La France va reprendre ses opérations conjointes avec les Forces armées maliennes, après avoir suspendu sa coopération bilatérale à la suite d’un second coup d’État au Mali en mai, a annoncé vendredi soir le ministère des Armées françaises. Elle a environ 5.000 militaires déployés au Sahel.
« À l’issue de consultations avec les autorités maliennes de Transition et les pays de la région, la France prend acte des engagements des autorités maliennes de Transition » endossés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et, a « décidé de la reprise des opérations militaires conjointes ainsi que des missions nationales de conseil, qui étaient suspendues depuis le 3 juin dernier », a fait savoir Paris dans un communiqué.
Après un deuxième putsch en neuf mois qui a fait du Colonel Assimi Goïta, le chef de cet État crucial pour la stabilité au Sahel, la France avait déclaré, il y a un mois, suspendre les opérations conjointes avec les Forces maliennes, avec lesquelles elle coopère depuis des années contre les djihadistes. Les militaires avaient poussé à la démission en août 2020 le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Les putschistes s’étaient ensuite engagés sous la pression internationale à une période de Transition limitée à 18 mois et conduite par des civils. Mais le 24 mai dernier, le Colonel Goïta, resté le véritable homme fort de la Transition, avait foulé aux pieds ce, en faisant arrêter le président et le Premier Ministre. Il s’est, depuis, fait proclamer président de la Transition par la Cour Constitutionnelle.
« La France reste pleinement engagée avec ses alliés européens et américains, aux côtés des pays sahéliens et des missions internationales », pour combattre les groupes djihadistes qui sévissent au Sahel, a conclu vendredi le ministère des Armées dans son communiqué.
Le président Emmanuel Macron a récemment annoncé un prochain désengagement progressif de la France du Sahel. La force antijihadiste française Barkhane (5.100 hommes actuellement) va disparaître au profit d’un dispositif resserré, focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales. Mais « cette transformation ne signifie pas le départ du Sahel ni que nous allons ralentir nos opérations de contre-terrorisme » dans la région, a souligné plus tôt vendredi la ministre française des Armées Florence Parly.
« Nous avons collectivement (nous) Européens, une responsabilité de sécuriser le flanc sud de l’Europe. Il est essentiel de ne pas permettre que le Sahel et plus largement l’Afrique deviennent une zone refuge et d’expansion pour ces groupes terroristes affiliés à Daech (l’acronyme arabe de l’EI) et Al-Qaïda », a-t-elle jugé. Pour réduire la voilure au Sahel, la France compte beaucoup sur la montée en puissance du groupement de forces spéciales européennes Takuba, créé à l’initiative de Paris, pour accompagner les unités maliennes au combat.
« Aujourd’hui, nous ne voyons pas d’inflexions, de réticences ou de remise en cause liées à la situation » politique au Mali, a assuré Mme Parly, estimant « d’autant plus important que nous consolidions Takuba, que nous lui voyions un rôle majeur dans les prochaines années ». Takuba rassemble aujourd’hui au Mali 600 hommes dont la moitié est constituée de Français, les autres des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens. La Roumanie s’est également engagée à y participer. Pour le moment, les autorités de la Transition n’ont pas réagi à cette annonce.
Il faut rappeler que le Président Macron avait envoyé des émissaires la semaine dernière auprès du Président Assimi Goïta. Faut-il dire que c’est à la suite de cette visite qu’une telle annonce est faite.
Bourama Kéïta
Source : LE COMBAT