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réforme de la justice: les grands chantiers du ministre Konaté

La politique judiciaire du Mali, les réformes en cours, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, les nominations de magistrats, la construction de la nouvelle prison à Koulikoro, le procès Haya et compagnie, enfin la transparence et la régularité de la justice ont été entre autres questions abordées par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté, sur les antennes de la Radio Kledu lors du débat politique du jeudi 27 avril.

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D’entrée de jeu, le ministre a donné une définition de la justice et sa meilleure répartition pour le bonheur de tous les justiciables. Parlant de la politique judiciaire du Mali, il dit qu’il faut faire se référer essentiellement à la loi de 2011, portant organisation judiciaire. Cette loi institue une nouvelle carte judiciaire. Elle vise les objectifs suivants : rapprocher la justice du justiciable, procéder à la création de nouvelles cours d’appel, de tribunaux de commerce, transformer les tribunaux de première instance en tribunaux de grande instance, transformer progressivement les justices de paix à compétence étendue en tribunaux d’instance, programme d’urgence à la suite de la crise de 2012, une justice au service du justiciable pour la paix et la réconciliation nationale et contre l’impunité.
Tout cela est basé, d’après lui, sur les réformes en cours, avec le programme législatif « qui se caractérise par une ampleur jusque-là jamais égalée tant par l’abondance et l’importance des textes concernés que leur diversité du point de vue des domaines d’application en matière économique, sociale, financière et de façon plus générale, pénale ». Le ministre de la Justice a expliqué que, depuis quelque temps, de nombreuses lacunes, vides juridiques et anachronismes se sont révélés à l’épreuve de la pratique judiciaire, tandis que l’ancrage du Mali dans un environnement international évolutif peine à devenir une réalité dans le corpus juridique civil, pénal et juridictionnel.
« Ces textes qui, depuis l’indépendance, n’ont été relus qu’une fois, notamment en 2001, sont, en matière pénale, des textes de base d’où découlent les autres textes pénaux. Ils constituent aussi la première source de droit pour l’exercice de l’action publique et le fonctionnement des juridictions pénales. La nécessité impose que l’arsenal juridique pénal réalise un équilibre entre plusieurs impératifs a priori contradictoires, mais qui s’avèrent bien complémentaires les uns des autres ».
Ce programme vise à corriger de nombreuses insuffisances constatées dans le dispositif législatif en vigueur. Cette vaste réforme concerne les textes suivants : la relecture du code de procédure civile, commerciale, sociale, la relecture du code de procédure pénale, la relecture du Code pénal, la création d’un grand Centre d’Arbitrage à Bamako, qui se substituera à l’actuel Centre de Conciliation et d’Arbitrage du Mali, l’institution de médiateurs et conciliateurs judiciaires.
Il ajoutera que : « L’aboutissement de ces réformes permettra la sécurisation des personnes et des biens, l’assainissement du milieu des affaires, la célérité de la justice et sa fiabilité, l’efficacité de la répression et la recherche de la vérité, le respect des libertés individuelles et des droits de la défense ». En définitive, ces textes sont les déterminants du système de justice pénale. Aussi, la réforme judiciaire actuellement entreprise permettra une bonne appréhension des problèmes pour répondre aux objectifs d’un État de droit fidèle à son environnement social et aux engagements internationaux conclus.
L’un des sujets les plus attendus par les auditeurs était la lutte contre la corruption et la délinquance financière, car le Mali est à la croisée des chemins. Selon Mamadou Ismaël Konaté, c’est un combat comme tout autre, il a besoin de l’engagement de tous. La lutte contre la corruption et la délinquance financière figure en bonne place dans le programme gouvernemental. « Ainsi, à l’issue du conseil des ministres extraordinaire du vendredi 10 mars 2017, il a été procédé à la nomination des membres de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement illicite ».
Cette structure indépendante a pour mission, entre autres, d’améliorer la coopération et la concertation des autorités nationales chargées de la lutte contre l’enrichissement illicite ; d’exploiter les déclarations de biens déposées par les fonctionnaires qui y sont assujettis ; de réaliser des études périodiques sur l’évolution des techniques utilisées aux fins d’enrichissement illicite ; de recevoir des dénonciations formulées par les citoyens pour des faits d’enrichissement illicite ; de dénoncer à la justice les faits d’enrichissement illicite ; de coordonner, au niveau national et international, la mise en œuvre des politiques, instruments et moyens de prévention et de répression de l’enrichissement illicite.
Pour le ministre de la Justice, cette décision est la traduction concrète de la volonté des plus hautes autorités nationales d’asseoir et de consolider la transparence dans la vie publique et de renforcer la lutte contre l’impunité. Car l’Office central contribuera à mettre en lumière la valeur Intégrité dans la gestion des ressources publiques. La lutte contre la corruption est un combat permanent qui doit intégrer autant les actions préventives et les actions répressives. Pour lui, il est aussi important de renforcer le contrôle interne, qui se fait avec les chefs de juridictions et de parquet. Cela doit passer par la correctionnalisation des crimes. La diligence dans la saisine de la formation du jugement et prononcer plus facilement des peines y compris des sanctions disciplinaires.
Pour ce qui est de l’affectation et la nomination de magistrats du siège et du parquet, il ne s’est pas beaucoup attardé là-dessus, car le décret a été signé et les magistrats ont 15 jours pour prendre fonction dans les juridictions où ils ont été affectés. Mais le ministre a fait savoir que les propositions de nomination et d’affectation du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, ont été largement suivies et validées par le Conseil Supérieur de la Magistrature qui s’est réuni en sa session du 23 mars 2017 au Palais de Koulouba, sous la présidence de Monsieur Ibrahim Boubacar Keita, président de la République, président du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM).
« Ces mutations dont les décrets ont été signés par le Président de la République permettront d’impulser un nouveau souffle au secteur de la Justice. Elles visent essentiellement à résoudre les dysfonctionnements consécutifs aux précédentes nominations et affectations, à corriger le déséquilibre dans la répartition des magistrats sur le territoire, dont la pléthore dans certaines juridictions, à résoudre l’inadéquation des effectifs par rapport aux volumes des affaires, à régler la répartition inadéquate des magistrats par rapport aux différentes fonctions (siège, parquet, instruction)’’.
En outre, la nouvelle répartition des magistrats devrait permettre de mettre en œuvre la collégialité, instaurée depuis 2011, pour garantir aux citoyens une justice de meilleure qualité. Cette vaste mobilité des magistrats participe d’une saine gestion des ressources humaines de la justice. Elle a été placée sous le strict sceau de l’objectivité. Toutes les nouvelles affectations ont été fondées sur les compétences et le parcours professionnel des magistrats concernés. Aucune proposition de mutation n’a été faite sur une base subjective, a fortiori syndicale.
Pour ce qui est de la construction de la nouvelle prison à Koulikoro, il a reconnu qu’il y a eu des petits soucis pour l’emplacement. Mais vite régler avec l’appui des gens de Koulikoro. Selon lui, le Mali dans son engagement vis-à-vis du respect des droits humains a apporté des avancées significatives dans le domaine judiciaire et pénitentiaire comme en témoignent : le désengorgement de la population carcérale, la limitation de la durée de la garde à vue, le respect strict des droits fondamentaux des détenus tels qu’une alimentation saine et équilibrée, les soins de santé, le respect de l’intégrité physique et morale des détenus, la séparation des catégories, l’humanisation des conditions de détention dans les établissements pénitentiaires, la création des ateliers de formation professionnelle des détenus en vue de leur réinsertion sociale après la détention.
Abordant la question du procès Haya et autres, il a indiqué que c’est à l’issue de la dernière cour d’assises de Bamako en transport à Sikasso, le procès d’Amadou Haya Sanogo et autres a été renvoyé à la prochaine cour d’assises au motif qu’il fallait fournir de nouvelles expertises sur les corps retrouvés à Diago. «À ce stade, le juge a désigné les experts. Ils ont prêté serment conformément aux dispositions du code de procédure pénale. Alors, nous attendons le rapport de ces expertises qui vont conduire la poursuite du procès», a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la régularité et la transparence au sein de la justice, Mamadou Ismaël Konate préconise l’institution d’un déontologue avec une systématisation des missions d’inspection tout en privilégiant les poursuites disciplinaires. Répondant à la question d’un auditeur sur la formation des magistrats, il en a reconnu la nécessité, tout en insistant sur le renforcement de la qualité avant d’annoncer le recrutement de 100 nouveaux magistrats. Le fonctionnement des tribunaux, l’affaire Petit Guimba, les mauvais magistrats et juges et surtout la justice contre les pauvres ont été des questions soulevées par les auditeurs. Aucune question n’a été occultée.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin.

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