Dans le cadre d’un partenariat entre le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI-2002) et la Plateforme d’Action Commune des Syndicats des Administrateurs Civils, des Collectivités Territoriales, et des Agences de Développement Régional, s’est tenu, hier, à la Maison des Aînés, une Journée d’Engagement Public (JEP) sur le thème : ‘’contribution de la ‘’Plateforme d’Action Commune’’ des Syndicats des Administrateurs Civils, des Collectivités Territoriales, et des Agences de Développement Régional (ADER), pour la Refondation de l’État du Mali’’. L’objectif est de retrouver l’unité pour défendre des valeurs communes pour la refondation de l’État malien.
Pour la première fois, depuis le 11 novembre dernier, des représentants de l’État et de la Plateforme d’Action Commune des Syndicats des Administrateurs Civils, des Collectivités Territoriales, et des Agences de Développement Régional se retrouvaient face à face hier. La Plateforme ayant suspendu toute discussion avec l’État jusqu’à l’abrogation du décret de nomination d’un militaire au poste de Préfet de Niono, dans la région de Ségou. De ce point de vue, CRI-2002 a réussi à faire bouger les lignes.
De leur côté, les autorités n’ont pas manqué de saisir la balle au rebond, puisque ce sont deux ministres, à savoir ceux de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation et de la Refondation de l’État Chargé des Relations avec les Institutions qui ont répondu favorablement à l’invitation.
Le Président CRI-2002, Contact National de Transparency International dit être libéré de ses appréhensions dès lors qu’on sort de la logique d’affrontement pour explorer d’autres voies permettant d’arriver à la même destination.
Le Président de la Plateforme d’action commune, Christian TRAORE fonde de l’espoir sur cet atelier : ‘’il permettra de donner l’opportunité aux cadres d’expérience de l’Administration du Territoire et des Collectivités de dégager des pistes de réflexion et de proposition dans le cadre de profondes réformes auxquelles la Transition devrait s’atteler, dans une totale inclusivité de toutes les forces vives de notre pays’’.
Pour sa part, le ministre de la Refondation de l’État Chargé des Relations avec les Institutions, Mohamed COULIBALY, a bâti ses propos sur le questionnement suivant : le patriotisme a-t-il encore un sens, lorsque l’argent, le gain à tout prix, fût-il mal acquis, est devenu le maître des consciences bousculent les règles de jeu, l’éthique, les valeurs essentielles ? Quel sens revêtent aujourd’hui des mots comme dignité, honnêteté, intégrité, sacrifice, don de soi ou loyauté ?
Pour le ministre, la refondation qui porte l’espoir de tout un peuple pour que les choses changent en sa faveur se fonde sur un nouveau paradigme : la légitimité et la vertu.
« Il nous faut des institutions qui soient des sécrétions de notre vécu et de nos valeurs sociales. C’est le service à rendre aux citoyens qui présage l’utilité sociale de l’État. La qualité de ce service a été mise en cause par les injustices, les abus, les brimades et même la désinvolture des puissants face aux faibles », a interpellé M. COULIBALY. Aussi, ajoute-t-il, l’aube nouvelle qui naît par la volonté du peuple devrait marquer « une rupture profonde des actes des serviteurs de l’État d’avec les pratiques anciennes, des mauvaises habitudes connues de tous, débouchant sur la mauvaise gestion arrimée au jeu des partis pris : népotisme, favoritisme… »
Si le ministre COULIBALY reconnaît la nécessité de mettre à l’abri de l’arbitraire, des tourmentes politiciennes les Administrateurs civils et tous agents et cadres de l’État, il n’en demeure pas moins qu’il martèle : « le changement attendu ne se produit pas par enchantement. Il doit être concerté, dans les limites du possible, du raisonnable. Qui ne sait pas que l’État ne peut tout faire ? Qui ne sait les difficultés qu’engendrent les déficits chroniques dont nous peinons à sortir ? »
Le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye MAIGA, président de séance, a fait remarquer le contexte marqué par une grève illimitée avant de rappeler que l’incidence est de 26 670 763 073 FCFA pour les 4 premiers points de revendication (l’octroi d’une prime de sujétion pour risques ; l’octroi aux Administrateurs civils, aux Membres du Corps préfectoral, aux Représentants de l’État d’une indemnité spéciale ; l’octroi aux Administrateurs civils et aux Membres du Corps préfectoral ne bénéficiant pas de logements mis à leur disposition par l’État d’une indemnité de résidence ; la majoration de la prime de fonction spéciale de 300% accordée au personnel des services chargés du ministère de l’Administration territoriale).
« À ce stade, poursuit le ministre MAIGA, il me paraît nécessaire de vous rappeler que 2012 notre pays traverse une crise multiforme qui perdure surtout sur le plan sécuritaire avec des effets négatifs sur l’activité économique accentuée par la maladie à Coronavirus… Cette situation est en train d’amenuiser les ressources à mobilier pour faire face aux missions de l’État…
Cependant, je voudrais vous assurer que malgré ce contexte difficile, le Gouvernement ne ménagera aucun effort dans le traitement des revendications syndicales… ».
Dans sa communication, le porte-parole de la Plateforme Ousmane Christian DIARRA précise : « les syndicats ne demandent pas tout l’argent tout de suite, mais des garanties pour nos militants », relativement aux 4 premiers points de revendications ; « ce sont les mêmes doléances qui sont réchauffées et jamais satisfaites, certaines depuis 20 ans » ; « aucun syndicat n’est dans le combat radical, nous sommes des néophytes en matière de grève, contrairement à d’autres ».
Le Président de CRI-2002, le Dr Abdoulaye SALL, a exposé sur ‘’ bâtir une nouvelle citoyenneté en rendant l’État aux citoyens’’.
À l’issue la JEP, les participants ont formulé des recommandations.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN