Le Centre international de conférence de Bamako a abrité, du 28 au 29 novembre 2014, les travaux de la Journée de l’industrialisation de l’Afrique, édition 2015. Organisée par l’Organisation patronale des industriels (OPI), en collaboration avec la Direction nationale de l’industrie (DNI), et avec l’appui de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), cette journée était placée sous l’égide du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta.
La cérémonie d’ouverture de cet important rendez-vous du monde industriel malien et africain a également enregistré la présence du Premier ministre, du président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Industrie et du Commerce, ainsi que les acteurs du monde industriel, avec à leur tête Cyrile Achcar, président de l’Organisation patronale des industriels (OPI). À l’instar des autres pays de l’Afrique, le Mali a célébré la journée de l’industrialisation de l’Afrique. Pour cette journée parrainée par le Président de la République, plusieurs thématiques ont été débattues par deux panels. Le premier panel traitait du rôle des PME pour l’éradication de la pauvreté et la création d’emplois pour les femmes et les jeunes. Le second panel a traité de l’apprentissage par alternance dans les entreprises industrielles. Selon Cyril Achcar, président de l’Organisation patronale des industriels, cette journée vise à rechercher et à inciter les pays africains à s’engager dans le processus industriel, mais aussi de susciter une prise de conscience au niveau international en faveur du développement industriel de l’Afrique. En effet, selon lui, la célébration de cette journée permet aux pays africains de s’interroger sur les solutions à mettre en œuvre pour le développement de l’industrie.
Le patron des industriels maliens a expliqué l’esprit du livre blanc de l’industrie. Ce livre est un recueil synthétisant la situation industrielle de notre pays à travers 21 solutions proposées en juin 2013 à l’occasion des élections présidentielles. Ces propositions ont fait l’objet de six études répondant à 8 mesures validées par le comité ad-hoc. La mise en œuvre de ces propositions est une réponse intuitive aux maux de l’industrie actuelle, à savoir : la mauvaise application des textes communautaires et nationaux, la banalisation de l’industrie dans le fonctionnement quotidien de l’administration, le déficit de la culture industriel, le manque d’audace dans les réformes à mener et l’arbitrage budgétaire défavorable à l’industrie. Cette relance du secteur industriel exige une volonté politique sans faille. C’est pourquoi, Cyril Achcar propose au Président de la République de revoir la position du département de l’Industrie dans l’ordre protocolaire des ministères et d’accorder 15% du Budget national au secteur de l’industrie. «Le Tome 2 du livre blanc, disponible en 2016, comportent des innovations de taille comme de suggérer remonter le rang du ministre de l’Industrie au numéro 1, 2 ou 3 du gouvernement ou de doter le secteur industriel de 15% du Budget national, car il ne peut y avoir de développement agricole sans sa transformation apportée par l’industrie. Enfin, d’envisager de décorer publiquement tous les investisseurs et employeurs à hauteur de leur apport dans notre économie pour monter l’exemple.»
Par ailleurs, Cyril Achcar a lancé un appel aux plus hautes autorités du pays d’accompagner le secteur par de nouvelles réformes beaucoup plus favorables au monde des industriels. Tout en invitant le monde industriel malien à faire preuve d’imagination pour être compétitif avec l’ouverture des marchés aux pays de l’Uemoa et de la Cedeao.
L’industrie malienne traîne les pas depuis 40 ans, sans atteindre les normes communautaires. Le tableau sombre dressé par le président de l’OPI montre à suffisance le besoin d’une réforme du secteur pour rivaliser les autres pays de la sous-région. «Un PIB de la manufacture de 4-5% contre 11% pour la moyenne Uemoa, 15% pour le Sénégal, 19% pour la Cote d’Ivoire et 24% pour le Maroc ; un nombre d’unité industriel de quelques centaines quand les voisins sénégalais et ivoiriens sont à plusieurs milliers; le 1er importateur net de produits industriels dans l’espace Uemoa; un déficit de la balance commerciale de près de 400 milliards de FCFA par an, équivalent au montant de l’aide publique au développement; des politiques industrielles théoriques menées jusqu’ici sans réelles convictions que l’industrialisation de notre pays est la voie obligée de son développement.»
Le Président de la République n’a pas été indifférent au sombre bilan présenté par Cyril Achcar. Dans son intervention, le chef de l’Etat a réaffirme la volonté politique du gouvernement d’accompagner le secteur pour être au rendez-vous de la compétition et répondre aux besoins de la population. «Le handicap est d’ordre structurel. Nous sommes dans un ensemble sous-régional dont les règles, quelques fois, sont insaisissables. Ensuite, il y a cette monstrueuse qui est la fraude soutenue par toute sorte de pores. Comment faire tourner une unité industrielle, telle qu’elle soit sans électricité. C’est pourquoi nous sommes déterminés avec d’autres pays pour mutualiser nos forces et faire en sorte que la production énergétique hausse de 5% par an. Sans dispositif énergétique, il ne saurait y avoir d’industrie. Nos industriels sont des professionnels, expérimentés. Ils se battent pour donner l’embryon qui est là. Je dis embryon parce que, 500 unités industrielles, c’est dérisoire par rapport à ce qui se passe ailleurs. Il est temps que nous transformons ce que nous produisons et créer de l’emploi pour les jeunes. Il nous faut inéluctablement aller vers des vraies industries. Nous dépendons de nos entrepreneurs privés, il faut les aider et les soutenir», a indiqué le chef de l’Etat.
Dans son discours d’ouverture, le ministre du commerce et de l’Industrie, Abdel Karim Konaté dira que cette Journée offre aux responsables et acteurs africains du développement industriel l’occasion de mener des réflexions sur les progrès réalisés et les efforts à accomplir en vue d’un développement industriel durable de l’Afrique. Conscient de la nécessité de faire de l’industrie le moteur du développement économique et social, le ministre a réaffirmé la volonté du gouvernement à soutenir ce secteur, conformément aux engagements du Président de la République. «Les PME, en raison de leur grande capacité d’adaptation, de leur flexibilité et de leur dynamisme particulier, constituent une base solide pour la durabilité des emplois et par la même occasion de lutter contre la pauvreté. Elles représentent aujourd’hui plus de 90% de notre tissu industriel et concentre la quasi-totalité des emplois générés par l’activité industrielle. Ce thème nous rappelle que la prospérité d’une nation tire sa source de l’action conjuguée de toutes les composantes de la société avec une place de choix pour les femmes et les jeunes. La grande famille industrielle se tient aux cotés du Président de la République pour bâtir le Mali rayonnant, le Mali créateur de richesse et de valeurs, au service de tous ses fils et filles que vous avez promis aux Maliens dans votre projet ‘’le Mali D’abord’’.
Avec le secteur industriel, le pari des 200 000 emplois sera atteint et le taux de croissance de 7% visé également sera atteint.», souligne-t-il
L’autre temps fort de cette journée a été celui de la visite guidée des stands, une occasion pour le Président de la République et le grand public de se rendre compte du savoir-faire de nos industriels.
Nouhoum DICKO
source : Le Prétoire