Le refus par l’Imam Mahamoud Dicko des 50 millions qui lui ont été offerts par le Premier ministre fait couler beaucoup d’encres et de salives. Ses partisans l’apprécient et voient en cet acte un bon exemple à suivre. Les soutiens au gouvernement dénoncent la médiatisation du refus. Tout compte fait, ce refus du président du Haut Conseil Islamique est salutaire, un bon exemple à suivre pour lutter contre la corruption, la politique de ‘’tais-toi’’ du gouvernement.
Elle, cette affaire des 50 millions offerts par le Premier ministre dans le cadre du meeting de prières pour le Mali, mais refusés par le président du Haut Conseil Islamique, inonde les réseaux sociaux, suscite des débats dans les grins depuis le vendredi. Visiblement, on constate un sentiment de fierté chez les partisans de l’Imam Dicko et une colère chez les proches du régime. Chacun fait son commentaire comme bon lui semble.
En dehors de toute analyse partisane, le gouvernement malien a encore humilié ce pays. Supposons que le montant ne soit pas offert pour corrompre les organisateurs du meeting, mais la façon a été plus que mauvaise. Au 21e siècle, comment un État sérieux peut-il procéder à de don d’une telle somme en liquidité ? N’est-il pas possible de procéder par chèque ? Comment l’Imam peut-il accepter la liquidité de cette somme de la part du Premier ministre et se décrédibiliser demain vu la tension entre lui et le régime en place ? Certains de ses propos prouvent déjà son doute de la bonne volonté du gouvernement. À ses dires, le Premier ministre lui avait annoncé un don de 100 millions FCFA en guise de l’organisation du meeting. Mais, c’est la somme de 50 millions FCFA qui lui est parvenue. Donc, le gouvernement peut l’abattre médiatiquement.
L’Imam Mahamoud Dicko a-t-il demandé l’aide du gouvernement ?
Même si sur les réseaux sociaux, certains accusent l’Imam Mahamoud Dicko d’avoir demandé l’appui du gouvernement pour l’organisation de ce meeting, l’intéressé n’a nullement parlé de cela. Lors de son point de presse organisé pour annoncer son refus de prendre les 50 millions, l’Imam Dicko a clairement dit que l’objectif de son meeting est de faire des prières et des bénédictions pour demander à Dieu de sauver le pays de toutes les difficultés qu’il traverse avant d’annoncer son refus de la somme offerte par le gouvernement. Durant son entretien avec la presse, l’Imam n’a pas évoqué que le Haut Conseil Islamique a cherché de soutien financier au gouvernement pour l’organisation de ce meeting. Il a même lancé des pierres dans le jardin du gouvernement. « Ces 50 millions peuvent aider les réfugiés du Nord et du centre du Mali qui sont dans des difficultés à Bamako», a-t-il dit après son refus.
Quelques heures après la médiatisation par Mahamdoud Dicko de son refus des 50 millions, le gouvernement s’est expliqué à travers un communiqué. Il n’a pas, non plus fait mention de la demande de la somme par le Haut Conseil Islamique. Il parle plutôt de sa responsabilité de manifester sa solidarité et son soutien à toute action, de toutes les confessions religieuses œuvrant pour le renforcement de la paix au Mali avant de prendre acte du fait que ladite rencontre des musulmans ne requiert pas d’assistance financière.
Ce refus par Mahamoud Dicko, un acte salutaire !
Le refus du Haut Conseil islamique du Mali au geste du Gouvernement est en tout cas un acte salutaire pour d’abord la crédibilité de la structure faitière des musulmans du Mali. Aussi, ce refus peut-il freiner le système de « tais-toi » dans ce pays. Quand chacun refusait tout don du gouvernement qui lui semble douteux, et médiatiquement, ces tentatives ne vont pas continuer .Quant aux montants décaissés, ils pourraient servir à autre chose.
Boureima Guindo
Source: Le Pays