Les affrontements entre groupes armés du Nord et l’armée malienne ont repris, hier 21 mai. Tout laisse penser que le Mali veut en finir avec les groupes rebelles. On se rappelle que l’assassinat de 36 personnes parmi lesquelles des cadres de l’administration malienne, le 17 mai dernier à Kidal, avait plongé les autorités de Bamako dans une colère noire. Le Premier ministre, Moussa Mara, avait alors déclaré que ces incidents avaient valeur de déclaration de guerre.
Bamako veut reprendre cette ville qui se comportait comme un Etat dans un Etat
Le président Ibrahim Boubacar Kéïta avait, lors de son discours, promis que ces crimes odieux ne resteraient pas impunis. Bref, le déploiement massif des troupes maliennes, environ 1 500 soldats, ces derniers jours aux portes de Kidal en disait long. Ce n’est donc pas étonnant que Bamako, face à l’humiliation subie, ait finalement fait le choix de la manière forte pour pacifier Kidal.
Et le fait d’attaquer cette ville rebelle par l’Ouest, le Nord et le Sud, ne saurait être anodin. Il ne fait pas de doute que Bamako veut, avec ou sans l’appui d’autres forces, reprendre cette ville qui se comportait comme un Etat dans un Etat.
Certes, les autorités maliennes parlent d’opération de protection des populations et de leurs biens, mais les moyens utilisés (armes lourdes) ne trompent pas. On ne peut pas cacher le soleil avec un doigt, et Bamako ne peut, au regard des moyens mobilisés et la stratégie mise en place, cacher son objectif de butter les groupes armés qui écument Kidal et sa région.
Il s’agit bel et bien de contrôler Kidal, de ramener cette ville septentrionale dans la République. A force de souffler le froid et le chaud, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’est aliéné la sympathie de nombreuses personnes. Il s’est beaucoup écarté du chemin du dialogue, de la réconciliation et de la paix.
Car ses actes sont loin des valeurs qu’il prône. Il aura d’ailleurs fait plus de mal au Mali que tout autre mouvement islamiste. D’Aguelhok à Kidal, il a souillé ses mains et ses pieds du sang des soldats et civils maliens dont certains ont été égorgés comme de simples poulets.
A vrai dire, il aura commis les crimes les plus odieux depuis l’occupation du septentrion malien par des groupes rebelles. Et cela, Bamako en est consciente.
Un nouvel acte de la guerre du Mali se joue dans le Nord du pays
En tout cas, l’heure semble venue pour la république de régler ses comptes avec le MNLA et compagnies. On ne peut pas défier permanemment un Etat sans en payer les frais un jour. Les derniers assassinats à Kidal ont certainement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Sans jouer les Cassandre, le MNLA risque fort de perdre beaucoup de plumes dans ce combat, même si dans cette première phase des hostilités, il semble avoir le dessus sur le terrain. Il est évident que l’armée malienne qu’il a passé son temps à défier, à humilier, fera tout pour laver l’affront. La communauté internationale que le MNLA dit avoir saisie en vue d’obtenir un cessez-le-feu immédiat, saura-t-elle agir à temps ?
En mettant en avant la protection des populations civiles, le MNLA ne cherche-t-il pas à berner cette communauté internationale ?
En tout cas, sa réaction ressemble plus à une ruse de guerre qu’à autre chose. S’il se souciait autant de la vie des populations civiles, pourquoi a-t-il enlevé et tué froidement des cadres de l’administration malienne ?
Par ailleurs, l’armée malienne qui semble déterminée à en finir avec le MNLA acceptera-t-elle un cessez-le-feu ?
Rien n’est moins sûr. Sauf si elle est mise en déroute. Ce qui n’est pas à exclure car cette armée malienne n’a jamais réussi à vaincre ces mouvements rebelles.
Et pour preuve, jusqu’à hier 18h, les combattants rebelles avaient réussi à repousser l’assaut des soldats d’IBK et ont même repris le contrôle de la totalité de Kidal.
Rien d’étonnant car le MNLA est capable de signer un pacte même avec les différents groupes jihadistes pour défaire l’armée malienne et il en a les moyens. Ainsi, un nouvel acte de la guerre du Mali se joue depuis hier dans le Nord du pays. Jusqu’où ira-t-il ?
En attendant, une chose semble évidente. Cette reprise des hostilités, on la voyait venir. Elle n’est rien d’autre que la résultante des atermoiements, des louvoiements et de l’hypocrisie des uns et des autres.
Source: Le Pays.bf