Le démarrage des cours pour la rentrée des classes 2021-2022 a été autorisé hier lundi par le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA sous le thème de la « lutte contre le changement climatique ». Excepté une poignée d’établissements, la reprise n’était pas effective dans de nombreuses écoles publiques, malgré la présence très significative des élèves.
Officiellement, les cours ont débuté ce lundi sur l’ensemble du territoire national. C’est le Premier ministre, accompagné du ministre de l’Éducation nationale qui a donné le top départ : des milliers d’élèves et étudiants retournent en classe après des vacances bien méritées.
Après le lancement par ses soins, le chef du gouvernement a vivement salué le syndicat des enseignants la synergie, le SNEC pour leur engagement pour une rentrée réussie et apaisée.
« Nous célébrons plusieurs événements. D’abord la rentrée scolaire, la réception des milliers de classes réhabilitées sur instruction du président de la transition. Avec la COP 26, nous avons symboliquement planté des arbres au nom du président de la transition », a indiqué le Premier ministre.
Par ailleurs, il a espéré que cette année scolaire serait l’une des meilleures que les Maliens auront vécues.
En outre, la délégation du Premier ministre a procédé à la plantation d’arbre conformément à l’esprit du programme : « un élève un arbre ».
« Nous souhaitons aussi que l’esprit de la plantation pour la lutte contre le réchauffement climatique soit ancré dans l’esprit des jeunes comme une mission pour tout les Maliens », a-t-il souhaité.
Au-delà du cérémonial officiel, cette rentrée est entachée par les nouvelles doléances des enseignants de la synergie. Il s’agit de la non-évaluation des élèves ; la non-prise des classes à double division, à double vacation, des classes dépassant un effectif de 50 élèves, la non-prise d’heures supplémentaires…
En dépit de la situation, dès 7 heures déjà, au Groupe scolaire « Aminata DIOP » tout le monde était au rendez-vous : les directeurs, les professeurs, les élèves et certains parents d’élèves.
Là-bas, la montée des couleurs a donné le ton de la nouvelle année scolaire. Enseignants, directeurs, élèves formant un cercle au tour du mat portant le drapeau national ont entonné l’hymne national.
Un rituel qui devrait sanctionner le début des cours.
Hélas ! Regrette Malick CAMARA professeur d’anglais, au groupe scolaire Aminata DIOP. Assis dans la cour de l’école avec certains de ses collègues, il soutient être venu juste pour faire acte de présence conformément aux consignes de leur regroupement.
« Nous sommes là, vous voyez vous-mêmes, certains élèves sont en classe, d’autres en train de se balader. Quant à nous, on est là assis. Puisqu’il y a une lettre circulaire de notre collectif qui dit qu’à partir du 25 novembre, si le salaire n’est pas payé, c’est l’arrêt immédiat des cours », a expliqué l’enseignant d’un ton rassuré.
Leurs doléances risquent de nouveau de paralyser l’année qui vient de commencer. Le professeur d’anglais en est conscient, mais il estime que l’État doit appliquer la loi (le fameux article 39). Sans cela, la responsabilité de l’échec incombera à l’État et non à leur corporation.
« Le souhait de tous est que l’année soit un succès, nous revendiquons seulement l’application d’une loi de la République ; alors le succès de l’année ou son échec ne dépend pas de nous, mais du Gouvernement ! », a-t-il déclaré.
Selon lui, la reprise effective des cours est synonyme de respect de la loi par l’État.
Une situation similaire au lycée Bouillagui Fadiga situé sur la rive gauche de Bamako où les élèves faisaient le rang pour avoir leurs fournitures scolaires, à l’image de Maïmouna SANOGO.
La jeune fille a échoué l’année dernière au BAC. Tirant la leçon de son échec, elle voulait un démarrage normal de l’année. Mais, la déception se lit dans son visage et dans sa voix.
« Je suis venue très tôt en pensant que nous allions commencer les cours. Mais, il n’y a rien. Les professeurs sont là assis dans la cour, comme si de rien n’était. Je crains que cette année encore, les cours ne soient paralysés par les grèves répétitives des enseignants », craint-elle accompagnée de son amie de quartier aussi lycéenne du même établissement.
Pour Mambe KOUYATE professeur de littérature, les lycées ne peuvent pas commencer les cours tant que les élèves n’ont pas leurs fournitures scolaires (cahier, Bic …). Celles-ci sont données chaque année par l’État et destinées aux élèves en contrepartie du paiement d’un reçu de 1000 FCFA.
« Je suis assise hors de l’école, parce qu’il n’y a pas cours aujourd’hui. On n’a pas d’abord reçu les fournitures avec lesquelles on travaille. Une rentrée se prépare quand même ! », a indiqué M. KOUYATE.
Contrairement à ces établissements publics, à l’école turque MAARIF, l’on affirme ne pas être affecté par la crise scolaire. De même, tout commence bien pour eux.
« Chez nous, tout est en place, nous avons fait déjà un tour dans nos antennes régionales. Les élèves ont répondu présents et les enseignants sont sur place également. Donc, on peut dire sans risque de nous tromper qu’en ce jour de 1er novembre les cours ont bel et bien commencé dans les écoles MAARIF », a indiqué le responsable des ressources humaines de cet établissement, Makan KEBE.
Dans ce contexte, la Coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a profité de l’occasion pour attirer l’attention des autorités sur la grève des professeurs dans certains établissements supérieurs.
En effet, les enseignants de l’Institut universitaire de gestion (IUG), de la Faculté des Lettres, Langues et Sciences du langage (FLSL) sont en arrêt de travail depuis plusieurs mois sans compter la grève de SYNESUP.
Cependant, cette rentrée est sans effet pour de nombreuses localités du pays dont les écoles sont fermées à cause de l’insécurité. A ce jour, le nombre d’écoles fermées varie entre 1 200 à 1 600 selon les rapports.
PAR AMINA SISSOKO
Source : Info-Matin