C’est désormais l’arrêté N° 067DB du 31 décembre 2020 de la mairie du District de Bamako, qui réglemente les taxis-motos au Mali. Sauf que celui-ci n’est pas entièrement partagé par les professionnels du secteur qui préconisent des solutions alternatives.
C’est un secret de polichinelle que le secteur du taxi-moto est en plein essor au Mali. Pour réguler ce secteur informel et anarchique, la Mairie du District de Bamako, a pris l’arrêté N °067 MDB du 31 décembre 2020. Outre les obligations classiques engendrant des coûts exorbitants chez les promoteurs de motos taxis ( la carte grise, la plaque d’immatriculation, le permis de conduire, la vignette, la police d’assurance , le paiement mensuel de la taxe municipale de circulation, le port obligatoire de casques et de gilets ) ce nouvel arrêté contraint les societés de moto-taxis à disposer d’un numéro d’identification en noir sur fond jaune fixé devant la moto et le port obligatoire du gilet jaune.
Certes la nouvelle mesure représente à bien des égards une avancée majeure en termes de régulation du secteur des motos-taxis, elle n’en demeure pas moins critiquée par les acteurs. Ceux-ci, bien avant son adoption (l’arrêté N °067 MDB du 31 décembre 2020) n’ont pas hésité à rencontrer les autorités en charge du département stratégique des transports ou d’envoyer des correspondances pour exprimer leurs préoccupations. C’est ainsi qu’à travers une correspondance en date du 15 décembre 2020, les sociétés de transport à deux roues Teliman SA, Ziqqi Go, Ets Kaba Diop Moto Taxi Lafia, LBS, Ikachi Express, ont dans une action commune adressée un courrier à la Direction de la Régulation de la circulation et des Transports Urbains (DCRTU). Dans lequel, elles remercient les autorités pour l’invitation à la réunion 8 décembre 2021 sur la réglementation du secteur, expriment ses inquiétudes et proposent des solutions alternatives. Ces inquiétudes disent-elles, portent sur l’uniformisation de la couleur jaune pour toutes les motos et le port du gilet jaune. A les en croire, l’uniformisation des couleurs et des gilets, n’est pas de nature à permettre la différenciation entre les différentes sociétés concurrentes par les clients. Ce qui pour elles, annule le bénéfice de la saine concurrence. « Si tous les acteurs ont des motos taxis et des gilets de même couleur, il deviendra plus difficile voire impossible d’identifier immédiatement un chauffeur qui commettra un délit, car il pourrait se fondre dans la masse plus facilement » affirment-elles.
Aussi, ajoutent-elles, qu’elle constitue une atteinte gravissime à l’enseigne commerciale et marque (couleur, logo, tenue) des sociétés de motos-taxis (reconnue par les clients) dont la réalisation a coûté des moyens financiers non négligeable et engendra des charges supplémentaires pour l’acquisition de nouveaux documents administratifs, de nouvelles taxes, les frais de gilets et de peinture des motos.
« Nous sommes entre 1.500 000 FCFA à 2 000 000 millions de dépenses par mois à titre d’impôts. Nous payons par an 1% du chiffre d’affaire comme impôts sur les bénéfices industriels et commerciaux (même si nous ne générons pas encore de bénéfices) l’impôt sur le traitement de salaire (ITS) de nos 40 employés administratifs et versons régulièrement à l’Institut National de prévoyance sociale (INPS) la part patronale. Si rien n’est fait pour réduire les charges, nous risquons de mettre les clés sous paillasson. » nous confie un promoteur de taxi –moto visiblement dépassé par la situation.
Comme alternative à l’uniformation des couleurs, les sociétés de motos proposent la mise sur pied d’un système d’autocollant jaune visible uniquement délivré par la mairie avec un numéro d’identification.
Alpha Sidiki Sangaré
Source: Malitribune