Comme sous le précédent régime, les remaniements ministériels à l’ère de la rupture se suivent et se ressemblent : on prend les mêmes, amis et fidèles lieutenants de la première heure, en plus de quelques comparses interchangeables, liés à des coteries ou protégés par des parrains politiques…avec en ligne de mire les prochaines échéances électorales, et on recommence, calculette au poing…
C’est un exercice pas toujours très aisé pour les commentateurs et autres analystes politiques que de décrypter un nouveau gouvernement. Sous d’autres cieux, quand une nouvelle équipe gouvernementale est annoncée ou qu’un remaniement ministériel doit intervenir, on sait toujours à peu près qui occupera tel ou tel poste ministériel, à quelques exceptions près.
Parce qu’un gouvernement, c’est toujours une vision partagée par des militants d’un parti ou groupement politique, qui se connaissent et qui ont déjà une connaissance plus ou moins approfondie de leur domaine de compétence, et une idée plus ou moins claire des actions à mener. Pas de temps à perdre dans la mise à jour laborieuse des dossiers d’amis et autres organigrammes.
Là -bas, on se met aussitôt au travail dès la prise de fonction. Ici en revanche, le poste ministériel est perçu comme la consécration d’une carrière ou la récompense pour services rendus ou à rendre à… On devient donc ministre par le hasard des accointances personnelles, politiques ou régionales, et on met des mois entiers à parcourir les directions ministérielles, pour prendre connaissance des dossiers, dont on n’avait aucune idée. A peine se met-on laborieusement au travail, après avoir tout aussi laborieusement formé son cabinet, qu’un autre remaniement doit intervenir. De ce point de vue, la perte d’un poste ministériel est vécue comme un moment de deuil et perçue plus ou moins comme une déchéance ou une descente aux enfers. Conclusion : les gouvernements au Mali et dans certains de nos pays sont totalement aléatoires, trois éphémères. Car formés au gré des humeurs, des intérêts présents ou futurs. Alors que pour faire du bon travail, il faut un minimum de stabilité et de sérénité. Et un ministre se sachant constamment sur une chaise éjectable n’a même pas l’environnement propice de travail pouvant déboucher sur des résultats probants.
Paul N’GUESSAN
Mali-Horizon