A moins de 40 ans, le colonel Assimi Goïta devient le président de la Transition au Mali. Le premier responsable de l’ex Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) a été, en plus de la Cour constitutionnelle du Mali, validé par la communauté internationale à travers la CEDEAO même si celle-ci a suspendu le Mali de ses institutions. Le colonel est donc l’espoir de tout le peuple malien. Les attentes sont nombreuses. Elles sont, entre autres, la victoire de l’armée malienne sur les forces du mal, les réformes politiques et institutionnelles nécessaires, la résolution de la crise sociale en ayant une solution à la grève de l’UNTM et d’autres syndicats, le dialogue entre les Maliens, la cohésion sociale entre tous les enfants du pays, l’organisation d’élections générales crédibles et transparentes…Tout cela en 9 mois.
La sécurité, une priorité pour les Maliens
L’une des causes du départ du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta du pouvoir est l’insécurité grandissante au nord et au centre du pays. Ce fléau a non seulement brisé la confiance entre les populations et les autorités accusées d’être laxistes. Entre les populations, elles-mêmes, cette insécurité a créé l’amalgame, la méfiance et la haine. Et du terrorisme, on a fait face à des crises intercommunautaires dans certaines localités. Le régime IBK, n’ayant pas été en mesure de mettre fin aux tueries en masse des Maliens, a été qualifié « d’incapable ».
Face à cette menace grave sur même l’existence de la nation malienne, et après le renversement du régime IBK, beaucoup de Maliens ont trouvé qu’il fallait un militaire au pouvoir pour gagner la lutte contre l’insécurité au Mali. Le colonel Goïta, ayant été un homme de terrain et connaissant les réalités, pourrait réussir la lutte contre l’insécurité. En tout cas c’est l’espoir qu’ont des millions de Maliens. Le colonel président doit travailler au déploiement de l’armée dans les localités où elle est absente. Cela doit être suivi par le retour de l’administration dans ces localités. L’État, sous cette transition, doit pouvoir garantir la sécurité aux populations. Le vivre ensemble est tout ce que réclament les Maliens aux militaires au pouvoir.
Le dialogue entre Maliens, une nécessité !
Les responsables du CNSP ont promis, après leur putsch contre IBK, de prendre en compte les recommandations du Dialogue National Inclusif. Mais cela ne suffit pas. Le Mali a besoin encore du dialogue. Les Maliens ont besoin de se parler. Entre les politiques, il faut un vrai dialogue autour des intérêts du Mali, de l’avenir de ce pays. Les populations des zones en conflits, induites en erreur pour la plupart à cause de l’amalgame, doivent se parler. Tous les Maliens sont obligés de mettre de côté leurs différences pour privilégier le dialogue. Les autorités doivent donner ce canal aux citoyens. Le prochain premier ministre de la Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga probablement, doit, sous le leadership du colonel Assimi Goïta, rassembler les Maliens autour de l’essentiel. Il faut dialoguer. Il faut aussi chercher les solutions maliennes à la crise que traverse ce pays depuis une dizaine d’année. Et si le dialogue avec les djihadistes maliens pourrait, sans nuire à la laïcité, être la solution à la crise, il faut aller à cela. Sur l’Accord pour la paix et la Réconciliation qui suscite beaucoup de débats, sur les réformes politiques et institutionnelles à venir, il faut écouter tous les Maliens. Le colonel doit continuer les concertations sur tous les sujets importants comme il est en train de le faire depuis le renversement de Bah N’daw.
Il faut des réformes politiques et institutionnelles
Hommes politiques et acteurs de la société civile, tout le monde est unanime sur le fait que le Mali a nécessairement besoin d’énormes réformes politiques et institutionnelles avant les élections générales à venir. La mauvaise organisation des élections fait aussi partie des malheurs du Mali. Sous IBK, les élections législatives de 2020, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder la vase. L’élection est organisée par le gouvernement à travers le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Ce qui met en cause sa crédibilité. Depuis le renversement du régime IBK, les acteurs politiques réclament la mise en place d’un organe unique de gestion des élections.
Le prochain gouvernement de la transition doit tout mettre en œuvre pour la mise en place de cet organe. Des efforts doivent également être fournies pour la relecture de la charte des partis politiques. N’étant pas politique, le colonel Assimi Goïta est condamné aussi à réussir la révision de la constitution de 1992.
Toutes ces réformes sont, à notre avis, nécessaires avant l’organisation des élections. Si aller au-delà des 18 mois de transition et réussir ces reformes permettrait l’organisation d’élections libres et transparentes, il faut le faire.
La lutte contre la corruption et la délinquance financière
« Quand le Colonel Assimi Goita a demandé que soient poursuivies les personnes qui ont détourné une partie de l’argent destinée à la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM) après la diligence d’un audit, il n’a pas été entendu. Lorsque le Vice-Président a demandé à ce qu’une enquête soit ouverte pour poursuivre les délinquants en col blanc du régime IBK, cela ne s’est pas fait, il a été bloqué dans son initiative par Ba N’daw », tels sont les propos du conseiller spécial du colonel Assimi Goïta rapportés par Youssouf Mangara de Ouverture média.
Maintenant que le colonel Goïta est président de la Transition, il n’y a personne qui va le bloquer dans l’arrestation des voleurs de la République. Personne également ne pourra l’empêcher à poursuivre les personnes qui ont détourné une partie de l’argent destinée à la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). Tous les Maliens ont donc le regard fixé sur lui. Il est condamné de gagner le pari de la lutte contre la corruption. Et l’arrestation des personnalités civiles et militaires impliquées dans le détournement de l’argent destiné à l’armée ne sera qu’une question de temps si le discours du colonel Goïta est sincère.
Bref, le colonel Assimi doit faire de la refondation du Mali du Mali une réalité.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali