Depuis hier dimanche, 2 décembre 2018, plusieurs décideurs se sont retrouvés à Pologne, précisément à Katowice dans le cadre de la conférence annuelle des Nations unies sur le climat, COP24, afin d’amener chaque état à une diminution drastique du réchauffement de notre terre commune. Depuis les années 1992, des actions de ce genre ont commencé, mais au cours desquelles des décisions sont prises sans que des résultats concrets soient observables. Ces rencontres autour du climat ne seraient que des lieux pour tenir de beaux discours idéologiques.
Le climat change considérablement. On s’en rend de plus en plus compte parce que ses effets ne se cachent pratiquement plus. Des fortes inondations aux canicules en passant par les grandes sècheresses et par ricochet la famine. Qu’on soit d’accord ou pas, nous sommes victimes d’une instabilité climatique de part et d’autre le monde. Les pays en développement plus que les pays industrialisés. C’est d’ailleurs ce qui est ressorti de la conférence de presse du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à Buenos Aires le vendredi dernier à l’occasion du G20: « Nous sommes confrontés à des conséquences dramatiques pour la vie de nombreuses personnes dans le monde, en particulier dans les situations les plus vulnérables, et à des perspectives très tragiques pour la fin du siècle si nous ne sommes pas en mesure d’accroître notre engagement et notre ambition ».
Le temps est alors à l’action pour réduire cette nouvelle forme d’inégalité qui s’instaure à travers le changement climatique et aura à la longue tendance à se substituer à la forme d’inégalité bourgeoise basée sur l’exploitation dans le travail. C’est dans ce souci que les grands décideurs du monde, sous l’impulsion des Nations-Unies, ont décidé de mener des actions communes afin de parvenir à une réduction considérable du réchauffement de la planète d’ici à 2100. D’où les rencontres annuelles.
Les grandes rencontres ne servent à rien
Depuis 1992, nous assistons à des rencontres de ce genre, mais il est déplorable de constater qu’aucun changement n’est à portée de vue. Chaque année, les mêmes mots reviennent avec beaucoup plus de virulence : urgence d’agir. C’est comme pour nous dire que les grandes rencontres ne servent à rien et qu’elles ne sont que des cadres pour tenir de belles harangues servant d’idéologie pour maintenir les pays en développement sous la coupe des effets du changement climatique, en payant les frais du « crime » qu’ils n’ont pas commis.
En 1992 a eu lieu la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Rio de Janeiro. Cela a réuni 154 pays autour de certains engagements pris au cours du Sommet de la Terre. Ces engagements sont rentrés en vigueur en 1994. Cette convention a été la première dans le sens du cadrage du climat. Elle visait, entre autres : « Le principe de précaution, le principe des responsabilités communes, mais différenciées, le principe du droit au développement. » Où en sommes-nous avec ces objectifs aujourd’hui ? Ils n’ont juste pas été suivis et c’est la raison pour laquelle les rencontres se multiplient, parce que le climat ne cesse de se dégrader.
Se montrant toujours inquiet face au réchauffement de notre « maison commune », la convention de Kyoto va être adoptée en 1997 et ne rentrera en vigueur qu’en 2005. Il était prévu que ce protocole réduise la production des gaz à effet de serre à au moins 5% entre 2008 et 2012. Que d’échecs ! Ce protocole n’a été lui aussi qu’une utopie et les sommes englouties dans les préparatifs de la rencontre ayant vu sa naissance n’ont été qu’un gâchis. Toutefois, ces rencontres sont devenues une « pandémie » pour nos États puisqu’elles leur donnent l’occasion de tenir de grandioses banquets au cours desquels ils boivent, mangent et complotent sûrement et sagement sur le dos de leur peuple.
À partir de 2015 avec la signature de l’Accord de paris qui prévoyait une limitation du réchauffement climatique mondial entre 1,5°c et 2°c d’ici à 2100, nous nous étions laissé regagner par un gain d’optimisme qui ne pouvait qu’être de courte durée. Le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, vient chambouler tout, en tant que grand producteur industriel et par conséquent un grand pollueur en se démarquant du contenu de cet accord de Paris. C’est Barack Housseini Obama, a-t-il dit, qui avait donné son aval et non pas lui.
L’urgence d’agir
Alors, comme pour prouver que ces rencontres ne sont que des inutilités et des gâchis parce qu’il n’y a pas d’actions concrètes, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a fait publier son rapport spécial sur le réchauffement de 1,5 °C le lundi 8 octobre 2018. Un rapport assez inquiétant et qui devra servir de cadre de réflexion à l’occasion de la COP24. « Les activités humaines ont déjà provoqué un réchauffement climatique de 1 ± 0,2 °C au-dessus des niveaux préindustriels. La température moyenne augmente actuellement de 0,2 ± 0,1 °C par décennie en raison des émissions passées et actuelles. À ce rythme, le réchauffement dépassera 1,5 °C entre 2030 et 2052. Les systèmes humains et naturels pâtiront davantage d’un réchauffement de 2 °C que d’un réchauffement de 1,5 °C », indique ledit rapport.
Arrivé dans la capitale de l’Argentine depuis jeudi 29 novembre 2018 pour la conférence du G20, M. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies, a réitéré lors d’un point de presse à Buenos Aires le vendredi, 30 novembre l’urgence d’agir : « Nous devons construire à Katowice l’élan nécessaire pour une ambition accrue de la communauté internationale ». Chaque année, les mêmes discours sans effet. Il poursuivait, cette fois-ci de façon beaucoup plus claire : « Permettez-moi d’être très clair : nous sommes confrontés à une véritable urgence.»
Il est temps d’arrêter des discours vides de contenu du genre : « Nous voulons vraiment nous assurer que le changement climatique n’avancera pas plus vite que nous et que nous serons capables de gagner cette bataille pour l’avenir de l’humanité et pour une planète en bonne santé ».
Il faut jouer à la politique du « social engineering » ou la politique du « coup par coup » afin d’assister réellement à une réduction sereine du réchauffement de la planète. Sans cela, la COP24 rejoindra le rang de toutes les autres rencontres autour du climat. Le temps n’est plus au discours, mais au pragmatisme. Il faut obliger les États au respect des conventions pour sauver la planète du « dommage collatéral » qui l’attend.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays