Finalement, les partisans d’une réconciliation nationale entre les anciens acteurs de la scène politique et les jeunes des partis politiques de la mouvance présidentielle ont organisé leur meeting, le samedi 21 mai.
Mais tout en ignorant un acteur clé sans lequel ceux qui crient aujourd’hui n’allaient jamais goutter aux délices du pouvoir. IBK et ses thuriféraires de circonstance doivent tout à Amadou Haya Sanogo et son CNRDRE. Sans le coup d’Etat du capitaine Amadou Haya Sanogo, Ibrahim Boubacar Keita ne sera jamais président du Mali (son donneur de pouvoir «sababou», c’est Haya qu’on le veuille ou non, c’est ça la vérité tout court.
Un groupuscule d’opportunistes, agitateurs, des femmes et des hommes de toutes les sauces du landerneau politique malien a fait de son cheval de bataille la réconciliation pour que tous les fils du Mali se retrouvent pour laver le linge sale en famille au grand bonheur de la population malienne.
Certes, l’idée d’une telle démarche à réconcilier les cœurs et les esprits après tant d’années de déchirures entre les hommes politiques qui continuent encore de raviver la haine entre les Maliens est louable.
Et elle doit être encouragée, soutenue par tous ceux qui veulent que le Mali sorte de cette situation honteuse afin de faire face aux vrais problèmes de développement et épris de paix et de justice. Mais quand elle vient des gens animés de mauvaise foi, d’esprit d’exclusion et par la seule volonté de réaliser des bénéfices sur l’argent de l’organisation de la rencontre, il faut dire que le processus de réconciliation enclenché par le meeting du 21 mai est mal parti.
Si c’est vrai que la réconciliation est l’action de réconcilier des personnes brouillées, il y va de soi que l’ancien président du CNRDRE, le général Amadou Haya Sanogo, en détention à Sélingué, à 140 km de Bamako, figure sur la liste des anciens chefs de l’Etat du Mali dont les bustes inondaient la salle Bazoumana Sissoko du palais de la Culture Amadou Hampaté Ba.
Même si on ne lui ne connaît pas ce statut, il a dirigé le Mali du 22 mars2012, date de son coup d’Etat au 16 avril 2012, date à laquelle le président de l’Assemblée nationale Dioncoundé Traoré a prêté serment pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Et c’est par lui que les émissaires de la CEDEAO sont passés pour négocier le retour à l’ordre constitutionnel qui a permis à Dioncounda Traoré de diriger la transition au-delà de l’intérim de 40 jours, prévu par la Constitution du 25 février 1992 mais aussi de donner l’occasion à la France de déposer armes et bagages dans notre pays pour une nouvelle colonisation.
Aussi, est-il important de rappeler que ceux qui crient aujourd’hui réconciliation en excluant le général Amadou Haya Sanogo doivent savoir que c’est grâce à son action du 22 mars 2012 qu’ils profitent des délices du pouvoir et changent de postes dans l’administration comme des papillons qui volent d’une fleur à une autre.
Ils doivent reconnaissance, respect et considération au général Sanogo, incarné par le fait d’un groupe d’aigris et profiteurs qui entoure le président IBK et lui empêche de voir les réalités sur le terrain. Ces gens- là sont parvenus à l’isoler de son peuple et à le maintenir dans une sorte de tour d’ivoire taillée à sa mesure pour qu’eux seuls profitent des richesses du pays.
Ironie du sort, tous ceux qui combattent l’homme du 22 mars 2012 se précipitaient nuitamment à Kati où ils faisaient le tour de la ville garnison pour échapper aux yeux indiscrets avant d’être reçu le président du CNRDRE. L’homme politique, qui a été cueilli dans la tenue d’Adam et d’Eve dans un cimetière de Bamako, ne dira pas le contraire.
Une réconciliation au Mali sans le général Amadou Haya Sanogo, l’homme sans lequel IBK ne serait jamais à Koulouba est vouée à l’échec. Les organisateurs de cette farce doivent comprendre que l’un des vœux le plus ardent du peuple malien et de son président est une réconciliation nationale de tous les enfants du Mali et non une réconciliation dont les fondements reposent sur l’exclusion d’une partie du peuple.
Safounè KOUMBA
Source: L’Inter de Bamako