Dans plusieurs localités de la région de Kayes (Diéma, Yelimané, Nioro du Sahel…), les esclavagistes, adeptes d’un esclavage par ascendance, dictent leur loi au vu et au su de tout le monde. Ils empêchent des personnes de leurs droits élémentaires de cultiver leurs champs, de réhabiliter leurs maisons, d’enterrer leurs morts etc. Dans le cercle de Diéma, plus précisément dans le village de Kaïnera, des dizaines de personnes dont des nombreux enfants ont dû ainsi tout abandonner pour se refugier à Bamako, la capitale malienne.
« Quelle horreur ! En ce moment, une vague de déplacés en provenance de Kayes persécutés par les esclavagistes a débarqué à la CNDH avec une vingtaine d’enfants. Où va le Mali? », s’est interrogé, sur le réseau social, Aguibou Bouaré, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mali(CNDH). Une interrogation légitime vue l’ampleur que prend la « traite des esclaves » dans la région de Kayes. En effet, ces esclaves des temps modernes, qui veulent s’affranchir de l’esclavage par ascendance, sont privés de tous leurs droits, même les plus fondamentaux. A Kaneira, les révoltés ont été privés d’eau, de commerce et de sépulture avant de se faire carrément chassés du village. 1153 personnes déplacées internes, dont 534 hommes, 619 femmes et 720 enfants, toutes victimes de l’esclavage par ascendance dans les communes rurales de Dindanko, Djougoun et Guémoucouraba, ont ainsi trouvé refuge dans la commune de Mambri, dans le cercle de Kita, dans la région de Kayes. Le 19 juillet dernier, après une mission d’investigation à Mambri, la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mali(CNDH) constatait « avec amertume et consternation des violations graves des droits de l’homme dont sont victimes ces déplacés. » La CNDH a déploré l’absence de mesures humanitaires d’urgence en faveur de ces personnes déplacées en état de fragilité certaine. Elle a recommandé aux autorités compétentes de diligenter les procédures judiciaires pendantes, précisément, devant la Justice de Paix à Compétence Etendue de Toukoto (Cercle de Kita) en lien avec les infractions constatée. La CNDH a sollicité le gouvernement aux fins d’un appui en produits de première nécessité au profit des déplacés et des populations hôtes de Mambri, sans oublier d’augmenter la capacité d’accueil des établissements scolaires de la zone concernée en prévision de la prochaine rentrée scolaire. La CNDH a aussi exhorté le Gouvernement et l’Assemblée Nationale à l’adoption diligente du projet de loi portant répression de l’esclavage et des pratiques assimilées.
Source: Le republicain mali