Le parti Convergence pour le développement du Mali (CODEM) qui avait pris ses distances avec le processus de rédaction de la nouvelle Constitution dit, dans un communiqué signé ce mardi 16 mai, prendre acte de la convocation du collège électoral pour le 18 juin prochain. Actualisant ses griefs contre le processus, la CODEM appelle les forces vives à constituer un ‘’front du non’’ pour s’opposer de façon légale au projet de nouvelle Constitution.
Membre de l’Appel du 20 février qui mène la mobilisation contre l’initiative, selon le parti CODEM, le pouvoir entend imposer à la nation une nouvelle constitution dont le processus est jugé inopportun, illégal, non transparent et non inclusif pour une frange très significative de nos compatriotes.
« En voulant organiser ce scrutin référendaire à cette date, les autorités de la Transition ont décidé volontairement de créer une nouvelle tension en ignorant les préoccupations majeures des populations maliennes, voire les défis auxquels elles sont confrontées », indique le communiqué signé par le secrétaire général de la CODEM, Alhassane Abba.
Tout en se campant sur sa position, la CODEM rappelle avoir toujours dénoncé cette procédure de réforme constitutionnelle, en raison notamment des nombreux griefs contre ce projet tout en relevant plusieurs vices de forme.
À l’image de plusieurs responsables politiques, ceux de la CODEM pensent que le projet pèche par la légitimité de son initiateur venu au pouvoir de manière non démocratique.
Outre cette plainte, la CODEM estime que l’AIGE qui est une innovation de la loi électorale avait été institutionnalisée sans la quasi-majorité de la classe politique. Pire, souligne la CODEM, l’opérationnalisation des différentes structures de l’AIGE est en violation de la loi électorale.
De même, il n’y a pas de fichier électoral à ce jour, a dénoncé Alhassane Abba.
Aussi, le contexte est inopportun, selon la CODEM dans son communiqué, où la vie est extrêmement chère, des grèves en cascade sur le front social, une situation économique très grave née du cumul des effets de l’embargo qui a duré six mois, des séquelles de la pandémie de la Covd-19 et de la guerre en Ukraine.
À cela, ajoute le document, l’insécurité grandissante dans presque toutes les régions, voire les environs immédiats de Bamako, la prolifération des groupes terroristes, notamment l’État islamique et le JNIM, les affrontements récurrents, d’une part, entre les groupes terroristes, et d’autre part entre ces derniers et les mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation ; l’expansion du terrorisme sur les zones de grandes productions agricoles avec la menace de famine en filigrane, entre autres.
Au nombre des griefs de la CODEM, figurent entre autres l’absence de consensus entre l’État et une partie des groupes armés signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation (APR) qui ne se reconnaissent pas dans le nouveau projet de constitution, estimant que certaines de leurs revendications contenues dans ledit accord n’ont pas été prises en compte et la divergence des religieux sur la «Laïcité».
« Le Parti CODEM appelle toutes les forces vives de la Nation à l’Union Sacrée pour constituer un ‘’front du non’’ afin de s’opposer de façon légale à ce projet de nouvelle constitution prévu pour le 18 juin prochain au Mali », souligne le communiqué.
De ce qui précède, tout porte à croire que ce référendum divisera les Maliens, analyse le parti avant de suggérer au Président de la transition d’obtenir de la classe politique ainsi que de la société civile un consensus pour une organisation régulière, transparente, démocratique et inclusive des élections en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin