Le langage militaire n’est pas le parler, mais bien l’action surtout la bonne devant aboutir au résultat escompté. Avant cette phase, quand on hérite d’une armée comme la nôtre, au sein de laquelle tout est presqu’à refaire, il faut un long temps d’observation sur le processus global avant d’y bondir. Comme pour dire que la solution n’est pas au bout de la spontanéité, mais et surtout qu’elle résultera d’un sens élevé dans l’évaluation et se projeter dans un futur qui ne peut et ne doit nullement être incertain. Comme pour dire, le Mali n’a plus droit à l’erreur.
C’est l’énorme défi que l’actuel ministre de la Défense et des Anciens Combattants, N’Ba Dao doit remporter. Déjà de sa prise de fonction à nos jours, c’est un silence de mort que le monde tout entier observe de sa part. Une qualité ou un défaut ? L’acte le place au contraire de celui qu’il a précédé ou même de ceux qui ont géré cette boite, colonne vertébrale d’une République, qui mérite un diagnostic complet en vue de la rendre une fierté nationale. Sous équipée, mal formée, corruption, injustice dans les recrutements et au bout du tunnel l’Etat malien a hérité d’une armée complètement détruite et sur laquelle il pensait avec fermeté pour ne pas voir sa dignité trimbalée dans les rues du monde entier face à une menace qu’elle, qu’elle soit. D’année en année, pendant deux décennies, nous nous drainons vers le pire. Une armée incapable de remplir sa mission régalienne et dont les évènements du nord du Mali l’ont rendu phobique. Moral ? Il n’en existe pas. C’est la peur ! Et nos militaires, nombreux sont-ils, ne veulent plus entendre parler de guerre au nord ou de défense nationale ; cela suite à deux répliques tactiques ou stratégiques devant un ennemi ou des ennemis qui ne voient en cette armée qu’une semelle de chaussure.
Mais la seule raison fondamentale dans cette dérive inexplicable et impardonnable est la totale gestion de cette boite par les politiques. Un milieu où il n’y a pas de secret ; un milieu où il faut obligatoirement corrompre pour devenir célèbre et qui a fini par transmettre son virus du mal à l’armée malienne. Rien n’est plus à cacher. Même les secrets de défense qui résultent de la sureté nationale. Du ministre (Défense) aux généraux en passant par les militaires de rangs, tout le monde dévoile à ses proches, civiles, ce qui se passe au sein de l’armée malienne. Les évènements de Kidal ou du nord du Mali peuvent passer en témoin.
C’est de ça qu’il s’agit. Comment en finir avec cette mauvaise pratique qui a rendu cette armée, si sollicitée dans la sous-région, méconnaissable et la mettre dans une position de faire subir et non et plus jamais de subir ?
Le nouveau patron de la Défense détiendrait peut être la solution, avec son travail dans le silence. Un silence qui cache la nouvelle stratégie dont le ministre a jugé nécessaire de partager avec le Syndicat des Jeunes Reporters (SYJOR) dont une délégation est passée le présenter le Bureau, le mardi dernier à son service.
Des remerciements mais aussi des conseils quant aux traitements de l’information concernant l’armée malienne surtout en cette période de crise où la manière d’évoquer un problème peu envenimer davantage la situation. Mais il revient plus important, dans l’analyse du ministre, d’être accompagné par la presse. Une mission qui nécessite la formation des spécialistes journalistes en Défense. Pour la simple raison de les habituer à parler et écrire en langage militaire, qui exige aussi de la part du journaliste à couvrir sa source jusqu’au cinquième étage, comme nous le confiait l’autre.
Le ministre se veut discret afin d’analyser la situation dans son ensemble avant de passer aux faits concrets. Des concrets qui passeront par l’action et non la parole qui a toujours comme support des promesses. Or ce qui est important à souligner, toute promesse n’est pas réalisable. Le mieux serait de laisser parler les actes en eux-mêmes et donner le temps au peuple de les juger.
Le ministre est à cette phase. Bientôt, il passera à l’action.
Le seul défi qu’il a en face de sa responsabilité, c’est la réussite. Il est un militaire à la retraite donc, loin s’en faut, il n’est pas là pour des grades. Mais il doit mettre à la cime son patriotisme. S’il a démissionné deux fois, dans l’histoire, pour des raisons de non liberté dans l’exercice de ses fonctions, il a cette fois-ci les mains libres. C’est à lui de montrer aux maliens et au monde entier ce qu’il peut toujours donner à son peuple au-delà de sa personne.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays