Les ambitions d’Evgueni Prigojine ont-elles sonné la fin des activités de Wagner en Afrique. Il est encore trop tôt pour le dire mais un nombre indéterminé de mercenaires du groupe paramilitaire russe quittait la Centrafrique ces derniers jours, selon plusieurs sources étrangères. Une information fermement démentie par le gouvernement centrafricain. Alors que le groupe paramilitaire privé opère depuis quelques années en Afrique, le statut de la société et de son chef Evgueni Prigojine est plus incertain que jamais depuis sa mutinerie avortée en Russie les 23 et 24 juin. L’opération a conduit les mercenaires jusqu’à quelques centaines de kilomètres de Moscou avant qu’ils ne renoncent, aux termes d’un accord avec le président russe Vladimir Poutine dont les détails sont inconnus. Mais ses interventions à l’étranger, en particulier en Syrie et dans plusieurs pays africains (Soudan, Centrafrique, Mali notamment) n’ont jusqu’à présent pas été publiquement remises en cause par Moscou
. Dès l’annonce de la fin de la mutinerie, le gouvernement centrafricain avait même affirmé que les activités de Wagner allaient « continuer ». « La Russie a sous-traité avec Wagner, si la Russie n’est plus d’accord avec Wagner alors elle nous enverra un nouveau contingent », avait déclaré Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, après la rébellion avortée de Prigojine, . Pour rappel, selon plusieurs enquêtes, Wagner proposerait ses services de milice à plusieurs gouvernements africains en échange de contrats d’exploitation de ressources, minières notamment. Des avions auraient décollé de Centrafrique Plusieurs sources font pourtant état de mouvements. « Il y a du départ dans l’air. Ils réduisent la voilure. C’est probablement un mélange des difficultés actuelles de Wagner et du carnet de chèques du président Touadéra qui est limité », a indiqué une source française proche du dossier. « On a des mouvements d’avion, des postes qui ont été quittés. Je n’ai pas de listings à l’unité mais on a vu passer des listes d’avions qui ont décollé, des Iliouchine-76 » (un avion russe de transport de troupes), a confirmé une source sécuritaire étrangère. Ce type d’appareil est régulièrement utilisé depuis 2018 pour transporter les hommes de Wagner à destination et en provenance de Bangui (la capitale centrafricaine) pour les rotations d’effectifs. « Ce qui circule est plutôt fondé », a ajouté la même source étrangère. « On regarde aussi ce qui se passe au Mali mais à ce stade, on ne voit rien ». Une source sécuritaire française a pour sa part justifié le mouvement par de « grosses incertitudes sur le paiement des salaires dans les mois à venir et des inquiétudes quant à de possibles représailles sur les familles de mercenaires qui resteraient chez Wagner ». Selon elle, ces derniers se verraient proposer le choix entre un retour à la vie civile, l’engagement dans l’armée russe ou un enrôlement dans d’autres sociétés privées russes. Fidèle Gouandjika a démenti ces informations ce vendredi. « Il n’y a pas de départ de troupes russes de République centrafricaine vers un pays étranger, ils sont tous là sur le territoire et ce que disent ces médias ne sont que des allégations mensongères », a-t-il balayé.
Source: leparisien