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Redéploiement de Barkhane : comment le Niger compte s’y prendre

PLAN. Alors que le Niger s’apprête à devenir un point névralgique du futur dispositif de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, les débats s’intensifient dans l’opinion.

 

Si la décision d’un redéploiement de la force française Barkhane au Niger était attendue, les débats dans le pays et au-delà dans la sous-région n’en sont pas pour autant moins tendus. Le Niger va en effet accueillir de nouvelles implantations, notamment du groupement de forces spéciales européennes Takuba, à la suite du retrait des forces françaises et européennes du Mali. Le président Mohamed Bazoum l’a confirmé dans une interview au quotidien français Le Figaro, vendredi 18 février.

 

Une reconfiguration du dispositif dans la zone dite des trois frontières

Dans cet entretien paru au lendemain de l’annonce par la France et ses partenaires au sein de Takuba de leur « retrait coordonné », le chef de l’État nigérien estime que « leur départ va créer un vide qui sera rempli par les organisations terroristes déjà très présentes dans cette région » frontalière entre les deux pays. Il critique aussi vivement les autorités maliennes issues de deux putschs, en août 2020 et en mai 2021, dont la France et les pays européens participant à Takuba ont cité les « multiples obstructions » comme principal motif de leur retrait. « Il y aura de nouvelles implantations au Niger. Notre objectif est que notre frontière avec le Mali soit sécurisée. Nous prévoyons qu’après le départ de Barkhane et de Takuba, cette zone soit encore plus infestée et que les groupes terroristes se renforcent », a indiqué le président nigérien. Pour appuyer son propos, il a précisé que sous les colonels maliens, « la situation s’est considérablement dégradée. Depuis le coup d’État, tous les postes militaires à la frontière du Niger ont été désertés sous la pression terroriste. Il n’y a plus d’armée malienne à la frontière du Niger, une zone littéralement occupée par les terroristes ».

D’après les premières informations, les nouvelles bases seront non loin de Ménaka et de Gao, dans le nord-est du Mali. « Elles accueilleront surtout Takuba, car cela a de grands avantages pour nous. Ce sont des forces spéciales avec des capacités répondant à la menace posée par les organisations terroristes », a souligné le président Bazoum. « Takuba est aussi une force intégrée à l’armée malienne et bientôt à l’armée du Niger. Nous aurons un accord avec les gouvernements européens qui pourraient intervenir. Le concept de Barkhane est un peu différent », a-t-il poursuivi.

 

Le Niger va lancer un débat au Parlement

Depuis ces annonces, les débats sont très vifs au Niger, un pays déjà traversé par des questionnements sur la présence de forces militaires étrangères. Niamey abrite déjà la base projetée aérienne française, où se trouve l’ensemble des moyens aériens comme les Mirage et les drones. Pour de nombreuses voix qui s’élèvent, accepter de nouveaux soldats étrangers pourrait être un risque pour la stabilité du Niger et pour son dirigeant, seul civil récemment élu dans le Sahel, qui plus est lors d’une transition pacifique. Mais ce serait vite oublier que le pays, membre du G5 Sahel, joue un rôle stratégique plus important depuis qu’il a hérité du rôle de coordonnateur entre la France et les pays de la sous-région, à l’issue du sommet de Pau de janvier 2020. La conjoncture sous-régionale est également favorable à cette décision, puisque les voisins du Niger connaissent des situations politiques compliquées : deux putschs au Mali, la mort d’Idriss Déby au Tchad, et le coup d’État intervenu au Burkina Faso, fin janvier. Reste aux autorités nigériennes de convaincre l’opinion publique. Une bonne partie de celle-ci est très critique envers la présence militaire étrangère et française en particulier. Les manifestations antifrançaises de Kaya en septembre 2021 et celles, qui ont bloqué à Téra un convoi logistique de Barkhane en novembre, l’ont montré. Trois jeunes ont été tués lors de la confrontation entre le convoi français et la société civile. Le président Bazoum a exigé de la France une enquête, dont les résultats ne sont toujours pas connus.

Sans attendre, le chef de l’État nigérien a chargé son Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, d’organiser un débat suivi d’un vote sur cette question sensible de l’accueil de la force Barkhane sur le sol nigérien devant l’Assemblée nationale du Niger.

Source : Le Point Afrique

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