Provocation, piège, incitation à la violence, amateurisme, incompétence, arrogance voire complot ! Voici les «maîtres-maux», pardon, maîtres-mots à l’origine des graves événements du samedi 02 Juin susceptibles d’avoir de profondes répercussions sociopolitiques dans un avenir très proche. Pour tout dire, le régime en place a prêté le flanc et offert au camp d’en face et sur un plateau d’argent tous les arguments et armes de sa propre destruction. Bref, il s’est fait harakiri !
Ils ont trouvé moyen de transformer une simple marche pacifique, ce qui aurait pu être un non-événement, en une émeute, voire un tournant décisif ! Il s’agissait bien d’une marche pacifique qu’aucune disposition légale ne permet au gouvernement d’interdire excepté l’état de guerre. Tel n’est le cas à l’heure actuelle.
La loi est au-dessus du Gouverneur du District, du Gouvernement et du Président de la République
Conformément à la loi N° 05-047 du 18 Août 2005 portant Charte des partis politiques du 1er août 2005, ceux de l’opposition n’étaient nullement obligés de se plier aux injonctions du gouverneur du district portant interdiction de leur marche. La loi est au-dessus du gouverneur et son article17 stipule : «les marches ou meetings de protestation ou de soutien des partis politiques, ne sont pas soumis à une autorisation préalable. Cependant, les organisateurs sont tenus d’informer les autorités compétentes au moins 48 heures avant la date de la manifestation».
Juste pour info ! Et cela a été fait ! Et tenez-vous bien : ladite loi a été votée en Août 2005 alors qu’IBK était Président de l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui Président de la République, Garant de la Constitution, des Lois et des libertés, il a commis un grave péché en cautionnant cette transgression.
Amateurisme ou complot
Même en admettant que les organisateurs de la marche soient dans un tort évident (ce qui n’est pas le cas présent), les services de l’ordre devraient faire preuve de professionnalisme et surtout ne céder à la panique et/ou à la provocation.
Soit dit en passant : l’usage de la violence profite en ce moment à l’opposition politique, pas au camp présidentiel. La violence étant par essence source de désordre, trouble et chaos, son usage est susceptible de compromettre la tenue du scrutin du présidentiel et par conséquent, de semer les graines d’un vide constitutionnel et du coup, rendre le président sortant illégal et illégitime. Car après tout, le mandat de l’actuel président de la République prend fin le 04 septembre prochain, dans trois (03) mois, jour pour jour. En suivant donc la logique de la violence et ses corollaires, le processus électoral risque donc d’être durement impacté, voire interrompu. Bref, l’option de la violence fait plus en ce moment, les affaires de l’opposition laquelle n’a absolument rien perdre, que du camp présidentiel lequel a tout a gagné et doit par conséquent faire preuve de retenue.
Vu sous ce prisme, l’on a tendance à accorder foi aux partisans du complot, ces têtes bien pensantes parvenues à la conclusion selon laquelle, le régime serait bêtement tombé dans le piège tendu par l’opposition politique : l’inciter à faire acte de violence et en tirer ensuite les dividendes ! Et les tirs à balles réelles attestent que le complot, si complot il y a, est très profond et son issue désormais fatale ! Un remake des événements de 1991 ?
L’Opposition politique désormais unifiée, solidaire, motivée et recevant de nouvelles adhésions
De la répression aveugle, inappropriée voire stupide, l’opposition se frotte désormais les mains. Elle a permis la naissance d’icônes, de véritables martyrs vivants et de héros à l’image de Mamadou Diarra dit Igor (ancien Ministre), Soumaïla Cissé (chef de fil de l’opposition) et Diallo ainsi que son parti ADP-Maliba (littéralement saccagé par les forces de…, du désordre !).
Dans la même veine, est née une Coalition Politique pour le Changement (COPAC), un groupe de partis (les PUR) jusqu’à ce jour hésitants mais désormais proche de l’opposition.
Aussi, puisque l’intervention, voire l’agression des forces du désordre a fait des victimes collatérales (du gaz lacrymogène délibéré lancé dans des familles et sur des passants), ces dernières (les victimes) sont désormais nombreuses à rejoindre les mouvements de protestation.
Autre victime collatérale et non des moindre : la presse ! Des journalistes reconnus comme tels ont été violemment agressés. Et pour dénoncer la tendance consistant à casser du journaliste, les professionnels du secteur organisent ce lundi une conférence de presse à la MP à parti de 10 heures.
Aussi, l’opinion publique internationale à travers le représentant des Nations- Unies a condamné la démarche du gouvernement malien et rappelé que la marche est un droit constitutionnel en République du Mali. On voit l’ampleur du gâchis.
Au regard de tout ce qui précède et désormais galvanisée, l’Opposition ne lâchera prise au risque de signer sa mort. Elle tient très logiquement à organiser de nouveau sa marche le vendredi 08 Juin prochain et promet de prendre les dispositions (une riposte en cas d’agression). D’ores et déjà, les organisateurs ont promis d’identifier le domicile et la famille de certains responsables. Hum ! Ainsi commence l’escalade ! Tout cela à cause d’une marche pacifique !
Le péché de l’orgueil !
L’on constate que le pouvoir en place s’est rendu coupable du plus vieux péché de l’humanité : l’orgueil consistant à vouloir prouver sa toute puissance (« je ne tolère pas ceci ou cela ; on ne me fait pas cela » !). Hélas, IBK a prêté le flanc depuis le jour où il annoncé que «BouaWili-la…» (Le Vieux s’est réveillé et ne tolérera plus certains comportements». Ses détracteurs ont ainsi continué à le conditionner travers des actes de provocation l’incitant à perdre toute retenue et sagesse ; répondant ainsi du tic au tac, tel un automate, aux provocations, tantôt des leaders politiques, tantôt des activistes du CDR de Ras-Bath !
Ce sont bien ses réaction à lui (IBK) qui, à leur tour, ont conditionné les éléments des forces de l’ordre lesquels semblent avoir agi selon l’humeur du chef et non en fonction d’ordre reçu. C’est bien connu et Moussa Traoré ainsi qu’ATT l’ont confirmé : à ce stade, le chef n’a pas besoin de donner des ordres. Son humeur le suggère à ceux qui veulent lui faire plaisir ! Et au commencement, se trouvait l’orgueil !
L’orgueil est considéré comme le plus vieux péché de l’humanité parce qu’à l’origine du refus de Satan de se soumettre à la volonté de Dieu de rendre hommage à Adam, père des hommes ! Il fut chassé du paradis et il entreprit au sortir d’Eden, de se venger des hommes à l’origine de son malheur. L’orgueil devint alors le péché capital ! Pas seulement dans le cadre religieux.
Les paroles de cette chanson du terroir sont très explicites : «ne saura ni ne pourra nous gouverner celui-là qui ne peut souffrir d’entendre mal parler de lui ou subir». Une vérité absolue valable pour tous ceux qui gouvernent ce pays ou aspirent à le faire.
En bon entendeur…
B.S. Diarra
Sentinelle