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LA FÉMINITUDE : MUSOYA DE FOUSSENI TOGOLA Un ouvrage de combat pour les femmes

L’histoire de la philosophie malienne vient de s’enrichir davantage à travers la publication de l’ouvrage FEMINITUDE : MUSOYA du jeune journaliste et blogueur, Fousseni Togola. L’ouvrage dépeint les violences faites aux femmes dans nos sociétés. Publié chez Innov Éditions, cet ouvrage de 60 pages est écrit dans un langage accessible à tous parce que partant sur la base du quotidien des femmes dans beaucoup de nos localités, notamment les zones rurales. Lisez l’entretien que l’auteur a bien voulu nous accorder !

Le Pays : Qui est Fousseni TOGOLA ?

Fousseni TOGOLA : Je suis natif de Fana, dans la région de Koulikoro, cercle de Dioïla. Je suis détenteur d’une Maîtrise en Philosophie obtenue à la Faculté des Sciences Humaines et des Sciences de l’Éducation (FSHSE) de Bamako. Mon dernier diplôme obtenu constitue le Master, acquis à l’École Normale supérieure (ENSup) de Bamako. Je suis présentement Professeur de philosophie, Rédacteur en chef adjoint du quotidien « Le Pays ». Outre cela, je suis blogueur, membre de la communauté des blogueurs du Mali (DONIBLOG), contributeur à la Plateforme de blogging malienne, Benbere. Enfin, je suis écrivain et pair éducateur en santé de la reproduction.

Vous êtes un jeune écrivain, avez-vous rencontré des difficultés dans cette aventure littéraire ?

Aucun travail n’existe sans des difficultés. J’en ai rencontré en pagaille. La première difficulté que j’ai rencontrée a été de trouver une maison d’édition. Vous savez, quand j’ai commencé à écrire, j’ai passé des années en train de sillonner les maisons d’édition. Je dépose le manuscrit imprimé auprès des comités de lecture, mais sans entendre aucune suite, jusqu’à ce que je fasse la découverte de KDP Amazon, à travers une vidéo sur YouTube. Ce problème une fois résolu, je me trouve confronté au problème d’atteinte de mon lectorat. Vu que la plupart de mes ouvrages sont publiés à l’étranger, les prix restent exorbitants pour mes lecteurs potentiels. Cela constitue pour moi un grand obstacle que je n’arrivais pas encore à surmonter jusqu’à ce que je rencontre Innov Éditions chez qui je viens d’être édité.

Pourquoi ce titre FÉMINITUDE ?

Le choix de ce titre n’a pas été facile tout comme son écriture. Néanmoins, il convient tout d’abord de comprendre qu’en parlant de féminitude, on fait référence à la féministe, philosophe, Simone de Beauvoir. Le concept est sa propriété. Je le lui emprunte pour en faire à mon tour une arme de combat revendiquant la reconnaissance des droits des femmes, à travers notamment le bannissement des violences faites aux femmes de par leur sexe. À travers ce titre, j’évoque l’identité des femmes et celle de l’homme avant d’aboutir à un besoin de complémentarité entre ces deux êtres qui constituent les deux faces d’une même monnaie.

Vous parlez de « réductionnisme comme maladie philosophique », qu’entendez-vous par là ?

Par réductionnisme, j’entends les considérations négationnistes des femmes. Celles-ci reçoivent toutes les dénominations péjoratives comme le « sexe faible », le « mal », les « moins-que-rien », etc. Toutes ces considérations réduisent la femme, voire la chosifie. Or, même si elle est un mal, ce serait un mal nécessaire.

Pouvons-nous connaitre les raisons qui vous ont amené à écrire ce livre ?

Les conditions des femmes dans la plupart des sociétés maliennes. C’est celles-ci qui m’ont largement influencé. Il faut également reconnaitre que ce livre relève du vécu de ma propre mère. Les souffrances qu’elle a endurées de par son statut de « sexe faible » ont laissé des traces indélébiles dans mon cœur et m’ont ainsi donné à penser afin d’envisager un jour meilleur pour les femmes du monde entier. Dans le livre, les lecteurs découvriront la petite histoire d’Aminata. Une histoire qui ne relève nullement de l’imaginaire, mais d’un vécu quotidien.

Justement, en évoquant les souffrances de votre mère, cette histoire d’Aminata ne ferait-elle pas référence en quelque sorte à elle ?

En partie. Comme je l’ai dit, c’est une histoire réelle qui fait état des souffrances qu’endurent moult femmes dans nos coins de brousse une fois en état de grossesse. Beaucoup sont celles qui en meurent. Témoins de ces actes de violence plusieurs fois, j’ai été choqué dans ma moralité parce que je me suis tout juste dit que ces problèmes relèvent du fait qu’on sous-estime les femmes en les déclassant du statut d’humanité. La lecture de cette petite histoire ne peut laisser personne indifférent.

Que pouvez-vous donner comme conseil à ceux qui voudront écrire comme toi ?

De lire. Pour écrire, il te faut au préalable avoir énormément lu. L’écrivain est comme l’enseignant qui, pour dispenser un cours, doit avoir le maximum d’informations afin de donner le nécessaire à ses élèves. Outre la lecture de tous les bouquins importants, il faut l’échange. C’est à travers le dialogue avec autrui que nous résorbons certains points d’obscurité en nous. Ces échanges sont surtout plus fructueux au moment des relectures. Cette étape est énormément importante. Il n’est pas à négliger pour rien au monde. Enfin, le choix de la maison d’édition est important pour ne pas se voir décourager en cours de route.

Votre dernier mot ?

Je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de me prononcer sur mon livre. Je ne pourrai clore cet entretien sans adresser mes chaleureux remerciements à Boubacar Yalkoué, directeur et fondateur du Journal Le Pays, grâce à l’appui de qui ce projet a pu voir le jour. Je n’oublierai pas Mamadou Coulibaly, Professeur de philosophie ainsi que Dr Françoise Diarra, également Professeur de philosophie à l’École Normale Supérieure (ENSup) de Bamako pour leurs relectures et conseils. Enfin, mes pensées vont également à l’endroit d’Innov Éditions, maison d’édition au service de la jeunesse.

Propos recueillis par

Boureima GUINDO

Source: Le Pays

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