Après sa rencontre avec le Premier ministre, le samedi dernier, le Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID-Faso Yiriwaton) a, dans un communiqué signé par son président, Me Mountaga Tall, relaté ses observations et propositions sur le redécoupage territorial.
Dans son document, le parti dirigé par l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a pointé du doigt l’insuffisante préparation en amont des concertations qui touchent à la cohésion sociale, au développement économique, voire à la survie de notre nation.
Pour le CNID, la réception des documents officiels à quelques jours de l’ouverture des travaux ; un premier report déjà acté ; le manque de temps pour faire des concertations inclusives avec la participation de tous ; la difficulté de conduire de façon efficiente l’opérationnalisation du découpage administratif à son terme en moins de 6 mois (même 4 mois au regard de la date retenue pour les élections législatives), prouvent que les concertations régionales que chante le gouvernement n’ont pas été préparées en amont.
A ses dires, le gouvernement justifie sa décision par la mise en œuvre de l’Accord de Paix Issu du Processus d’Alger alors que l’Accord ne fait en effet ressortir nulle part l’exigence de démultiplier les collectivités ; ce qui, au demeurant, serait attentatoire à notre souveraineté.
Les concertations régionales devraient commencer à la base
A en croire le candidat malheureux du CNID à la présidentielle passée, les reformes proposées touchent en premier lieu les rattachements des villages et fractions aux communes et les rattachements de celles-ci aux cercles avant d’en arriver aux régions, étape finale. Donc, les concertations doivent, selon lui, commencer à la base, au niveau des villages. « On ne fait pas un immeuble de plusieurs niveaux sans soubassement et sans rez-de-chaussée », rappelle Me Mountaga Tall, avant de soutenir que : « L’étape des concertations régionales doit, dans ces conditions, être un moment de synthèse ».
Le parti CNID déplore aussi l’insuffisante prise en compte de plusieurs facteurs : démographique, sociologique, géographique (spatial), historique, linguistique, culturel, sécuritaire, voire religieux et ethnique, qui créeraient pas mal de problèmes.
Me Tall et le CNID s’inquiètent d’abord de la capacité de l’Etat à fournir les ressources financières, matérielles et humaines pour accompagner un tel projet. « Il est étonnant d’ailleurs que les ministères en charge de l’Aménagement du territoire et des Finances ne soient pas encore entendus sur un sujet qui les concerne au premier chef », martèle Mountaga Tall.
Le projet n’est pas équitable entre les communautés et entre les territoires
Le CNID Faso Yiriwaton a rappelé que le projet n’est pas équitable entre les communautés. « Cette iniquité est aujourd’hui fortement dénoncée par les populations des régions du Nord, des leaders politiques et associatifs soit en termes de protestations vigoureuses soit de propositions très éloignées de celles du Gouvernement », précise-t-il dans son communiqué.
Le CNID propose un dialogue politique inclusif
Pour le CNID, le Mali a plus que jamais besoin d’un dialogue politique inclusif. « Ce dialogue, inclusif par nature, doit être le socle sur lequel sera bâti toutes les réformes politiques, institutionnelles, constitutionnelles d’envergure et pour la mise en œuvre de l’Accord », écrivent les membres du bureau national du CNID dans leur communiqué. Ce dialogue doit, selon eux, être la première étape de la résolution de la crise postélectorale, du retour de la confiance et de la consolidation de la Paix.
Le CNID crache ses quatre vérités à la Cour constitutionnelle qui se dédit
A ce niveau, Me Tall, connu comme un avocat émérite, se trouve donc bien dans son élément lorsqu’il parle de la Cour constitutionnelle dont la crédibilité est fortement remise en cause : « Le revirement de jurisprudence de la Cour constitutionnelle en quelques semaines et sans élément nouveau a fini de saper la crédibilité de cette institution dans sa composition actuelle », dit-il haut et fort.
A entendre le CNID, la prorogation du mandat des députés pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. Quant à l’avis de la Cour constitutionnelle, si elle est appliquée, elle va sans nul doute entrainer des violations des normes constitutionnelles et légales en cascade, selon Me Tall et ses militants. Le président du CNID n’en décolère pas et affirme que la Loi organique qu’elle « impose ex nihilo comme si elle pouvait modifier la Constitution au lieu de l’appliquer », viole la constitution du Mali. « Pour nous, il n’est pas possible d’épuiser tous les débats et réformes préalables aux élections prévues dans moins de six (6) mois », laisse-t-il entendre.
Face à toutes ces insuffisances, le CNID -FYT demande le report des concertations régionales de novembre 2018 pour une meilleure préparation et une inclusivité totale.
Parlant des réformes, le parti de Mountaga estime qu’il faut régler la question du système électoral du Mali.
Boureima Guindo
Source: Le Pays