Les rideaux sont tombés sur l’atelier de haut niveau sur la réforme du système de santé au Mali. Initiée par le département de la Santé et de l’Hygiène Publique, cette réforme a pour objectif d’élaborer une nouvelle politique sanitaire visant à relever le niveau du plateau technique et de rapprocher davantage les services de santé aux populations sur l’ensemble du territoire nationale.
Présidée par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, la cérémonie d’ouverture de cet atelier de haut niveau a regroupé, lundi dernier, les membres du gouvernement, les présidents des institutions de la République, l’ensemble des acteurs de la santé, mais aussi et surtout, l’ensemble des partenaires techniques et financiers du Mali.
Cette réforme a été initiée suite à un constat amer : la forte dégradation du secteur du système de santé du Mali. C’est pourquoi, l’opinion nationale et internationale ainsi que tous les partenaires s’accordent sur la nécessité et le bien-fondé de sa réforme en profondeur. Les experts attribuent cette dégradation du système de santé à la crise socio sécuritaire que traverse le pays, à la forte croissance, au changement démographique mais aussi à l’urbanisation galopante.
Des chiffres qui font grincer les dents
Depuis 2012, le tableau sanitaire du Mali s’assombrit. Selon le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Pr Samba Sow, la mortalité infantile a grimpé, en passant de 95 à 101 décès pour 1000 naissances vivantes entre 2012 et 2018. La mortalité maternelle au Mali reste l’une des plus élevées dans la région avec 587 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2015.
Le ministre Sow a déploré le fait que le Mali n’a dépensé que 0,85% du PIB en soins de santé et 4,32 du budget national révisé en 2018. A l’en croire, plus de 46% de la population ayant besoin de soins n’auraient pas utilisé les services de santé parce qu’ils sont trop chers.
Face à cette situation qui interpellent les gouvernants, le Professeur Samba Sow, depuis son arrivée dans le gouvernement, s’est engagé d’inverser la donne en initiant une réforme en profondeur du système de santé afin de corriger les maux et améliorer de façon significative et durable l’état de santé de la population malienne. Pour le ministre, avec cette réforme, «le Mali est sur le chemin de la renaissance, même il y a encore de nombreux obstacles ».
«Nous sommes prêts à relever le défi, la renaissance du système national de santé commencera ici, dans cette prestigieuse salle, et aujourd’hui, inch’Allah, sous votre leadership éclairé, monsieur le président de la république» a indiqué le ministre Sow. Avant de poursuivre que la santé et le bien- être de la population constituent la pierre angulaire de la renaissance et du développement de la nation et de son peuple.
A en croire le représentant du FUNUAP, Josuane Yakibu, non moins chef de file des partenaires, cette réforme est une exigence, voire une urgence eu égard le niveau de dégradation, du système de santé au Mali.
Lors de la cérémonie d’ouverture, IBK a pris en compte des préoccupations fondamentales des populations en annonçant la gratuité de certains soins. Il s’agit de la gratuité des soins curatifs et préventifs pour les enfants de moins de 5 ans, la gratuité de la prise en charge des femmes enceintes (en périodes pré et post natale et l’accouchement). S’y ajoutent, la gratuité des services de planification familiale, les premiers soins d’urgence, de la dialyse et la gratuité des soins des personnes de 70 ans.
Ces annonces d’IBK, en attendant leur application, ont été accueillies et saluées par l’assistance sous un tonnerre d’applaudissements. A l’instar des populations maliennes, les partenaires techniques s’engagent à accompagner le gouvernement pour l’atteinte de ces objectifs.
La mise en œuvre de cette réforme entrainera, pour la première année, une incidence financière de plus de 6 milliards FCFA et plus de 69 milliards FCFA en 2022.
Pour le ministre Samba sow, la mise en œuvre cette réforme qui fera du mali un leader en matière de réforme du système en la matière, ne sera pas au-dessus de la capacité des Maliens.
Rappelons pendant une semaine, 150 experts nationaux et internationaux ont passé au peigne fin, les tares du système de santé au Mali cela, à travers trois principales thématiques : le financement ; la gouvernance et l’offre des services de qualité.
A l’issue des travaux, les experts formuleront des recommandations dont la mise en œuvre effective contribuera, sans nul doute, au relèvement du plateau technique de la santé sur l’ensemble du territoire malien.
Zié Traoré
Source : Le Serment du Mali