Les douanes maliennes sont dans la tourmente. A l’origine, des performeurs, jadis, fer de lance de l’institution, ont été exfiltrés, sous prétexte éhonté d’une quelconque performance à rechercher. Des douaniers, bon teint et pur-sang ont démesurément abusivement été mutés. Bienvenue dans la république de réseaux d’amis ou escouade organisée. Ce n’est pas l’arrêté 3451, 3452 et surtout la décision 00073 du 13 novembre 2023 émanant du secrétariat général du ministère de l’Économie et des finances, avec pour objet, la promotion d’un homme et de son clan, qui contredit un tel cabotinage. La malédiction du largage unilatéral a eu lieu, le partage de gâteau aussi. A défaut du diable, Satan est bel et bien dans le détail.
Certains gabelous, bien parachutés, n’ont pas encore fini de jubiler. Et pour cause : il aura fallu cette Transition pour se faire une place au soleil. Et c’est un cercle d’amis ou une horde d’individus constitutifs d’un “grin”, qui vient de voir le bout du tunnel, tous promus à un rang supérieur. S’agit-il d’un réseau désormais organisé ?
Dans cette supercherie de nomination, on met en avant un mois d’octobre auréolé d’un chiffre flatteur, de 74 milliards Fcfa, dit-on. Il s’agit jusque-là d’un record absolu jamais inégalé dans l’histoire des douanes maliennes. Qui dit mieux ! Mais revisitons la suite.
Venons-en à l’objectivité
On ne change pourtant pas une équipe qui gagne. Comment un directeur peut-il “révoquer” une équipe à l’origine d’une performance aussi exceptionnelle qu’inédite ? Ce directeur est-il aussi réaliste dans ses prises de décisions ? Ou est-il mu par un esprit enclin à la vengeance ? La nouvelle équipe, qui chasse la première, auteure d’un résultat aussi flamboyant, sera t-elle à la hauteur ? Autant de questionnements qui jettent l’anathème sur Amadou Konaté et ses sbires.
La “boucherie” a bien eu lieu dans l’antichambre de la douane. Dans un contexte de crise asymétrique, l’équipe qui relève un tel défi avec une telle performance, à souhait, dans une administration aussi affaiblie, doit avoir du bonus provenant de la chère patrie au lieu de recevoir des foudres du chef ou du prince du jour. Et c’est des nouveaux cadres qui bénéficient de la main experte du directeur général en brandissant comme un trophée de guerre des réalisations des patriotes sincères, gros travailleurs, mis presqu’à la porte. “Décidément, le Malien est devenu méchant, égoïste et hypocrite” analyse cet inspecteur des impôts lui aussi victime d’une telle immaturité de décision.
Il est aujourd’hui regrettable de constater que des gabelous, qui avaient été dubitatifs dans certaines structures, soient promus sur un réceptacle de rempart.
Et quand des amis se félicitent et se congratulent, c’est la fête des vainqueurs, à défaut d’être la joie au village, qui est consommée.
Le DG n’a pas dit si c’est la floraison des produits pétroliers d’importation qui a influé sur son quota ou si des avances ont été faites à la douane pour gonfler le chiffre. Les Maliens ont besoin de la classification, poste par poste, mieux étayée, plus transparente, et non d’une globalité de chiffres, de surcroît, entre amis intimes, notamment le ministre et son tuteur, où tout peut se tramer pour dissimuler des défaillances.
Nous sommes dubitatifs et même pessimistes quant à la bonne foi du directeur général relativement aux nominations puisqu’il destitue l’équipe actrice auréolée de record en déléguant sa confiance à de nouveaux arrivants dont certains sont presque des inconnus. Dont acte ! Faut-il conclure qu’il s’agit de copinage, de clientélisme ou d’affinité parentale dans cette vague de nomination qui n’a pas livré tous ses secrets ? Gageons que le temps est meilleur juge !
Issiaka SIDIBÉ
Le Matinal