La rentrée scolaire 2022-2023 est fixée au vendredi 16 septembre 2022 à 7h30 ! C’est ce que l’opinion nationale a appris le lundi 29 août dernier par voie de presse (ORTM). Une date rejetée aujourd’hui par presque l’ensemble des acteurs de l’Ecole qui dénoncent une décision unilatérale du gouvernement.
Surprise ! C’est l’effet manifesté par beaucoup d’acteurs de l’Ecole (enseignants, syndicats, promoteurs privés, parents…) suite à la décision du gouvernement, particulièrement du Ministère de l’Education nationale, de fixer la rentrée 2022-2023 au vendredi 16 septembre 2022. Une surprise légitime d’autant plus que la décision 2021/002042/MEN-SG fixait «la reprise des cours pour l’année 2022-2023» au «lundi 3 octobre 2022». Et selon notre petite investigation durant la matinée d’hier mardi 30 août 2022, personne n’est réellement prête pour cette «rentrée précipitée» ; à part bien sûr le gouvernement.
«Autant nous avons salué le ministère de l’Education nationale pour le bon déroulement de l’année scolaire 2021-2022 et surtout la très bonne organisation des examens de fin d’année, autant nous condamnons cette décision unilatérale de reprendre les cours le 16 septembre prochain. Ce n’est pas une décision responsable compte tenu de plusieurs facteurs, notamment l’hivernage…», déplore Amadou Cissé, enseignant.
«Je ne pense pas que les écoles privées puissent êtres prêtes pour cette date. En effet, ils sont encore nombreux les promoteurs qui n’ont pas encore fini de gérer l’année scolaire 2021-2022. Et c’est maintenant que nous commençons les inscriptions pour la nouvelle année scolaire car nous pensions que la rentrée était en octobre et non en septembre», a souligné une promotrice.
«La rentrée scolaire du 16 septembre 2022 est impossible et ça ne passera pas. La décision de la rentrée doit être prise en concertation à l’ensemble des acteurs de l’école», a aussi réagi un leader syndical via les réseaux sociaux. Quant aux parents, c’est l’incompréhension totale. «Nous ne sommes pas préparés pour cette rentrée qui risque de prendre beaucoup de parents au dépourvu. On se faisait déjà des soucis pour réunir les moyens de l’inscription et de l’achat des fournitures avant le 3 octobre. Et maintenant, ils viennent nous annoncer à la télévision que la rentrée est dans 2 semaines…. Le gouvernement tient-il réellement compte de la souffrance des parents d’élèves que nous sommes», s’interroge Sy Mariam Sidibé, parent d’élèves.
«Le Mali ne se limite pas à Bamako. A l’intérieur du pays, il sont nombreux les enfants qui ne peuvent pas étudier quand il pleut parce qu’ils sont dans des abris de fortune. Et même, souvent en brousse aussi bien qu’en ville, les classes couvertes de tôles suintent. Les chemins entre les villages ne sont pas non plus praticables après une abondante pluie. Sans compter les risques (inondations, écroulement de classes mal construites…) auxquels les enfants sont exposés avant la fin de l’hivernage», rappelle Siaka Diarra, un parent d’élève joint au téléphone dans une localité du cercle de Kadiolo, près de 480 Km au sud du Mali.
Pour nos interlocuteurs, c’est le timing qui pose problème. «Ce n’est pas à deux semaines qu’on officialise la date d’une rentrée qui doit être une décision consensuelle», souligne M. Cissé. Un avis largement partagé par nos interlocuteurs.
Le ministère de l’Education nationale a énormément soigné son image par les efforts consentis pour le bon déroulement de l’année scolaire écoulée et surtout grâce à la bonne organisation des examens de fin d’année. Ce qui présageait d’une nouvelle rentrée dans un climat très apaisé et convivial. Il ne sert donc à rien de compromettre ce capital de sympathie par une décision qui ne convient pas à la grande majorité des partenaires de l’École.
C’est pourquoi, il serait raisonnable que le gouvernement revoie la date de la rentrée scolaire 2022-2023 ! Et cela dans l’intérêt de toute la nation !
Naby
Source : Le Matin