La Coalition nationale « Publiez ce que vous payez » démontre que l’implantation des sociétés et entreprises minières n’a pas fait que du bien sur le quotidien des communautés locales. Et formule des propositions
Les revenus fiscaux générés par le secteur miner ne profitent pas efficacement aux communes riveraines des mines, constate une étude publiée par la Coalition nationale « Publiez ce que vous payez » (PCQVP). Les résultats de cette étude ont été rendus publics jeudi par les responsables de la Coalition au cours d’un point de presse animé au centre Aoua Keita. Cette étude a été menée sur les deux zones de concentration minière au Mali : les régions de Kayes et de Sikasso.
Le document est l’aboutissement de deux années de recherche sur les différents sites miniers. L’étude établit le paradoxe dont souffre le secteur minier malgré l’apport inestimable des entreprises au profit des collectivités. Elle détermine également des pistes d’amélioration via des recommandations et interpellations adressées aux différents départements sectoriels. Les auteurs du document tiennent l’activité minière comme responsable des bouleversements intervenant au sein des communes riveraines. En initiant cette étude, la coalition entend jouer son rôle d’éducateur et d’éveil de conscience. L’organisation entend avertir l’opinion publique nationale et internationale que l’implantation des sociétés et entreprises minières n’a pas fait que du bien sur le quotidien des communautés locales, a expliqué le secrétaire administratif de la coalition, Abdoul Wahab Diakité. Il a néanmoins reconnu l’impact positif de l’industrie minière à travers la construction d’infrastructures scolaires, sanitaires ou même hydrauliques. Cependant ces actions ne doivent occulter les méfaits de l’implantation des mines dans ces zones, a-t-il souligné.
Les dégâts en matière de respect des droits de l’homme, l’accès à la terre, la destruction du couvert végétal, la déperdition et le déséquilibre social, la perte des valeurs culturelles, la cherté du coût de la vie créant une forte paupérisation des populations, la pollution sont autant de tares engendrées par l’activité extractive, a énuméré le secrétaire administratif de la coalition.
Le trésorier de l’organisation, Issaka Fofana, souhaite que l’exploitation minière soit l’apanage d’une politique nationale cohérente en lien avec le développement local et une exigence forte de la décentralisation. La coalition n’a pas l’intention de s’opposer à la vision des plus hautes autorités mais de militer pour qu’une activité d’une telle ampleur sur l’environnement soit étudiée et analysée avec l’implication effective de tous les acteurs. Issaka Fofana a souligné la responsabilité centrale de l’Etat dans la préservation du sort des générations futures. Il propose, par conséquent, d’utiliser les ressources minières dans la mise en œuvre de projets de développement durable.
Le coordinateur de la Coalition, Samou Coulibaly, expose une autre alternative. Les mines participent certainement au développement communautaire mais leur sollicitude cadre mal avec les aspirations des populations. Les actions de développement communautaire devraient, préconise-t-il, s’inspirer du Plan de développement sectoriel (PDSEC) qui constitue un document de référence en matière de décentralisation dans notre pays.
Samou Coulibaly propose une refondation des textes régissant les collectivités et déplore l’absence d’une ligne budgétaire qui, de son point de vue, favorise la mauvaise gestion des ressources générées par les mines au profit des collectivités et se trouve à la base des malversations et des incohérences budgétaires. « Chaque année, les mines versent bon an mal an, une manne financière d’environ 500 millions de Fcfa aux communes. Le constat est que cet argent ne sert presqu’à rien au regard du retard de développement de ces entités. Il est difficile d’établir une traçabilité de ces ressources. Et les contributions volontaires sont effectuées par les mines à travers un mécanisme d’opacité qui ne favorise nullement une quelconque transparence », a souligné Samou Coulibaly.
La Coalition « Publiez ce que vous payez » est un réseau d’une vingtaine d’organisations de la société civile créée en avril 2008. Un Mali riche de ressources naturelles dont l’exploitation bénéficie de façon équitable à tous les citoyens aujourd’hui et demain, telle est sa vision pour le secteur minier.
L. DIARRA