Tant de fois annoncé sans jamais arriver, le remaniement ministériel tant attendu interviendra certainement ce weekend. Lors du Conseil des ministres de mercredi dernier, le Président IBK a pris le soin d’informer de son désir de procéder au réaménagement du gouvernement, mais a rassuré le Premier ministre, Modibo Keïta, qu’il va rester à son poste de chef du gouvernement.
Lors du Conseil des ministres de mercredi dernier, 1er juin 2016, le Président de la République a informé les membres du gouvernement de la nécessité et de l’imminence d’un remaniement ministériel. Mais d’emblée, il a tenu à rassurer que l’actuel locataire de la Primature, Modibo Keïta, restera à son poste de chef du gouvernement. En d’autres termes, IBK renouvelle sa confiance à Modibo Keïta comme Premier ministre.
En ce qui concerne les ministres, IBK les a regardés droit dans les yeux pour leur faire comprendre qu’il y en a qui partiront et les meilleurs vont rester, avant de mettre du bémol en disant que, pour lui, ceux qui partiront ne sont pas mauvais, mais ainsi vont les choses.
Depuis lors, le message est passé 5/5 au niveau des ministres et chacun d’eux attend impatiemment de savoir s’il sera reconduit. A coup sûr les marabouts et féticheurs sont en train de se frotter les mains car, comme toujours dans pareils cas, c’est un marché ouvert pour eux avec notamment les visites nocturnes de ceux qui veulent rempiler et des prétendants qui veulent marquer leur entrée dans le futur gouvernement.
Il nous revient qu’après mure réflexion, le Président IBK a décidé de prolonger le bail de l’actuel Premier ministre en attendant de trouver quelqu’un d’assez consensuel qui puisse l’aider à mettre en place les fondements de sa réélection en 2018.
IBK souhaite faire un large consensus autour de sa personne au sein de la majorité présidentielle qui l’accompagne actuellement. Mais déjà, les premières lézardes enregistrées dans les rangs de celle-ci remettent en cause ledit consensus autour de sa candidature en 2018, comme le fit ATT en 2007, lorsque l’ex-président de la République était soutenu par trois-quarts des partis politiques du pays, et pas des moindres ! Il a été élu, dès le premier tour, avec à la clé, plus de 71% des voix !
Ensuite, on s’achemine vers la grande conférence d’entente nationale, un repère important dans le plan politique de l’actuel locataire du palais de Koulouba pour s’attirer la sympathie de groupes influents comme ceux de Sanogo, ATT, Alpha Oumar Konaré, etc.
Mais avec les candidatures déjà déclarées de Moussa Mara et Oumar Mariko, en plus de celles attendues de l’Adéma et d’autres partis politiques de l’actuelle Majorité, l’on se demande, à ce rythme, ce qu’il restera de soutien à IBK en 2018.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, sa propre formation politique, le Rpm, est actuellement traversée par une grave crise causée par une lutte de clans, avec une adversité qui frise parfois l’animosité. Des responsables de ce parti se donnent en spectacle de pugilat comme sur un ring et les différents clans règlent leurs comptes jusqu’ à la barre du tribunal ou dans les postes de police et de gendarmerie.
Dans sa propre base, en commune IV du district de Bamako, IBK aura fort à faire face à Moussa Mara dont c’est aussi la base politique, mais en plus il faudra parvenir à juguler la fronde qui mine le Rpm. Une des tendances, réunie récemment en conférence de section, menace même de faire chemin seule, sous une bannière indépendante lors des élections locales à venir. Pendant ce temps, l’association Kaoural renouveau, qui devra tenir sa convention nationale après le mois de Ramadan, est en train de happer tout sur son passage en accueillant, chaque semaine des démissionnaires provenant des rangs du Rpm, de Yéléma de Moussa Mara et d’autres formations politiques. Cette association, qui a déjà monté 200 cellules en commune IV, sera difficile à surclasser dans le jeu politique, si elle décidait de s’y engager. Et au vu des discours entendus, Kaoural n’entend pas jouer les escaliers pour quelqu’un.
Bref, IBK est à la recherche d’un Premier-ministre qui va au charbon mais surtout un homme qui peut rassembler le maximum de partis de la Majorité présidentielle autour de sa personne pour sa réélection. En attendant de trouver l’oiseau rare, il a décidé de ne rien décider en maintenant le calamiteux Modibo Kéita à la Primature. Ne dit-on pas que le poisson pourrit par la tête.
A.D.
Source: sphynx