Les récentes attaques des groupes armés terroristes contre des positions des Forces armées maliennes et des éléments d’un groupe armé signataire de l’Accord pour la paix au Mali ravivent le débat au sein de l’opinion nationale. Une nette dégradation de la situation sécuritaire alors que Barkhane et Takuba ont officialisé le début de leur retrait, il y a quelques semaines.
Mondoro, Tamalat et Insinanane, ces trois villages maliens à la lisière du Burkina Faso et du Niger voisins résonnent fort du fait des attaques perpétrées contre des camps militaires qu’ils abritent par des hommes armés qualifiés des terroristes.
Perpétrées contre des positions des Forces armées maliennes d’une part, et contre des éléments du groupe armé du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), signataire de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger de mai 2015 d’autre part, ces différentes attaques accroissent l’inquiétude des populations qui craignent le retour à la case de départ dans ce climat sécuritaire encore fragile au Mali.
Si l’attaque contre la position des FAMa à Mondoro, le 4 mars dernier, a fait un bilan de 27 morts, 33 blessés dont 21 graves coté FAMA contre 70 terroristes neutralisés, à Tamalat et Insinanane, ce sont plusieurs dizaines de civils et des ex-combattants du groupe armé signataire de l’Accord pour la paix qui ont été tués, les 9 et 10 du mois en cours, dans la région de Ménaka.
Au sein de l’opinion nationale, certains essaient d’interpréter le regain de ces différentes attaques qualifiées de terroristes contre les militaires maliens au front. Pour ceux-ci, ce recul sécuritaire qui coïncide avec le départ réclamé et obtenu de la force française Barkhane et de ses partenaires Takuba ne semble pas anodin.
Des interrogations
L’Armée malienne ferait-elle l’objet d’un coup orchestré par la France ? Pourquoi les responsables de la CMA continueraient-ils à durcir le ton sur l’application globale de l’Accord ? Auraient-ils demandé au général Elhadj Gamou de regagner leur rang afin de combattre ensemble les FAMa dans la zone de l’Azawad ? Peut –on dire qu’ils bénéficieraient du lobby de la France dans ce supposé projet ? Autant d’interrogations qui taraudent les esprits de nombreux observateurs maliens, selon lesquels, depuis l’annonce du retrait des forces françaises du Mali, la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer.
Il faut rappeler que ces récentes attaques sont perpétrées dans la zone des trois frontières. Une région où, selon Barkhane, les autorités maliennes ont interdit toute opération des forces françaises.
Qu’à cela ne tienne. Ceci démontre que le groupe terroriste Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de Soutien à l’Islam et au Musulman (GSIM) d’Iyad Ag Ghali opérant dans cette partie du Mali, du Burkina Faso et du Niger signalent leur présence.
Le dimanche 13 mars dernier, sur l’axe Kaya-Dori, 12 gendarmes sont tombés dans une embuscade entre Taparko et Tougouri et 8 autres portés disparus. Sur le même axe, deux personnes ont été tuées dans l’explosion d’un bus de transport au passage sur un engin explosif improvisé, le même jour.
Mis ensemble, il est clair qu’il y a péril en la demeure.
Ousmane Morba
Source: L’Observatoire