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Renouvellement du marché de vérification des importations : entre mépris des textes et délit de favoritisme

L’une des sulfureuses affaires au Mali ces derniers temps demeurent celle de l’appel d’offres de renouvellement du marché de vérification des importations. La société Webb Fontaine a été retenue comme adjudicataire provisoire du marché par la commission mise en place pour la circonstance. Curieusement, la donne a complètement changé quand la Direction générale des marchés publics (Dgmp) a privilégié l’offre financière, classant ainsi Bivac en tête et adjudicataire de ce marché. Des experts en la matière estiment que ce revirement montre à suffisance que le dossier a été monté soit par mépris des textes ou à la faveur d’un délit de favoritisme. L’épineuse question est de savoir si l’Etat va déclarer infructueux cet appel d’offres de plus de 50 milliards de FCFA.

Le programme du Centre d’exploitation technique (CET) est une initiative innovante du gouvernement malien pour procéder à l’exécution du contrôle et de la vérification des marchandises destinées au Mali, dans le souci d’assurer le respect de la règlementation ainsi que l’optimisation des recettes douanières. En effet, depuis janvier 2007, un programme similaire est exécuté sans résultat probant par la société française Bivac- Bureau Veritas Mali dont le contrat arrive à échéance le 31 décembre prochain. C’est pour remédier à ce problème récurrent que le Conseil national du patronat du Mali (Cnpm), gestionnaire de ce dossier, a procédé au lancement de l’appel d’offres international relatif au renouvellement du marché de vérification des importations de plus de 50 milliards de FCFA. Pour la circonstance, trois multinationales ont postulé: Webb Fontaine, Bivac et Crimson Logic. Conformément à la procédure, une commission de dépouillement a été mise en place afin d’examiner les offres techniques et financières des prétendants. Pour des marchés de ce genre, des experts en la matière estiment que c’est l’offre technique qui est primordiale par rapport à l’offre financière. C’est dans cette logique que la commission a rendu ses résultats qui donnaient la société Webb Fontaine en tête en termes d’offre technique, suivie de la société française Bivac-Veritas qui exécute actuellement le marché du Programme des vérifications des importations (PVI).

En clair, la société Webb Fontaine a été retenue comme adjudicataire provisoire du marché. De sources proches du dossier, il ressort que l’offre de Bivac Bureau Veritas a tout simplement été rejetée pour des «raisons majeures», notamment une garantie de soumission inférieure au seuil défini dans l’appel d’offres, l’absence d’expérience dans la réalisation de CET et surtout une offre technique qui ne répondait pas aux exigences des différentes administrations maliennes. Mais curieusement, il se trouve que la donne a complètement changé. Saisie suivant la procédure pour viser les résultats de la commission de dépouillement, la Direction générale des marchés publics (Dgmp) a privilégié l’offre financière, classant ainsi BIVAC en tête. Certaines sources proches du dossier estiment que la société française Bivac a été adjudicataire de ce marché grâce à la pression politique de l’Hexagone au détriment de l’intérêt du Mali. En tout cas, les conditions d’attribution de ce marché laissent planer des doutes.

Des zones d’ombre

La première observation qui taraude l’esprit est qu’au lieu que la commission de dépouillement, présidée par le Cnpm, attribue le marché public, c’est la Dgmp qui a décidé de l’attribution du marché. Il nous revient aussi que contrairement à Bivac, l’offre de Webb Fontaine a été déclarée recevable par la commission de dépouillement des marchés, composée entre autres d’experts de la Direction générale des douanes, de la Direction générale du commerce et de la concurrence ou encore de l’Office malien des chargeurs. Pourtant, au lieu de valider les résultats de la commission en demandant au Cnpm de renégocier l’offre financière avec la société qui a présenté la meilleure offre technique, la Dgmp a tout simplement inversé les résultats en utilisant des éléments de forme fallacieux ou inconséquents.

Et le Cnpm de grossir le lot des contestataires de l’attribution du présent marché. Il nous revient que le Cnpm a été clair pour son choix et a même tenté de faire de la résistance pour défendre les résultats de la commission de dépouillement. Du côté du ministère de l’Economie et des Finances, on affirme que le marché n’est pas encore passé en conseil de cabinet encore moins au conseil des ministres, donc il n’est pas attribué à qui que ce soit.

Dans tous les cas de figure, les dés seront pipés bientôt. Espérons que les autorités maliennes ne signeront pas un nouveau contrat de 5 ans avec Bivac au mépris des règles élémentaires des marchés publics et sur le dos des acteurs du commerce extérieur malien. Vivement donc la réattribution du marché de vérification des importations à une société capable !

Ibrahim M.GUEYE

 

La rédaction 

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