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Retour à la case départ : Le M5-RFP et les leçons d’une Transition tumultueuse

Le 18 août 2020 reste gravé dans les mémoires comme un tournant majeur dans l’histoire politique du Mali. Ce jour-là, un régime démocratiquement élu, celui du défunt Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a été renversé, sous la double impulsion des manifestations populaires menées par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) et l’intervention décisive des militaires dirigés par le Colonel Assimi Goïta, aujourd’hui promu général de l’armée. Cette période tumultueuse, caractérisée par une convergence d’intérêts entre civils et militaires, semblait promettre un avenir meilleur pour le pays. Pourtant, quatre ans plus tard, le constat est amer : le M5-RFP se retrouve totalement absent des cercles du pouvoir, laissant place à des interrogations sur son rôle et son avenir politique.

L’éclipse du M5-RFP : une chute programmée ?

Bamada.net-Absent du gouvernement de la Transition depuis le limogeage de Dr Choguel Kokalla Maïga, le M5-RFP paie le prix de ses contradictions internes et de ses ambitions mal coordonnées. Une coalition qui se voulait porteuse des aspirations populaires s’est progressivement délitée sous le poids des rivalités personnelles et des désaccords stratégiques. Les membres clés de ce mouvement hétéroclite, naguère perçus comme les fers de lance du changement, se retrouvent aujourd’hui soit marginalisés, soit confrontés à des ennuis judiciaires ou contraints à l’exil.

 

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L’une des figures emblématiques de ce mouvement, l’Imam Mahmoud Dicko, initialement perçu comme un leader charismatique et rassembleur, vit désormais en exil. D’autres acteurs majeurs, tels que Clément Dembélé et Issa Kaou Djim, sont derrière les barreaux, tandis que Maître Mohamed Aly Bathily, après plusieurs mois de détention, vient à peine de recouvrer sa liberté. Oumar Mariko, autre figure influente, a choisi de s’exiler à son tour. Cette déroute collective invite à se demander si les architectes de la chute d’IBK ne subissent pas aujourd’hui une sorte de justice immanente, un “karma politique”.

Des promesses non tenues

Si le M5-RFP a été porté par des revendications légitimes, notamment la justice pour les victimes des événements tragiques des 11, 12 et 13 juillet 2020, force est de constater que ces promesses sont restées lettre morte. Sous le gouvernement dirigé par ce mouvement, le pays a non seulement continué de souffrir de l’insécurité chronique qui gangrène le Sahel, mais a également connu des crises énergétiques sans précédent, plongeant de nombreux foyers dans l’obscurité. Les aspirations à un “Mali Kura” (un nouveau Mali) se sont heurtées à une réalité bien plus complexe, alimentant une désillusion généralisée parmi les citoyens.

Leçons d’un parcours tumultueux

L’histoire récente du M5-RFP offre plusieurs enseignements précieux. D’abord, elle illustre les dangers des alliances opportunistes dépourvues de vision commune à long terme. Ensuite, elle rappelle que le renversement d’un régime démocratiquement élu, aussi imparfait soit-il, constitue une entreprise risquée qui peut facilement se retourner contre ses instigateurs. Enfin, elle souligne l’importance de la cohésion et de la discipline au sein des mouvements politiques, sans lesquelles même les causes les plus justes risquent de sombrer dans l’oubli.

Un avenir à reconstruire

Alors que la Transition touche à sa fin et que le pays se prépare à des élections présidentielles cruciales, il est impératif que tous les acteurs politiques tirent les leçons de ces événements. La stabilité et le développement du Mali passent par une réconciliation nationale sincère et une adhésion collective aux principes démocratiques. Plus jamais le pays ne doit sombrer dans les méandres des coups d’État, qui, bien qu’applaudis par une partie de la population au départ, n’apportent souvent que division et incertitude.

Les militaires : un bilan mitigé

Les autorités militaires, qui jouissent encore d’un large soutien populaire, ont accompli des progrès notables, notamment dans le renforcement de la puissance de l’armée malienne. Cependant, ces avancées doivent s’accompagner d’un transfert pacifique et ordonné du pouvoir à des dirigeants démocratiquement élus. L’éthique de responsabilité exige que les militaires honorent leur engagement envers le peuple malien et permettent l’émergence d’un État véritablement républicain et démocratique.

 

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Le parcours chaotique du M5-RFP doit servir de leçon, non seulement aux acteurs politiques, mais aussi à l’ensemble du peuple malien. Il est temps de tourner la page des divisions et des rancœurs pour construire un avenir commun, fondé sur le respect des institutions et des valeurs démocratiques. La rédaction de Bamada.net, fidèle à son rôle d’observateur impartial, invite chaque Malien à méditer sur ces événements et à s’engager résolument en faveur de la paix et de la stabilité.

 

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Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

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