Actuellement au Mali, ce qui plus courant dans les discours, c’est sans nul doute l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Un accord -considéré par la communauté internationale comme la panacée à la crise du vivre-ensemble qui sévit au Mali depuis 1960 –qui a été signé les 15 mai et 20 juin 2015 au Centre international de conférence de Bamako (CICB).
C’est donc un accord qui doit normalement aboutir au pardon des uns et des autres en toute vérité, en toute justice pour une réconciliation nationale. En la matière, il s’agit d’un pardon venant du tréfonds de chacun de nous Maliens. Et le chef d’orchestre de cette campagne de réconciliation nationale reste le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. C’est donc lui qui doit donner l’exemple en rassemblant tous les Maliens autour de ce projet.
Est-ce le cas actuellement ? Malheureusement non ! Il faut dire que dès l’entame de son mandat, le président IBK a porté un coup à la réconciliation des cœurs au Mali quand le 4 septembre 2013, il a osé qualifier de ‘’grand républicain’’ l’ennemi juré des démocrates maliens, le général Moussa Traoré, qui participait fièrement à son investiture au CICB, alors que le chantre de la démocratie, Alpha Oumar Konaré, premier président de la troisième République, que lui-même IBK a servi pendant 6 ans à la Primature, était le grand absent. Pourquoi ? Allez savoir.
Plusieurs observateurs de la vie politique au Mali ont même conclu que ce qualificatif flatteur de ‘’grand républicain’’ peut-être un pied de nez à Alpha Oumar Konaré, lequel n’a pas daigné se présenter à un rendez-vous où il y avait Moussa Traoré et Dioncounda Traoré. D’autres, plus apaisants avaient justifié l’absence d’Alpha Oumar Konaré le 4 septembre 2013 au CICB au fait qu’il était en mission de l’Union africaine en Egypte. Mais apparemment cette mission se poursuit toujours puisque jusque-là, Alpha ne s’est jamais affiché aux côtés d’IBK.
Et c’est IBK lui-même qui a fini par lâcher le morceau lors d’un évènement du Haut conseil islamique au CICB quand il a fait savoir que ses rapports avec son ancien mentor sont des plus difficiles. Oui, Alpha et IBK ne se sont pas réconciliés pour donner l’exemple aux autres Maliens. Depuis l’avènement d’IBK au pouvoir, aucune apparition de l’ex-président dans une cérémonie même quand c’est de l’avenir du Mali qu’il s’agit. Les Maliens ont encore le souvenir vivace de la pertinente remarque faite par le président Guinéen, Alpha Condé, le 15 mai dernier au CICB quand il disait qu’ATT et Alpha devraient normalement être présents à cette cérémonie de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali.
Pourtant Alpha en quittant le pouvoir disait qu’il allait être un ancien président, mais pas un ancien militant. D’ailleurs, c’est dans cette logique qu’Alpha et son successeur, ATT, se concertaient sur les grandes décisions de la vie de la nation de 2002 à 2012.
Mais pourquoi ce n’est pas le cas avec IBK ? Pour certains, la réponse est simple : Alpha n’aime pas IBK et ne voulait pas de lui président du Mali, en témoigne la manière dont il a fauché l’herbe sous ses pieds à l’Adéma/PASJ. Bon nombre d’analystes politiques pensent même que cette amitié par défaut que le président IBK entretient avec le général Moussa Traoré (qui est de plus en plus présent dans la vie de la République) vise à combler cette bouderie d’Alpha Oumar Konaré.
Moussa Traoré étant l’ennemi des démocrates, en première ligne Alpha, IBK a opté pour ‘’l’ennemi de mon ennemi devient mon ami’’…et voilà comment est venue cette amitié aux forceps entre IBK et l’ex-dictateur. Certains pensent que c’est aussi cela le principe entre le même IBK et son prédécesseur, Amadou Toumani Touré (ATT) : l’ami de mon ennemi est aussi mon ennemi….et voilà pourquoi l’actuel président voue une haine poussée pour ATT, actuellement en exil à Dakar. On dit que c’est la raison pour laquelle IBK tient à trouver coûte que coûte des poux sur le crâne déjà rasé d’ATT par rapport à la crise sécuritaire que le Mali vit depuis 2012.
Au finish la situation se présente comme suite : Alpha et ATT sont ensemble contre le duo IBK-Moussa Traoré. Entre ces deux courants se trouve égaré le président de la transition, Dioncounda Traoré. Mais on le sait, ce dernier est plus poche du camp ATT-Alpha parce qu’ayant du mal à s’accommoder avec celui dont il continue de garder le funeste souvenir de son règne.
C’est çà l’exemple de la réconciliation nationale au Mali que nous servent nos icônes. Et en la matière, bien malin qui pourra nous convaincre qu’IBK réussira à réconcilier tous les Maliens.