Après la campagne menée contre la CÉDÉAO, la France et la MINUSMA, l’arrestation de 49 soldats ivoiriens sur le sol malien vient relancer la question du rôle des réseaux sociaux dans la gestion du quotidien des peuples.
S’ils ont eu le mérite de mettre fin à la monopolisation de l’information par l’appareil d’Etat, les réseaux sociaux n’en demeurent pas moins un sujet de préoccupation à cause de la qualité des infos et des propos qu’ils charrient. Constituent-ils un danger pour la paix et la stabilité ou une menace à prendre au sérieux ? Pour bon nombres de personnalités politiques, religieuses, de leaders d’opinions ou de citoyens lambda, les réseaux sociaux sont devenus un cauchemar. Frisant le lynchage, ces personnalités sont agressées parfois jusque dans leur intimité sur lesdits réseaux. Champ de prédilection des manipulateurs, opportunistes et autres acteurs de la vie publique en manque de popularité, les réseaux sociaux sont devenus un fourre-tout où la dramatisation et les Fake news se disputent le podium sur fond de propos attentatoires à l’humilité et d’abandon du respect mutuel qui auparavant étaient des vertus.
La publication de la dépouille d’un religieux froidement assassiné, tout comme les propos désobligeants proférés à l’encontre de nombreuses personnalités, illustrent la violence verbale qui semble devenir le mode d’expression privilégié sur les réseaux sociaux. Avec la vague d’instabilité qui sévit particulièrement dans la sous-région, l’activité sur les réseaux sociaux a franchi un nouveau palier. Sous prétexte de soutenir une cause ou une action, slogans hostiles et attaques virulentes ont inondé les réseaux, à telle enseigne que le citoyen se retrouve dans une situation où il est plus confus qu’informé. Au regard de la polémique entretenue par les réseaux sur fond de dramatisation et d’incitations à peine voilés à toutes les formes d’excès, on peut (sans risque de se tromper) affirmer qu’ils ne rendent pas un grand service à la cohésion et à la stabilité sociales dans notre pays, ni à la nécessaire fraternité entre le Mali et ses voisins. Un constat bien déplorable.
Bakary Sangaré
Source: Les Échos