Dans la nuit du mardi au mercredi 27 février 2019, le président malien Ibrahim Boubacar Kéita et son « cadet», Soumaila Cissé le chef de file de l’opposition se sont rencontrés au palais de Koulouba. C’est une première depuis la réélection du chef de l’État, sur fond de crispation politique et de tensions sociales exacerbées. Mamadou Diafara Diallo , l’auteur du Mali Contemporain : fragilités et possibilités, un observateur avisé de la scène politique malienne nous décrypte cette rencontre aux enjeux multiples. Il est interrogé par la rédaction.
Que peut-on attendre de la rencontre entre IBK et Soumaila Cissé en termes de décrispation de la situation politique?
Mamadou Diafara Diallo : Cette rencontre était devenue inévitable pour la décrispation de la situation au niveau national. Il n’est pas possible de faire face à tous les défis (mise en œuvre de l’accord, nombreuses réformes institutionnelles, la gestion des grognes sociales et la relève de la situation économique ).Tout en verrouillant l’espace politique. Cette rencontre est un début.
D’autres certainement suivront avec les religieux et autres.
Ce serait un énième rappel de la nécessité d’une union sacrée autour de la patrie. Mais cette rhétorique ne suffira pas. Il va aussi falloir faire des propositions concrètes.
Quels impacts sur la crise socio-économique?
Le seul fait de vider le fameux contentieux va satisfaire une bonne partie de la population en ce qui concerne la bonne foi du président de la République. La rencontre va aussi donner du souffle à une opposition qui sentait l’usure également.
Je pense qu’on s’attendrait à des changements dans les prochains jours. Que ce soit au gouvernement ou dans d’autres institutions de la République une ouverture va s’opérer.
La diplomatie malienne pourrait en récolter quelques fruits. Nos voisins soutiens de Soumaïla mais aussi d’autres plus loin y verront une bonne évolution de la situation. La règle : l’ami de mon ami est mon ami va commencer à faire son effet.
Après Soumaïla et la classe politique ce serait facile de rapprocher les familles fondatrices pour éviter le clash avec Dicko et alliés. On va sans doute voir un nouveau PM arriver aux affaires pour satisfaire ceux qui grognent.
Les maliens vont saluer cette initiative et se dire que IBK serait dans la peau du faiseur de paix.
Le Premier ministre est présenté comme un vas-t-en guerre.
Les scénarios possibles de sortie de crise?
Beaucoup de tractations les semaines à venir. Avec la possibilité de voir l’ URD et le RPM faire alliance contre l’ ASMA.
Donc beaucoup d’options ouvertes. L’impact sera positif : sur le plan de l’affichage politique, la sensibilisation de l’opinion nationale, rassurer les investisseurs éventuels.
L’héritage de l’ADEMA pourrait se reconstituer sans oublier un acteur important de la scène Dioncounda Traoré.
Propos recueillis par Aly BOCOUM
Maliweb