soldats tchadien
Le Tchad n’aura pas mis du temps pour passer à l’acte. Tout comme il est arrivé précipitamment dans la fournaise malienne, un contingent tchadien représentant 700 soldats, est retourné au pays et environ 400 véhicules ont également été rapatriés à l’occasion. Aussitôt dit, aussitôt fait, serait-on tenté de dire. C’est vrai que le Parlement tchadien avait voté le retour des troupes engagées sous le coup de l’urgence au Mali mais on ne se doutait pas que les choses iraient si vite.
En ce qui concerne les raisons de ce retrait soudain, on peut penser que la situation intérieure tchadienne avec les suspicions de complot contre le chef de l’Etat, Idriss Deby Itno, y est pour quelque chose. En effet, Idriss Deby a peut-être jugé utile de rappeler du front malien ses éléments que beaucoup d’observateurs qualifient comme étant les meilleurs, en vue d’assurer sa propre sécurité.
Le faste accueil qu’il a réservé à ces soldats qui rentrent du front est aussi pour lui une occasion de reprendre des couleurs en ces moments difficiles où son régime est quelque peu secoué par cette histoire de présumée tentative de coup d’Etat militaire. On peut également imaginer que le Tchad se dépêche de retirer ses soldats parce que la mission est accomplie et que la note du maintien de ce contingent est salée pour le pays.
En tous les cas, les dépenses pour le maintien de ces soldats au front sont énormes et le Tchad n’est probablement pas enclin à continuer à les supporter, lui qui n’était même pas censé être en première ligne de cette opération et qui a dû pallier la déplorable nonchalance pour ne pas dire l’incapacité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans le déploiement de ses troupes dans l’urgence au Mali. A cela, s’ajoute cette guéguerre entre le Nigeria et le Tchad au sujet de la future mission onusienne au Mali, chacun des deux Etats revendiquant le commandement.
Il y a donc plusieurs hypothèses en ce qui concerne les raisons de ce retrait soudain de soldats tchadiens du Mali. Il y a peut-être un peu de toutes ces raisons dans ce qui est arrivé. Maintenant, quelques inquiétudes liées au fait que le Mali n’est pas encore sécurisé restent et d’aucuns se demandent si c’était vraiment le moment pour le Tchad de retirer autant d’hommes du front.
Certes, on peut comprendre ces inquiétudes, mais force est de reconnaître que la phase des combats intenses semble bel et bien finie et qu’on a désormais affaire à quelques attaques sporadiques menées contre telle ou telle cible par les rescapés des bandes terroristes. Ceci entendu, le travail relève désormais beaucoup plus du domaine du renseignement. De toute façon, quelques soldats tchadiens devraient rester sur le terrain, si tant que le principe de leur participation à la force onusienne est d’actualité.
Pour ce qui est du bilan de leur mission au pays de Soundjata Kéita, il y a lieu de rendre hommage aux soldats tchadiens. De toutes les troupes nationales engagées au front à ce jour, ils auront payé le plus lourd tribut. Mais, ils auront réussi à dompter le combien difficile massif des Ifoghas avec en prime les têtes de Moctar Belmoctar et de son non moins sinistre compère Abou Zeid. Les barbouzes tchadiens auront ainsi fait preuve d’une vaillance au combat dont tout peuple serait fier.
On peut certainement reprocher beaucoup de choses au pouvoir de Deby, mais dans le cas d’espèce, il aura mené le bon combat. A l’heure des bilans d’étapes et où certains d’entre eux rejoignent la mère patrie, les soldats tchadiens peuvent être fiers d’avoir, au bout des énormes sacrifices consentis, fortement contribué à restaurer l’intégrité territoriale d’un autre Etat africain frère, le Mali.
L’histoire ne devra pas manquer de saluer les hauts faits d’armes de ces farouches combattants qui n’auront pas marchandé leur mission sur le terrain, qui auront su, au moment où les troupes des Etats membres de la Cédéao traînaient les pieds pour diverses raisons plus ou moins avouables, répondre présents à l’heure de descendre avec leurs collègues français, au fond de la fournaise du septentrion malien.
Chapeau bas, messieurs !
Le Pays