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Retrait de la fiche individuelle : Le cauchemar des nouveaux bacheliers

Certains passent la nuit devant les bureaux du Ravec pour figurer sur la liste du petit nombre de personnes retenues par jour. Sans le précieux sésame, les futurs étudiants ne peuvent s’inscrire dans certaines universités ou même postuler à des concours

 

Un vent de panique souffle chez les nouveaux bacheliers en quête de fiche individuelle du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec). Et pour cause, ils n’arrivent pas à obtenir facilement ce document exigé pourtant pour l’inscription dans certaines universités ou pour figurer sur des listes de candidatures dans certains concours. Pour jauger la situation, il suffit de faire le tour des sites de Ravec dans les mairies des différentes communes. La pilule a du mal à passer chez les futurs étudiants qui s’accommodent mal de la situation qu’on leur impose, si l’on en juge par leurs récriminations contre les difficultés à obtenir le précieux sésame.

Devant la mairie de la Commune III, une foule de bacheliers se masse à l’entrée principale. Chacun est muni d’un acte d’état civil (carte d’identité, extrait d’acte de naissance) pour se faire recenser. Malheureusement, ils vivent un véritable parcours de combattant car ici il y a la limitation du nombre de personnes à enrôler. Car le processus est complexe et demande une plus grande attention des équipes d’enrôlement pour éviter les erreurs dans les informations à introduire dans la base de données. Afin de figurer parmi les personnes retenues dans la journée, certains passent la nuit pour avoir la chance de figurer parmi les premiers sur la liste. Et l’enrôlement est fait seulement les lundis.

La longue attente- Les autres jours sont consacrés au dépôt, autrement dit au retrait de la fiche individuelle avec une pièce d’état civil après avoir été recensé. Les personnes enrôlées avant la majorité figurent déjà dans le fichier (la base de données). Elles se présentent donc juste pour faire le dépôt. Il leur est fourni des tickets avec lesquels, elles reviennent 24 ou 48 heures après pour le retrait de la fiche individuelle.

Djénéba Djiguiné est une nouvelle bachelière âgée de 19 ans. Elle patiente dans une longue file. Elle raconte son calvaire. «Je cherche ma fiche individuelle depuis plus 4 semaines. Je crains de ne pas l’avoir à temps pour candidater dans un concours dont la date limite de dépôt des dossiers de candidatures approche à grands pas. On me donne invariablement des rendez-vous sans me satisfaire», confie-t-elle.

Fodé Kouyaté est aussi bachelier. Il joue des coudes pour le dépôt et explique être présent sur les lieux depuis 4 heures du matin. Il était 116è sur une liste qui comporte plus de 500 personnes. Il souhaite disposer de sa fiche individuelle pour ne pas vivre des rejets de dossiers dans les concours et autres inscriptions universitaires.

Quant à Mohamed Doumbia, il laisse paraître des signes de fatigue sur le visage parce qu’il patiente depuis des heures pour se faire enrôler. Il veut obtenir une fiche individuelle pour établir un passeport. Il explique être en train de constituer ses dossiers pour aller à l’étranger et y poursuivre les études supérieures. Ce jeune bachelier exprime son mécontentement face à longue attente pour se faire enrôler. Cela peut durer parfois des semaines. Il révèle pourtant avoir passé une nuit avec d’autres bacheliers, la semaine d’avant, pour être parmi les premiers sur la liste. «On nous a expliqué que pour l’enrôlement c’est seulement les lundis. Ce qui explique l’attroupement», détaille Mohamed Doumbia.

Pièces d’État civil non conformes- Mamadou Coulibaly, responsable de la Cellule technique d’accueil citoyen (Cetac) en Commune III, explique que des tickets sont distribués aux personnes qui font les dépôts pour revenir un ou deux jours après retirer leurs fiches individuelles. Il explique que sa cellule distribue au moins entre 400 à 700 tickets par jour et s’érige en faux contre les accusations de mauvaise organisation de ses équipes. Il cite à titre d’exemple certains cas, notamment ceux des personnes enrôlées en 2009 alors qu’elles n’avaient pas la majorité (elles avaient entre 8 et 12 ans).

Certaines parmi elles ont été enrôlées de nouveau sur la base de nouvelles pièces d’état civil (extraits d’acte de naissance, cartes d’identité). Elles nous reviennent munies de ce nouveau récépissé, qui malheureusement ne devrait pas être délivré parce que le recensement se fait une seule fois. Souvent aussi les pièces d’état civil présents ne sont pas conformes aux données déjà enregistrées. Voilà qui explique, dit-il, la difficulté pour elles d’obtenir le document de certaines personnes.

Ceux qui se trouvent dans cette situation doivent forcément attendre plus longtemps, souligne notre interlocuteur qui pointe un autre problème. Certains élèves, après des échecs répétitifs au baccalauréat, optent pour le jugement supplétif en vue de réduire leur âge, développe le chef de la cellule tout en confirmant la complexité qui nécessite de réduire le nombre des personnes à enrôler par jour.

à la mairie de la Commune II, Moussa Sissoko, 18 ans, affichait un large sourire au coin des lèvres parce qu’il venait d’obtenir sa fiche individuelle. Les agents, selon lui, ne font pas correctement leur job et pratiquent la discrimination. Une responsable de la Cetac de la circonscription rejette en bloc ces accusations. «Même pour le dépôt, une fois un nombre atteint, on reporte au lendemain», corrige-t-elle en justifiant les privilèges accordés à certaines personnes par l’urgence de traiter ces cas.

Au niveau de la mairie de la Commune IV, nous assistons à une vive discussion entre un agent de la Cetac et un jeune homme. L’agent explique que le jeune homme s’est présenté avec un récépissé qui lui a été délivré après un deuxième enrôlement. Sa fiche individuelle lui a été remise sur la base des informations disponibles dans la base de données et il n’est pas content de cette situation. Cette situation est symptomatique des difficultés rencontrées par les équipes de recensement à faire comprendre aux gens que le Ravec se fait une seule fois.

Baya Traoré

Source : L’ESSOR

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