système de contrôle crédible, l’aide faite au gouvernement touche rarement ou efficacement les couches cibles à cause de sa mauvaise gestion», a reconnu Kalilou Diarra.
«La Chine doit faire comme d’autres partenaires qui se tournent de plus en plus vers des organisations indépendantes pour gérer leurs aides aux populations ou à des couches socioprofessionnelles bien déterminées. Et aujourd’hui, par rapport à la prévention du COVID-19, nous avons des acteurs crédibles dans la société civile qui peuvent être des interlocuteurs efficaces pour Beijing», a-t-il ajouté.
En retour, ont indiqué Djimé et Kalilou ainsi que d’autres interlocuteurs, les Africains doivent aussi «s’engager à soutenir la Chine dans toutes ses initiatives diplomatiques», notamment dans la recherche et la vulgarisation d’un vaccin qui «suscite aujourd’hui une concurrence féroce, surtout avec les Etats-Unis»…
(Xinhua)