Incontestable épine dorsale des différents régimes qui se sont succédé à la tête du Mali depuis plus de vingt ans, la constitution de février 1992 taxée diachronique semble pourtant aller à la majorité du peuple comme un gant.
Sujette, en effet, à plusieurs tentatives de révision avouées et inavouées sous les trois derniers régimes démocratiquement élus, notre texte fondamental trentenaire est cette fois totalement désuet aux yeux de la Transition en cours au point que la rédaction d’une toute nouvelle est d’une nécessité juste incontournable. À se demander si le terrain a été bien tâté par la Transition du très adulé colonel président à qui le récent passage convulsif de la loi électorale (avec 92 amendements et une adoption par 115 voix) devrait pourtant mettre la puce à l’oreille quant à la tournure chaotique que pourrait prendre l’élaboration aux forceps d’une nouvelle constitution à laquelle la tumultueuse et inquiétante conjoncture actuelle ne paraît point favorable.
Et pour cause, en plus de l’obstacle majeur que constitue le défaut du dispositif légal de rédaction d’une nouvelle constitution non prévue par celle en vigueur, de grandes suspicions et d’énormes dissensions sociopolitiques font que la démarche pourrait être perçue par d’aucuns comme une manœuvre et un expédient grotesque pour se maintenir au pouvoir et par d’autres comme une voie ouverte à l’application intégrale du très controversé accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Par ailleurs, en se remémorant les tiraillements entre l’opposition et la majorité présidentielle mais également la flopée de plateformes créées en 2017, lors de la tentative de révision constitutionnelle par le régime IBK, on est pour le moins tenté de s’interroger si un tel scénario, dans le contexte actuel, ne serait pas un tourbillon susceptible d’emporter la Transition du colonel Assimi Goita dont les discours va-t-en-guerre s’estompent face aux réalités du terrain qui ne font pas de quartier.
En dépit de la grande popularité du colonel chef d’Etat, pr ailleurs, le projet de rédaction d’une nouvelle constitution n’annonce qu’une suite des plus tumultueuses au regard des altercations verbales entre les plus éminents juristes du pays sur cette délicate question.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin